Formation à Rivière-Noire : l’autosuffisance alimentaire pour combattre la misère

La Commission diocésaine du tourisme a organisé une séance sur le thème « En marche vers l’autosuffisance », mercredi dernier, à l’église Saint-Augustin, à Rivière-Noire. Cette formation concernait les employés dans le secteur touristique qui habitent la région ouest (de Bambous à Case-Noyale), qui sont en difficulté et pourraient trouver un moyen de promouvoir l’autosuffisance en matière de légumes.

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La première formation comprend les bases pour apprendre à planter chez soi. « En cette période de COVID-19, la Commission diocésaine du tourisme veut offrir la possibilité à quelques familles de développer une passion pour la terre et de s’adonner à l’élevage domestique afin d’atteindre une certaine autosuffisance », dira Jennifer Constantin, coordonnatrice de la Commission diocésaine du tourisme (CDT). Cette séance a été animée par Éric Mangar, agronome et directeur du Mouvement Autosuffisance Alimentaire. Il a été soutenu par Jean-Claude Sevathian, botaniste et formateur en horticulture et le Caritas de Rivière-Noire qui a mobilisé les habitants de la région.

Éric Mangar a commenté d’abord la nécessité d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et de promouvoir la consommation locale. « Le confinement dû à la COVID-19 a convaincu la population mauricienne de l’importance de cultiver son potager à domicile et qu’il n’y a pas lieu d’avoir un grand espace pour le faire. Il y a des leçons à tirer. La menace que fait planer une pandémie devrait nous inciter à nous remettre en question », a-t-il souligné.

L’agronome a parlé de la préparation de la terre pour la récolte, la mise en terre des plantules, la préparation d’un compost naturel fait maison. « Utiliser le compost est idéal pour les plantes. Il s’agit d’un excellent engrais pour le potager ou le jardin. Fabriquer un bac à compost pour ceux qui s’aventurent pour la première fois dans ce domaine n’a rien de sorcier. C’est même très simple et à la portée de tous. Il faut un peu de bonne volonté et de la patience. Il n’est ni difficile ni compliqué. Pour qu’un sol soit fertile, il doit être vivant. Et pour favoriser le développement de la vie dans le sol, il faut le nourrir ou plutôt nourrir les millions de micro-organismes qui le peuplent et en font la richesse », a-t-il expliqué. Quelque temps après avoir traversé ces étapes, a-t-il poursuivi, « vous serez surpris de la diversité et de l’abondance de ce que vous pourrez produire. »

Éric Mangar a ainsi donné quelques conseils sur les moyens de cultiver divers légumes chez soi et que les Mauriciens aiment bien consommer : brèdes Tom Pouce, moringa, papayes, laitues, cotomili, bringelles, entre autres. « Faire le choix de cultiver soi-même une partie de sa nourriture procure beaucoup de plaisir et de fierté. Cela vous donne des aliments sains par rapport à ceux que vous pourriez trouver en supermarché. Planter chez soi est une grande thérapie », dira l’agronome. « Le moringa a des propriétés favorables à la santé, est extrêmement riche en calcium, vitamine A, C, potassium, protéine et contient une grande quantité d’oxydants. Se enn pie mirak, nou kapav azout li dan diri, grin sek kouma dal. Li byen inportan pou bann madam ki alet zot zanfan. Fer bred mouroum li byen efikas kont douler miskiler. »La papaye, a déclaré l’agrononome, aide à augmenter les défenses naturelles, surtout celles des personnes âgées. « Nous devons revoir nos habitudes alimentaires et cultiver la terre dans la mesure du possible », a-t-il conseillé.

Pour sa part, Jennifer Constantin s’est dit très satisfaite de la participation de nombreuses habitantes de la région. « Nous avons recueilli toutes les informations dans un premier temps. Nous allons faire un suivi et essayé de trouver des moyens pour venir en aide à ceux ou celles qui veulent se lancer dans ce projet d’autosuffisance alimentaire », a-t-elle promis.

Marie-Anne L’Asile, porte-parole du Mouvement d’Aide à la Maternité qui s’occupe des cas d’adolescentes enceintes et de femmes mariées et célibataires, compte présenter un sujet sur l’autosuffisance alimentaire lors d’un atelier de travail qui aura lieu en septembre. « Nous allons approcher le MAA pour demander leur soutien en mettant un bac à la disposition de chaque famille. »

La parole aux participants

Le Mauricien a donné la parole aux participants à cette séance de formation. Véronique Leclézio, habitant Rivière-Noire, dira comment elle a été amenée à participer à cette séance. « J’ai eu beaucoup de chance ce jour-là. J’étais sortie pour faire mon jogging aux Gorges de la Rivière-Noire. J’ai rencontré une personne qui m’a parlé de cette formation sur l’autosuffisance alimentaire. J’ai essayé à plusieurs reprises de planter de légumes chez moi mais je n’ai jamais réussi. Cette séance a été instructive sur tous les plans. Je me lance un défi à partir de la semaine prochaine, je vais commencer à cultiver des légumes en mettant en pratique les techniques que j’ai apprises de l’agronome. »

Marie Thérèse Rébé, d’origine rodriguaise, mère d’un enfant de 22 mois et habitant la localité, travaillait comme jardinière chez une habitante de la région avant le confinement. Elle chôme depuis. « Mo ti tuzour kontan plante depi mo tipti, mem kan mo al Rodrig. Sa kour la mo finn suiv motiv mwa pou retourn verla ter. Mo ti pou kontan si mo gagn enn but terin pou mo plante. »

Joseph Mélidor, habitant Baie-du-Cap, est membre de la Ravmel Multipurpose Cooperative Society, nouvellement formée. « Nous allons faire de notre mieux pour avoir une portion de terre du gouvernement comme les autres coopératives pour nous lancer dans la culture de légumes que nous pourrons mettre sur le marché. J’espère que nous allons réussir. Éric Mangar a été clair dans ses explications. »

Nathaniel Letendrie, 19 ans, habitant Albion et passionné de musique, a fait le déplacement pour suivre ce cours. « Je plantais plusieurs arbres fruitiers chez moi. J’aimerais me mettre à mon propre compte. La COVID-19 m’a aidé à prendre conscience de l’urgence de la sécurité alimentaire à Maurice. Je souhaite qu’il y ait davantage de prise de conscience et qu’un plus grand nombre de Mauriciens se tourne vers la terre. »

Pour sa part, Joanito Beguinot du village de Tamarin, dira : « C’est une formation très intéressante. Facile à comprendre et à mettre en application. Il suffit d’un peu de volonté et de ne plus se plaindre à longueur de la journée. Nous devons tous faire un effort dans des moments difficiles et inculquer à nos enfants la passion pour la terre. » Comme les autres participants, il se retrouve facilement dans les explications d’Éric Mangar : « J’ai appris beaucoup sur les nouvelles techniques de culture de légumes. »

Lindor Bleck de Bambous qui travaille avec les enfants en difficulté témoigne : « Avoir une formation dans le domaine de l’autosuffisance alimentaire est un outil très important entre les mains d’une famille qui veut faire des économies et manger sainement. Il suffit maintenant de trouver les moyens pour mettre tout ça en pratique. »

Hors-texte

Pour rappel, c’est à Cité La Chaux, Mahébourg, qu’a démarré le premier projet sur l’autosuffisance alimentaire. Suzy Édouard, un des membres fondateurs de la Commission diocésaine du tourisme, elle avait regroupé 15 personnes dont des skippers. Ils ont commencé par nettoyer un terrain en friche et ont bénéficié d’une formation par Eco-Sud qui se dévoue pour préserver l’environnement. Les skippers ont également bénéficié de l’aide. Ils ont obtenu du fumier, des plantes et des outils. Les plantes provenaient de la station de Barkly dans de petites palettes contenant 120 plantes. « Ils ont planté des choux, choux rouges, choux-fleurs, courgettes, tomates, petsaï, laitues, piments et poivrons. Et ils ont déjà commencé à vendre leurs produits », dira Jennifer Constantin.

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