Rose-Hill : Clap de fin pour l’Atrium

Le bâtiment fera l’objet d’une première phase de
sécurisation ce dimanche avant sa démolition sous peu

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Il est le symbole de l’échec patent de certains projets immobiliers urbains nés dans les années 1990. Le bâtiment Atrium, sis à la rue Vandermeersch, sera démoli sous peu. « Jugé dangereux pour le public, le bâtiment Atrium fera l’objet d’une première phase de sécurisation ce dimanche 21 décembre, avec l’appui du Mauritius Fire and Rescue Service (MFRS). Cette étape portera sur le nettoyage et la sécurisation du site, avant une démolition complète dans les semaines à venir », souligne la maire des villes sœurs, Gabriella Batour.

Dans les quatre coins de l’île existent un certain nombre de lieux, de bâtiments ou de monuments, dont l’évocation renvoie à la fois au passé dont ils sont issus et au présent en dépit d’avoir été laissés à l’abandon. C’est notamment le cas pour le bâtiment Atrium qui, quand bien même n’a pas fait long feu, reste gravé dans la mémoire collective des habitants des villes sœurs. Au début des années 1990, dans un contexte de dynamisation du centre-ville de Rose-Hill, le projet de l’Atrium voit le jour. Pensé comme un centre commercial moderne, situé stratégiquement en face de la gare et au cœur de l’activité urbaine, le bâtiment devait accompagner la transformation de Rose-Hill en pôle commercial structuré. La société chargée de sa gestion est incorporée en 1992, marquant l’entrée officielle du projet dans le paysage économique local. Le bâtiment est inauguré en grande pompe en janvier 1993.

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À ses débuts, l’Atrium accueille boutiques, bureaux et activités commerciales, répartis entre de nombreux copropriétaires. Mais cette fragmentation de la propriété, combinée à une gestion complexe et à l’évolution rapide des habitudes de consommation, fragilise progressivement le modèle économique du site. L’absence de place de parking a valu son pesant d’or dans le déclin de cette mastodonte des années 1990. Dans les colonnes de Week-Enddu 27 juin 1993, soit six mois après l’ouverture de l’Atrium, des gérants de magasins brossaient déjà un sombre tableau de la situation : « C’est vide, déprimant. Comme on a acheté notre emplacement, alors qu’on aurait pu le louer, je vous avoue que je suis découragée. Le propriétaire de l’Atrium aurait dû s’assurer que les acheteurs des emplacements allaient vite lancer leurs activités commerciales. Six mois après l’ouverture, seulement 25% des emplacements sont occupés ». Au 3e étage, Toys R Us, le célèbre magasin de jouets, dont la vitrine promet plein de possibilités d’achats, fait un flop monumental !

Urban Terminal :
la relance ?

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La construction d’une passerelle piétonnière connectant Atrium à la gare/Place Margéot n’y changera rien. Au fil des années 2000, le bâtiment entre dans une phase de déclin : commerces qui ferment, entretien insuffisant, difficultés financières et finalement redressement judiciaire. L’Atrium devient peu à peu un bâtiment abandonné, perçu comme une verrue urbaine au cœur d’une ville déjà confrontée à la concurrence de nouveaux centres commerciaux périphériques. Tout sommairement résumé pour rappeler un fait irréfutable : l’Atrium, né d’une ambition de modernité au début des années 1990, aura surtout marqué l’histoire récente de Rose-Hill comme un révélateur des limites de la planification urbaine et de la gouvernance immobilière à Maurice.

Avec l’arrivée du Metro Express et la volonté de repenser la mobilité et l’aménagement de Rose-Hill, l’État engage des démarches pour acquérir et démolir le bâtiment, en 2017, afin de faire place à un terminal urbain intégré et à un nouvel espace public. Sauf que face à la pierre d’achoppement impliquant les 52 héritiers du bâtiment qui avaient, pour la plupart, disparu des radars, le projet a pris du plomb dans l’aile. En juin 2024, après une longue bataille juridique, l’État acquiert enfin le site sous les procédures liées à la compulsary acquisition of land, enlevant une épine des pieds des parties prenantes.

L’Urban Terminal de Rose-Hill connaîtra-t-il un coup d’accélérateur après la démolition de l’Atrium ? À en croire Gabriella Batour, « ce projet sera forcément sur la table des discussions entre toutes les parties prenantes, dont le ministère des Collectivités locales, mais pour l’instant, on devra s’assurer que la démolition de l’édifice se passe dans les meilleures conditions. Des barrières avaient installées le long de l’édifice, il y a quelques jours, en raison de la chute de morceaux de béton sur la chaussée, mettant ainsi les piétons en danger. Raison pour laquelle le bâtiment sera détruit après la période festive. L’opération de ce dimanche (aujourd’hui),s’articulant autour d’une sécurisation totale du site, nécessitera la fermeture d’une partie de la rue Vandermeersch », souligne Gabriella Batour.

 

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