En ce troisième trimestre, alors qu’il faut préparer les examens de fin d’année, le manque d’enseignants pèse de plus en plus lourd dans l’administration des établissements. Dans certains collèges d’État, l’on se pose même la question si les administrateurs communiquent les bonnes informations à la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun. Cette dernière avait, en effet, déclaré récemment, qu’il n’y avait pas de problème de manque d’enseignants…
Palma SSS, Seewa Bapoo SSS, Ebène SSS Boys… Ce sont quelques exemples cités par des éducateurs qui se disent complètement dépassés par un déficit en enseignants, alors la dernière partie de l’année scolaire est déjà engagée. Ils rappellent : « nous avons entendu la VPM et ministre de l’Éducation dire récemment qu’il n’y avait pas de problème de manque d’enseignants et qu’il ne fallait pas généraliser. Mais sur le terrain, la réalité est autre. »
À la veille même des examens du troisième trimestre, poursuivent ces éducateurs, la préparation est grandement perturbée. « Dans un collège, il manque un enseignant d’anglais. Du coup, ce n’est pas une classe qui est pénalisée, mais plusieurs. Pour ceux qui sont là, il y a les questionnaires de fin d’année à préparer, mais la plupart du temps, nous devons assurer des remplacements », déplorent-ils.
Ces derniers se demandent ainsi si les administrateurs fournissent de bonnes informations à la ministre quant à la situation dans des collèges. « Les recteurs sont remontés et même la Zone Directorate ne répond plus à nos appels », avance un éducateur. Celui-ci ajoute que la situation se compliquera davantage avec le démarrage des différents examens nationaux et internationaux. « Des enseignants seront engagés dans l’organisation des examens, ce qui veut dire qu’il y aura encore plus de problèmes », font-ils comprendre.
Par ailleurs, ces éducateurs se disent sceptiques au regard du recrutement annoncé dans le secondaire d’État pour la prochaine année scolaire. Se référant aux Budget Estimates de l’éducation, ils relèvent que provision a été faite pour 2905 enseignants du secondaire pour l’année financière 2022/2023. Pour l’année 2023/2024, le chiffre se situe à 3011, soit une différence de 106 enseignants supplémentaires. Or, la VPM et ministre de l’Éducation a annoncé récemment le recrutement de 400 enseignants pour le secondaire et 400 pour le primaire. Ils se demandent ainsi comment sera financé cela, alors que les Budget Estimates n’en comptent que 106 Funded.
Les collèges privés subventionnés et les établissements confessionnels du secondaire sont aussi confrontés au manque d’enseignants dans la conjoncture. Une situation occasionnée par la mise en œuvre du critère obligatoire de l’obtention d’un PGCE pour se faire enregistrer professionnellement dans le cycle secondaire.
Arvind Bhojun (UPSEE) : « Des répercussions sur les résultats »
Pour Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), le manque d’enseignant aura certainement un impact sur la qualité des résultats.
« Il y a des élèves qui n’ont pu compléter le syllabus ou qui n’ont pas eu d’enseignant du tout pour certaines matières. Après l’échec de l’Extended Programme, je crois qu’il risque d’y avoir une régression dans la qualité des résultats cette année. On a créé un bottleneck, notamment avec les 5 Credits au SC, mais on n’a pas donné l’encadrement nécessaire pour cela », dit-il.
L’UPSEE réitère ainsi son appel à la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation pour un moratoire de trois ans sur le critère de PGCE. « Au terme des Budget Estimates, il y a un manque d’environ 106 enseignants dans le secondaire d’État. Il n’y a pas de chiffres pour le privé. Cependant, avec le recrutement de la PSC, les collèges privés risquent de se retrouver encore plus en difficultés, car ceux détenant un PGCE risquent de partir avec cet exercice de débauchage », poursuit-il.
Également, il y a ceux qui partent à la retraite et les Supply Teachers qui ne pourront enseigner l’année prochaine faute de PGCE. « Il y aura plus de pressions sur ceux qui sont là. Déjà qu’il y en a qui souffrent de Burn Out car ils n’ont pas eu de vacation », s’insurge-t-il.
Autant de raisons qui poussent Arvind Bhojun à dire que l’année scolaire 2024 sera d’autant plus préoccupante concernant le manque d’enseignants.