Rencontre – Varun Bhowany de La Clinique des Chaussures : Le cordonnier de la nouvelle ère

Dans son modeste atelier de Grand-Baie, le jeune entrepreneur incarne la persévérance et l’amour d’une expertise qui tend à disparaître sous les semonces du développement et du consumérisme. Ses mains habiles, mimiquant celles de son père, redonnent vie à des chaussures, tout en défiant l’obsolescence d’un métier négligé.

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Ses mains agiles, reflet du labeur quotidien, manient avec précision les outils disposés sur sa table de travail. À La Clinique des Chaussures, Varun Bhowany, 25 ans, déploie une grande habileté pour requinquer des chaussures usées ou endommagées, selon les techniques d’un autre temps que lui a léguées son père. Empreint d’histoires et de traditions, son atelier, aménagé à Grand-Baie, redonne vie à des effets généralement destinés à la poubelle.

Le jeune cordonnier le concède : son métier artisanal perd en considération de nos jours, surtout auprès des jeunes. Qu’importe, la passion pour cet art demeure vive en lui. Varun Bhowany a embrassé cette vocation à l’âge de 19 ans. Après avoir arrêté l’école en Grade 10, il voulait goûter au monde du travail. Ses premiers pas dans l’atelier de son père, à Goodlands, ont constitué une initiation au maniement des outils, procédé qui se transmet de génération en génération. « J’ai débuté dans l’atelier de mon père, car je savais que j’aurais un grand avenir dans ce domaine », dit-il fièrement. Son père, sa source d’inspiration, lui a par la suite offert un petit espace à Grand-Baie – un lieu où il pourrait à son tour bâtir son avenir.

Les bases acquises dans l’atelier familial s’y transposent désormais. La Clinique des Chaussures est un véritable sanctuaire dédié à la restauration des chaussures. L’effluve du cuir s’impose dès le pas de la porte franchi. Les étagères, elles, regorgent de chaussures et de sacs usés par le temps.

Sur la table de travail, des peaux de différentes textures, des outils méticuleusement disposés, dont des marteaux. Le cordonnier, tel un artiste, les manipule avec dextérité. Tout comme sa machine à coudre, discrètement placée à l’arrière de la pièce, et indispensable à son art.

Chaque chaussure qu’il répare et chaque semelle qu’il remplace charrie le fruit de cette passion transgénérationnelle. Dans des gestes méticuleux, il navigue entre les techniques apprises et sa propre créativité pour créer des ouvrages originaux. Les étagères pleines témoignent de son savoir-faire. Car, progressant au rythme de son ambition, il a élargi son horizon au-delà des chaussures pour façonner des sacs, des valises et même des casques de motocyclette.

L’amour du métier

« Bann zenn zordi zour pa le fer sa travay-la », déplore-t-il. Seul à la besogne, mais déterminé, Varun Bhowany s’est lancé dans cette splendide aventure armé de ses compétences et de sa positivité. Laquelle est traduite par son visage illuminé d’un sourire chaleureux, qui renforce quelque peu ce sentiment que son atelier constitue un théâtre de sa riche expression artistique. « Par manque de main-d’œuvre, compléter chaque tâche à temps devient un défi. Les chaussures s’entassent, tandis que certains clients font souvent preuve d’impatience », regrette-t-il.

Le jeune cordonnier a fait preuve de résilience face à la pandémie de Covid-19. La situation n’a pas toujours été en sa faveur; son travail s’est subitement interrompu en raison du manque de matériel adéquat. Il a dès lors dû trouver refuge dans le télétravail. Toutefois, cela n’a nullement entamé sa détermination à considérer les choses d’une façon positive.

Porté par une détermination inébranlable et les encouragements de sa famille, il envisage un avenir où son savoir-faire et sa créativité s’épanouiront dans un plus prestigieux atelier. « Mo mari kontan mo travay », dit-il dignement.

Dans ce petit espace aménagé dans le Nord de l’île, de grands rêves portent le jeune cordonnier. Hormis de  raccommoder convenablement les chaussures, Varun Bhowany s’assure d’insérer suffisamment d’amour et de passion dans son entreprise pour générer un sourire chez ses clients. Gage ainsi du travail bien fait. En effet, l’atelier du cordonnier constitue également un lieu de rencontres. Tous y partageant histoires et anecdotes en confiant leurs chaussures, sacs ou casques de moto usés avec assurance.

Varun Bhowany incarne une voix porteuse d’espoir envers la nouvelle génération, interpellant les jeunes à redécouvrir la beauté et la richesse des métiers d’antan. « J’encourage les jeunes de nos jours à prendre en compte l’importance de ce métier », convie-t-il, convaincu de l’importance de l’artisanat malgré les développements technologiques. Raison pour laquelle il aimerait partager avec enthousiasme ses compétences avec les potentiels intéressés.

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