Réveillon : Un repas de fête sous le signe de la modération

À quelques jours du réveillon, l’ambiance dans les supermarchés de l’île est bien différente de celle des années précédentes. Cette année, pas de très grosse affluence ni de longues files d’attente interminables. Les parkings sont certes remplis, mais les chariots, eux, semblent à moitié vides. Une situation qui s’explique en grande partie par la hausse généralisée du coût de la vie, mais aussi par le fait que Noël est déjà passé et que le bonus de fin d’année a, pour beaucoup, été entièrement dépensé.
De nombreux consommateurs auront ainsi choisi d’attendre les derniers jours avant le réveillon pour effectuer leurs emplettes, privilégiant l’essentiel plutôt que l’excès. Les Mauriciens continuent donc de consommer, mais avec davantage de retenue, loin des habitudes d’avant la période Covid. Sur le terrain, le constat est clair. « Comme pour Noël, je n’ai acheté que ce dont j’avais vraiment besoin. Les prix sont trop élevés cette année, je ne peux pas me permettre de faire des folies », confie Philippe rencontré dans un supermarché du sud de l’île. Un témoignage qui reflète l’état d’esprit général des ménages, contraints d’adapter leurs traditions festives à leur budget.
Pour le repas du réveillon, beaucoup misent sur un menu classique. Le poulet rôti reste la pièce maîtresse de nombreuses tables, avec des prix à partir de Rs 130 les 500g, selon la taille et la provenance. Les accompagnements, qu’il s’agisse de petits légumes frais ou surgelés, coûtent entre Rs 200 et Rs 300. Côté boissons, la bouteille de boisson gazeuse se vend dans la fourchette de Rs 70 et Rs 105, une hausse notable par rapport aux années précédentes. Les produits sucrés ne sont pas épargnés avec le chocolat qui a pris « l’ascenseur », tout comme les glaces destinées aux desserts et qui se vendent à Rs 200 à monter.
Par ailleurs, nombreux sont ceux qui ont choisi de célébrer la Saint-Sylvestre et les premiers jours de la nouvelle année en recevant famille et amis à domicile. Le barbecue s’impose alors comme une option conviviale, mais loin d’être bon marché. « Pour cinq personnes, et afin de proposer un repas correct qui rassasie tout le monde, il faut aujourd’hui prévoir un budget d’au moins Rs 4 000 », explique Philippe, qui accueillera ses proches le 1er janvier 2026. Un montant qui inclut principalement les viandes, dont les prix ont fortement augmenté ces derniers mois, ainsi que les accompagnements, les boissons et le charbon. Une dépense conséquente pour de nombreux ménages, qui doivent désormais arbitrer entre tradition festive et contraintes budgétaires, dans un contexte où l’inflation continue de peser sur le pouvoir d’achat.
Autre tendance notable : un retour aux sources en matière de boissons alcoolisées à consommer, précisons-le, avec modération. Le rhum semble avoir de nouveau la cote auprès des consommateurs. Selon une source bien informée dans le domaine, les ventes de rhum ont, semble-t-il, augmenté, probablement en raison de son meilleur rapport qualité-prix.
Par ailleurs, nombreux sont nos compatriotes qui observeront le jeûne en ce début d’année. Profitant des derniers jours précédant cette période, beaucoup se rendent au marché pour faire leurs provisions. C’est le cas d’Anarouby, qui a choisi d’acheter à l’avance une grande quantité de légumes qu’elle conservera au réfrigérateur. « Je préfère tout prendre maintenant. Les légumes se gardent très bien et cela m’évite de courir après pendant le jeûne », explique-t-elle. Le 1er janvier sera ainsi consacré au jeûne, avant d’accueillir proches et famille dès le 2 janvier. « Je vais recevoir à la maison et préparer de bons petits plats », confie-t-elle.
Concernant la fatigue occasionnée par les préparatifs, Anarouby reconnaît qu’il s’agit d’un sacrifice qu’elle accepte volontiers, sans jamais se plaindre, malgré les nombreuses tentatives de ses enfants pour la persuader de recourir à un service-traiteur. « Cela n’arrive qu’une fois par an et c’est un immense plaisir pour moi. Mes enfants et mes petits-enfants viennent nous voir et nous partageons un repas ensemble. Même si, avec l’âge, j’ai un peu perdu de la vitesse, j’éprouve toujours autant de bonheur à cuisiner un bon ti manze lakaz pour eux », dit-elle, le sourire aux lèvres.
Malgré les contraintes financières, les Mauriciens s’efforceront, le soir du réveillon, de mettre les petits plats dans les grands, chacun à sa façon. Même en période de vie chère, le réveillon reste un moment de convivialité et de plaisir, où l’essentiel est de se retrouver ensemble autour d’une table, même modeste. En cette période de fêtes, nous pensons également aux personnes vulnérables et aux familles qui traversent un deuil.

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