Chaque année, entre juillet et novembre, Maurice a la chance de devenir bien plus qu’un simple point sur la carte de l’océan Indien. Elle devient un refuge. Un lieu où les baleines à bosse, venues du froid glacial de l’Antarctique, choisissent de venir donner naissance, allaiter leurs petits et, selon certains spécialistes, accomplir des comportements sociaux essentiels à leur survie. Mais derrière cette beauté naturelle que l’on aime mettre en avant sur les réseaux sociaux, une réalité moins glorieuse se dessine.
Alors que s’amorce la saison migratoire des baleines à bosse dans les eaux mauriciennes, le collectif citoyen #Savetheblu lance un appel pressant aux autorités et au public. Il s’inquiète de la recrudescence d’activités maritimes jugées nuisibles pour ces mammifères marins, en particulier dans les régions côtières du sud et du sud-ouest du pays.
Cette migration est un phénomène naturel d’une grande valeur écologique, et Maurice est considérée comme l’un des sanctuaires régionaux pour cette espèce.
Cependant, selon les observations relayées par #Savetheblu, cette quiétude est aujourd’hui menacée. Le collectif évoque des excursions maritimes menées à des heures critiques de la journée, en particulier par des opérateurs non régulés qui organiseraient leurs sorties de manière à contourner les contrôles. Le vacarme des moteurs, les approches agressives et la pression constante exercée par certaines embarcations désorientent les baleines, peuvent séparer les mères de leurs petits et provoquer des réactions de panique. Ces comportements, qui s’accentuent durant la haute saison touristique, sont souvent motivés par la recherche de sensations ou d’images spectaculaires destinées aux réseaux sociaux.
Pour les membres de #Savetheblu, la protection de ces espèces ne peut attendre. Ils appellent à une intensification immédiate de la surveillance en mer durant toute la saison migratoire. Ils estiment que les interventions doivent cibler à la fois les excès commis par les opérateurs touristiques et les pratiques de certains influenceurs qui, sous couvert de promotion, exposent les mammifères à des dangers évitables. Le collectif souhaite également que des campagnes de sensibilisation soient mises en œuvre en collaboration avec les forces de l’ordre et les instances concernées.
L’organisation rappelle que des études ont déjà démontré que certaines baleines reviennent année après année dans les eaux mauriciennes, preuve d’un attachement particulier à cet environnement. Cette confiance, souligne-t-elle, ne doit pas être trahie.
La récente visite du Secrétaire aux Affaires étrangères indien, Shri Vikram Misri, à Maurice pourrait également, selon le collectif, représenter une opportunité d’ouvrir de nouvelles pistes de collaboration bilatérale. Dans le cadre des politiques indiennes Vision SAGAR et MAHASAGAR, le pays pourrait bénéficier d’un appui en matière de recherche marine, de technologies de surveillance ou encore de financement pour la conservation.
Pour #Savetheblu, l’enjeu dépasse la simple préservation d’une espèce. Il s’agit de défendre une responsabilité nationale, un patrimoine naturel d’exception, et un pilier de l’économie bleue durable. Le collectif affirme sa volonté de continuer à recueillir des données, d’accompagner les services de l’État et de maintenir la pression pour que la protection des baleines soit assurée, dans les faits, et pas seulement dans les discours.
Comme le rappelle #Savetheblu : Maurice ne protége pas seulement une espèce. L’île défend une image d’elle-même, de ce qu’elle veut être. Une île capable de voir au-delà du tourisme immédiat, et de se positionner comme un sanctuaire réel – pas juste en brochure.