Si beaucoup sont contents de voir cette nouvelle année commencer, d’autres l’appréhendent. En cette période, les magasins d’uniformes, de manuels et de fournitures scolaires sont habituellement remplis à craquer, mais cette année, il n’y a pas âme qui vive. À deux semaines de la rentrée scolaire, qui se fera en distanciel, devant un écran d’ordinateur, les gérants de magasins font grise mine.
Du jamais vu. Un 31 décembre, il n’y a pas de railing, soit de file d’attente devant les magasins de fournitures scolaires, et les enfants, qui ont pour habitude d’accompagner leurs parents qui profitent des grandes vacances pour sortir dans la capitale, sont visiblement restés à la maison. Avec la pandémie, la crise sanitaire et économique, les choses vont de mal en pis pour tout le secteur éducatif. Et depuis l’annonce de la ministre de l’Éducation concernant la reprise des classes le 10 janvier en distanciel, ce ne sont pas que les étudiants et les parents qui ont été pris de court, mais aussi toute cette industrie qui gravite autour des écoles, comprenant magasins d’uniformes, de fournitures et de manuels scolaires. Déjà en 2019, les librairies battaient de l’aile, après la décision du ministère de l’Éducation de distribuer les manuels scolaires dans les écoles pour les grades 7, 8 et 9.
« Cela fait 50 ans que nous existons et jamais nous n’avons vécu une telle chose! C’est un mois de décembre catastrophique! », nous dit Ravi Venkatasamy du magasin Bonkoutir Uniforms, spécialisé en uniformes scolaires ainsi qu’en équipements scolaires depuis 1968. Sis à Flacq et à Curepipe, il nous confie qu’il y a « zéro client, alors que d’habitude, les gens viennent faire la queue devant nos magasins depuis le 20 décembre. » Une situation inédite pour ces commerçants qui ne cachent pas leur découragement. « On a dû fermer nos magasins les 24 et 25 pour rouvrir le 26. Nos employés ne font même pas des heures supplémentaires, car il n’y a pas de clients. Et pour nous, cela est difficile, car nous devons honorer nos engagements en tant qu’employeurs », dit Ravi Venkatasamy.
C’est aussi le cas pour les gérants des magasins Jinchi à Port-Louis. Vendredi, il n’y avait pas une seule personne dans le magasin. « Il n’y a pas de client et cela représente un gros manque à gagner pour nous », dit une des gérantes du magasin.
« Nous avons péniblement fait les salaires de nos employés et nous ne savons pas pendant combien de temps cela va durer », dit-elle. « Nous ne savons pas quand les affaires reprendront et les parents aussi ne savent pas quand l’école reprendra », ajoute-t-elle. Comme elle et Ravi Venkatasamy, tous ceux impliqués dans la fourniture d’uniformes et de matériels scolaires sont ainsi dans le flou. « Nous ne savons pas quand les étudiants retourneront à l’école, car rien n’est sûr. J’ai moi-même des enfants à la maison et je vois que rester une journée devant un écran d’ordinateur n’est pas bon pour leur santé. À Maurice, l’on ne s’est pas encore habitué à ce nouveau système comme à l’étranger. Je pense sincèrement que l’école aurait dû reprendre en février », soutient Ravi Venkatasamy.
Pour rappel, la rentrée scolaire pour le 3e trimestre se fera en ligne, pour tous les grades sans exception, le 10 janvier, et ce, jusqu’au 31 janvier. Les cours en présentiel reprennent le 2 février pour les Grade 9, Grade 9+, Grade 11 et Grade 13. Les autres classes continueront leurs cours en ligne. Pour ce qui est des examens, soit des Modular Assessments prévus pour fin janvier, ils ont été renvoyés au mois d’avril. Quant aux examens du School Certificate et du Higher School Certificate, tout porte à croire que, comme l’an dernier, ils auront lieu en juin, soit des June Series Exams. Pour les examens locaux, soit le PSAC et le NCE, il y a eu allègement du curriculum pour ne pas pénaliser les élèves.