PRB sans arrérages : les syndicats montent au créneau

Les syndicats s’insurgent après la confirmation du gouvernement à l’effet que le prochain rapport du Pay Research Bureau (PRB) ne sera pas appliqué avec effet rétroactif. Le Mauritius Trade Union Congress (MTUC), le Mauritius Labour Congress (MLC), le Congress of Independent Trade Unions (CITU) et plusieurs autres organisations dénoncent une décision jugée injuste pour les fonctionnaires, déjà durement touchés par la hausse du coût de la vie, et réclament un réexamen immédiat de cette mesure ainsi que la tenue d’un comité tripartite. Les dirigeants du MTUC expriment leur profonde déception et leur ferme opposition à l’annonce du gouvernement selon laquelle le rapport du PRB n’entrera en vigueur qu’à partir de janvier 2026, au lieu d’être rétrodaté à janvier 2025.

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Dans une déclaration conjointe publiée hier, Dewan Quedou (président), Adeel Moniaruch (secrétaire général), Prakash Bundun (président de la Government General Services Union) et d’autres dirigeants du MTUC, notamment Priyadarshini Gupta Ramjeawon, Yasvin Dooky, Indrashan Gajadhur et Ranvir Calyachetty, soutiennent que cette décision constitue une grave injustice pour des milliers d’employés du secteur public. En refusant aux travailleurs douze mois d’augmentation, le gouvernement leur demande en fait de supporter le fardeau de la discipline fiscale au détriment de leurs revenus.

Le président du MTUC et ses collègues condamnent cette décision unilatérale et demandent au gouvernement de reconsidérer immédiatement sa position. Le MTUC consultera ses affiliés et se dit prêt à mobiliser des actions collectives pour défendre les droits des employés si le gouvernement persiste dans cette voie.

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Dewan Quedou et ses collègues exhortent les autorités à rétablir l’antidatation du rapport du PRB à janvier 2025, engager un dialogue avec les syndicats avant de finaliser toute mesure affectant les moyens de subsistance des travailleurs, et reconnaître que la justice économique est indissociable de la stabilité sociale.

Gheerishing Gopaul (GSEA) 

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« La fonction publique se sent bernée »

« Après avoir souligné que la compensation salariale de Rs 635 n’est pas suffisante et avoir exprimé notre mécontentement pour la deuxième année consécutive pour les salariés touchant plus de Rs 50 000 par mois, ce sont maintenant les fonctionnaires qui essuient un autre coup. Nous espérions que les autorités écouteraient notre appel, mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Le Premier ministre a confirmé que le prochain rapport ne sera pas appliqué avec effet rétroactif.

« Nous rappelons que le gouvernement avait promis, durant la campagne électorale, de respecter la date d’application du prochain rapport du PRB. Les dirigeants de la GSEA vont se concerter pour décider de la marche à suivre et collaborer avec d’autres instances syndicales à ce sujet. C’est très décourageant, et la fonction publique se sent bernée parce que notre demande n’a pas été prise en considération malgré nos appels. »

Radhakrishna Sadien (syndicaliste)

« Un peu de soulagement mais… »

« J’apprécie que le Premier ministre ait choisi de respecter son engagement de publier le rapport du PRB en décembre 2025. Cependant, si les ajustements salariaux avaient été effectués progressivement depuis 2019, nous ne serions pas aujourd’hui confrontés à un coût colossal pour mettre en œuvre le prochain rapport.

« Néanmoins, nous demandons au gouvernement de reconsidérer sa décision de ne pas appliquer le rapport avec effet rétroactif. Pour nous, il doit être appliqué rétroactivement à partir de janvier 2025. Nous espérons également que le PRB corrigera les anomalies issues du rapport de 2021, réduira l’écart salarial entre les petits et les hauts fonctionnaires, et effectuera les ajustements nécessaires.

« Les fonctionnaires ont eu un certain soulagement en apprenant que le rapport sera publié en décembre, mais il faudra attendre le contenu pour savoir s’il reste de l’espoir pour eux. »

Haniff Peerun (MLC)

« Le PRB n’est pas indépendant »

« Il est regrettable que le chef du gouvernement n’ait pas jugé utile de rencontrer les représentants syndicaux pour en discuter. Le silence du ministre de la Fonction publique est également condamnable.

« Durant la campagne électorale, le PRB avait été utilisé comme sujet pour amadouer les fonctionnaires, en leur promettant des paiements rétroactifs. Les deux principaux partis politiques s’étaient engagés à le faire. Si aujourd’hui le MSM avait été réélu, le paiement rétroactif aurait eu lieu.

« Le gouvernement demande maintenant aux travailleurs de faire des sacrifices avec pour motif que Moody’s nous surveille. L’annonce du Premier ministre constitue un avant-goût du contenu du rapport du PRB.

« Nous avons toujours affirmé que le bureau du PRB n’est pas indépendant. Nous craignons que le rapport soit révisé en tenant compte uniquement de la situation économique, comme l’a indiqué le gouvernement. Y aura-t-il une manipulation du rapport ? Le directeur du PRB peut-il préciser depuis quand le rapport est prêt et s’il a fait des va-et-vient entre son bureau et celui du PMO ? »

Deepak Benydin (CITU)

« Soulagés »

« Au niveau du CITU, nous sommes soulagés que le Premier ministre ait déclaré que le rapport du PRB sera publié dans les délais. La crainte d’un retard de plus de cinq ans est désormais levée. Nous avons insisté pour que le rapport soit publié d’ici à décembre 2025, et nous avions des informations indiquant qu’il était prêt depuis octobre 2025.

« Cependant, notre inquiétude demeure concernant l’absence de rétroactivité à partir de janvier 2025. Le Premier ministre a de nouveau expliqué que cela est dû à la situation économique imprévue. Néanmoins, il aurait été possible de verser des acomptes, comme cela a été fait par le passé.

« Nous estimons également que depuis la dernière publication du salaire minimum appliqué dans le secteur privé, les employés du secteur public restent défavorisés, car le salaire minimum n’a pas été appliqué conformément à la loi. Un ajustement est donc nécessaire, sinon cela constituerait une injustice pour tous les fonctionnaires, à commencer par les General Workers.

« Une réunion tripartite entre le gouvernement, le PRB et les syndicats doit être organisée. La mise en place d’un comité des anomalies, calqué sur le modèle du comité des anomalies Manraj, s’impose également. »

Clency Bibi (GWF)

« Profonde déception »

« La déclaration du Premier ministre indiquant que le rapport du Pay Research Bureau (PRB) ne sera pas appliqué avec effet rétroactif en 2025 suscite une profonde déception et un sentiment d’injustice, de colère et du déjà-vu.

« L’application du salaire minimum en 2021 avait provoqué des distorsions dans la relativité salariale, sans compter l’érosion du pouvoir d’achat. Le PRB n’est pas un privilège, mais un mécanisme institutionnel destiné à rétablir un certain équilibre salarial après des années de décalage entre revenus et réalités économiques.

« Refuser l’effet rétroactif revient, dans les faits, à faire supporter aux fonctionnaires le poids des retards administratifs et des décisions politiques, alors qu’ils n’en sont nullement responsables. Cette position est d’autant plus difficile à comprendre que des engagements clairs avaient été évoqués quant à une meilleure justice salariale et au respect du travail des fonctionnaires. Nous appelons le gouvernement à reconsidérer cette décision, à faire preuve d’écoute et de dialogue sincère avec les partenaires sociaux. »

Narendranath Gopee (FCSOU)

« Ramgoolam a raison »

« Je dois dire que le PTr, aussi bien que le MSM, évoquait, lors des dernières élections, le fait que le prochain rapport du PRB serait appliqué avec effet rétroactif. Effet rétroactif ou pas, l’Alliance du Changement allait gagner ces élections parce que Missie Moustass a fait un déclic.

« Pour la première fois, je dois donner raison au Premier ministre, Navin Ramgoolam, lorsqu’il a déclaré que le prochain rapport ne serait pas appliqué avec effet rétroactif. Je suis satisfait de cette prise de position, car au moins, la politique n’est pas intervenue dans l’administration. L’exécutif agit de façon indépendante de la politique.

« Il faut aussi imaginer les conséquences d’un rapport du PRB appliqué avec effet rétroactif dans le contexte actuel. Avec la compensation salariale, le PRB et le boni de fin d’année, beaucoup d’argent serait en circulation. Une conséquence directe pourrait être la dépréciation de la roupie. Nous risquons donc de nous retrouver avec beaucoup d’argent sur le marché, mais sans gain réel pour l’économie.

« Il faut être un peu objectif dans nos demandes. À mon avis, prendre une décision politique pour appliquer le rapport du PRB avec effet rétroactif n’est pas une décision qu’un gouvernement devrait prendre. Pour moi, le prochain rapport du PRB doit prendre effet à partir de janvier 2026 et non de janvier 2025.

« Les promesses électorales, lors des campagnes, ne constituent pas un contrat. Le gouvernement a pris connaissance de la situation financière et a conclu qu’on ne peut payer les arriérés. Je suis donc satisfait que le prochain rapport n’ait pas d’effet rétroactif.
Je sais que beaucoup de syndicalistes ne seront pas d’accord avec moi, mais dans un monde syndical démocratique, chacun doit avoir le droit à ses opinions et à sa façon de penser. »

 

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