Sécurité et tourisme à Maurice : Un signal des chancelleries amies  à ne pas banaliser

• La montée en force de la petite délinquance liée aux besoins en drogue doit être jugulée au plus vite 

• Globalement, Maurice demeure une destination sûre

Dans le sillage de l’avertissement de niveau 2 émis par les États-Unis à l’égard de Maurice, plusieurs ambassades et ministères des Affaires étrangères occidentaux appellent désormais leurs ressortissants à faire preuve d’une vigilance accrue lors de séjours touristiques sur l’île. Si aucun de ces pays ne déconseille formellement la destination, la convergence de leurs recommandations met en lumière une préoccupation commune : l’augmentation perçue de la petite délinquance visant principalement les étrangers.

Le Département d’État américain a classé Maurice au niveau 2 de son système d’alerte, invitant les voyageurs à « exercer une vigilance accrue ». Cette décision, relayée notamment par des médias internationaux comme Newsweek, repose sur des signalements de vols, de pickpocketing et d’incidents touchant des touristes, essentiellement dans des zones urbaines ou très fréquentées. Il s’agit d’un niveau intermédiaire, qui ne remet pas en cause la destination, mais appelle à la prudence.

Cette position américaine est largement partagée par plusieurs partenaires européens. La France considère toujours Maurice comme une destination globalement sûre, tout en recommandant une « vigilance particulière » dans certains pôles touristiques comme Port-Louis, Grand-Baie ou Flic-en-Flac, en raison des vols à la tire et de cambriolages. Le Royaume-Uni, à travers le Foreign, Commonwealth & Development Office(FCDO), souligne que la majorité des crimes sont non violents, mais insiste sur des mesures de bon sens, telles que la protection des effets personnels et la prudence dans les déplacements. La Belgique et le Canada adoptent une approche similaire, évoquant une vigilance générale et, dans le cas canadien, une « grande prudence » face à la petite délinquance.

Pris isolément, ces avertissements ne constituent rien d’exceptionnel pour une destination touristique internationale. Mais leur accumulation et leur tonalité convergente traduisent une évolution du regard porté sur la situation sécuritaire à Maurice. Tous pointent le même phénomène : une délinquance opportuniste en hausse, ciblant parfois les visiteurs étrangers, et susceptible d’affecter l’image du pays. Ce qui confirme que la destination Maurice reste fiable, mais que les touristes doivent éviter d’attirer par désinvolture ou négligence quelques « rôdeurs de l’air ».

Maurice toujours considérée comme une destination plus sûre que d’autres

À l’inverse, d’autres grands marchés émetteurs comme l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud n’ont émis aucun avertissement spécifique ou formel comparable au niveau 2 américain. Ces pays continuent de considérer Maurice comme une destination sûre. Leurs recommandations se limitent à des conseils généraux de prudence applicables à toute destination internationale, sans référence explicite à une dégradation sécuritaire particulière.

Ce contraste entre chancelleries occidentales et partenaires du Sud global n’efface toutefois pas le message central : sans basculer dans une crise sécuritaire, Maurice fait face à une érosion perceptible du law and order à certains niveaux. Cette détérioration ne se manifeste pas par une explosion de la criminalité violente, mais par une multiplication de délits de proximité, suffisamment visibles pour attirer l’attention des diplomaties étrangères et des médias internationaux.

Pour un pays dont le tourisme représente près d’un quart du PIB et repose fortement sur sa réputation de stabilité, de tranquillité et de sécurité, ces signaux ne sont pas anodins. Ils rappellent que la sécurité des visiteurs est devenue un indicateur scruté de près par les États, les assureurs, les tour-opérateurs et les voyageurs eux-mêmes. Au-delà de la perception extérieure, la question renvoie aussi à un malaise plus large sur le terrain, souvent exprimé par les habitants, concernant la capacité des institutions à contenir la délinquance du quotidien.

En définitive, les avertissements étrangers ne constituent pas une condamnation de la destination Maurice, mais un avertissement au sens propre : celui d’une vigilance internationale accrue face à une situation sécuritaire qui, sans être alarmante, n’est plus considérée comme acquise. Pour les observateurs, il s’agit moins d’un problème de communication que d’un enjeu de gouvernance et de confiance, où le maintien du law and order devient un facteur clé de crédibilité économique et diplomatique.

Encadré 

Quelle est la situation de la sécurité

dans les pays émetteurs de tourisme ?

Les appels à la vigilance adressés à Maurice par les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Belgique ou le Canada s’inscrivent dans une pratique diplomatique courante. Ils sont principalement motivés par la petite délinquance et ne constituent pas des interdictions de voyage. Cette posture mérite toutefois d’être replacée dans un contexte plus large.

Dans les pays mêmes qui recommandent la prudence à Maurice, les touristes sont fréquemment exposés à des risques similaires, voire plus élevés. En France, au Royaume-Uni et dans plusieurs grandes villes européennes, les vols à la tire, agressions et arnaques visant les visiteurs sont bien documentés. Aux États-Unis, certaines zones urbaines présentent des niveaux de criminalité violente nettement supérieurs à ceux observés à Maurice. En Inde, de nombreux pays occidentaux conseillent une vigilance accrue pour des raisons de sécurité, tandis qu’en Chine, la criminalité de rue est faible, mais compensée par un encadrement policier et juridique très strict.

Cette comparaison montre que la petite délinquance est un phénomène global touchant la majorité des destinations touristiques. Pour Maurice, ces avertissements ne traduisent pas une situation exceptionnelle, mais rappellent que la sécurité demeure un enjeu stratégique majeur pour préserver l’image d’une destination dont l’économie dépend grandement du tourisme, pilier essentiel de la croissance, de l’emploi et des recettes en devises du pays.

Cela dit, la situation du law and orderse dégrade à Maurice et il faut que les autorités prennent une fois pour toutes le taureau par les cornes.