La Platform Syndikal Rodrig demande au Premier ministre, Navin Ramgoolam, d’initier une enquête indépendante et immédiate à l’encontre du chef de la fonction publique (Island Chief Executive) de l’Assemblée Régionale de Rodrigues concernant sa conduite, ses pratiques et ses prises de position qui mettent en danger le service public dans l’île. Des actions disciplinaires et des sanctions sont également réclamées à son encontre si les faits qui lui sont reprochés sont avérés. Une correspondance a été adressée au Premier ministre, avec copie à plusieurs autres dignitaires dans ce sens.
Le courrier a été rendu public lors d’une conférence-débat organisée à Mont-Lubin le 1er mai dans le cadre des célébrations de la fête du Travail. Plusieurs faits sont reprochés à l’Island Chief Executive, notamment son manque d’engagement envers la fonction publique et son manque de professionnalisme, l’ingérence politique qu’il tolère ou approuve dans les décisions administratives, le manque de transparence dans des exercices de promotion « qui se font dans l’opacité, irrégularité » et concernant le recrutement des General Workers, l’ingérence politique dans des exercices d’appels d’offres et des procédures y relatives, les conclusions du dernier rapport de l’Audit s’agissant de l’administration des affaires de l’île sous l’égide du présent Island Chief Executive.
D’après cette instance syndicale, les agissements de l’Island Chief Executive ternissent sérieusement la réputation de Rodrigues, surtout quand il s’agit de la bonne gouvernance, de responsabilité et de la méritocratie. Pour toutes ces raisons qui ne sont pas exhaustives, la plateforme réclame la destitution de l’Island Chief Executive « qui n’aurait plus sa place au sein de la fonction publique ». Plusieurs syndicats font partie de la plateforme, notamment la Rodrigues Government Employees Association, la Rodrigues Public Services Workers Union, la Rodrigues Tourism Industries and Allied Workers Union et la Rodrigues Private Industries and l’Allied Workers Union.
Cette conférence-débat, qui avait pour thème Ki Lavenir Servis Piblik dan Rodrig, avait pour objectif de réfléchir sur la manière de défendre la fonction publique à Rodrigues. Une minute de silence a été observée en hommage aux travailleurs qui ne sont plus. Ainsi, Pierrot Milazar et Edley Casimir ont expliqué que la lutte dans l’intérêt des travailleurs rodriguais et des services publics doit continuer « malgré les défis, la répression et les menaces ». Selon eux, le concept de travail décent doit primer, tout comme l’amélioration des conditions de travail, « ainsi que la sécurité et la santé au travail pour une inclusion sociale ».
Pour Jean Michel Ravina, « l’unité syndicale est essentielle afin de mener à bien ce combat », avec pour objectif final une île Rodrigues où il fait bon vivre pour tous. « C’est vrai que des syndicalistes sont souvent marginalisés et subissent des discriminations à cause de leur engagement syndical. Mais la liberté syndicale est primordiale pour créer une vraie démocratie. Dans certains secteurs, des fonctionnaires font face à des violences verbales qui affectent leur santé mentale. Et dans l’administration publique, certains objectifs de base n’ont pas encore été atteints. Zordi gouvernman pe detrir fonksion piblik pou kapav kre konpagne. Le management n’a plus de dialogue avec les syndicats », a-t-il déclaré. Il a donné l’assurance que le combat syndical « continuera pour l’avènement d’un monde meilleur ».
Pour sa part, Alain Tolbize a soutenu que « fason nou bann anplwayer pe tret nou, nou pa santi nou alez ». Et ce, avant de poursuivre : « En tant que citoyens, nous avons le droit à la santé, à l’eau et à l’éducation, entre autres. Aujourd’hui, ces droits sont bafoués et ne sont pas respectés. Et les travailleurs qui offrent ces services, leurs droits non plus ne sont pas respectés. Sa direksion ki fonksion piblik pe ale la, nou pa kone ki pe atann nou devan. Car les choses empirent de jour en jour. La fonction publique n’offre plus de services essentiels à la population et c’est alarmant », a fait ressortir Alain Tolbize. Pour lui, le principal responsable, c’est l’Island Chief Executive qui « ne travaille pas dans l’intérêt de la fonction publique et des fonctionnaires, mais montre plutôt qu’il est à la solde des politiciens, en exigeant des fonctionnaires, sous peine de représailles, que ces derniers appliquent les décisions, même illégales, des politiciens, à leurs risques et périls ».
Alain Tolbize a aussi parlé du budget « catastrophique » présenté récemment par le chef commissaire, et de la situation préoccupante de la Rodrigues Public Utilities Corporation qui ne sera plus financée par la Mauritius Investment Corporation Limited. Pour sa part, Julienne Meunier a, lors de son allocution, mis l’accent sur le secteur de l’eau et des problèmes qui y sont liés. Alors qu’Antoinette Azie s’est penchée sur le secteur de la santé. Elle a livré un témoignage de son expérience personnelle en 2024. Elle souhaite qu’il y ait « un changement en profondeur » dans ce secteur. Elle a lancé ainsi un appel à tous les fonctionnaires, leur demandant de continuer à lutter et à faire leur travail au mieux de leurs capacités et à ne pas avoir peur des représailles.