Situation à l’aéroport : Bonus de performance — Après AML, des récriminations du côté de MDFP

l 0,7 mois de salaire pour Rs 3,6 milliards de chiffres d’affaires l « Inadmissible ! » disent les employés

Après les revendications des employés d’Airports of Mauritius Ltd (AML), c’est au tour des employés de Mauritius Duty Free Paradise (MDFP) de monter au créneau. Pour cause, eux aussi se retrouvent frustrés quant au paiement de leur bonus de production qui leur est dû. La raison principale de leurs revendications : la somme qui devrait leur être accordée, soit seulement 0,7 mois de salaire, alors que la MDPF a orchestré plus de Rs 3 milliards de chiffre d’affaires. Inadmissible, disent les employés de la MDFP, qui font appel à la direction pour réviser leur calcul, car « ce sont les boutiques hors taxes qui élèvent l’aéroport et apportent de l’argent dans les caisses » et qui ont parallèlement fait grimper le chiffre d’affaires d’Airport Holdings Ltd.

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La colère gronde dans les boutiques hors-taxes, car le salaire du mois de novembre ne comprend pas leur bonus de production, ce mois-ci encore. Habituellement payé en octobre, les employés de MDFP sont en attente. Ce qui les frustre davantage, c’est la somme également qui devrait leur être versée. Une décision du board qui s’est récemment réuni, sous la présidence du Chairman, Dev Beekharry, ferait état de 0,7 mois de salaire, ont appris les employés. Or, se demandent-ils, comment se fait-il qu’avec un record du chiffre d’affaires de Rs 3,6 milliards ils ne toucheront, on ne sait quand, que 0,7 mois de bonus de production. Cela, alors qu’en temps normal, hors période Covid pendant laquelle ils n’ont rien obtenu, le paiement déboursé lorsque la compagnie a fait un chiffre d’affaire de Rs 1,8 milliard, les employés ont obtenu 1,75 mois de bonus.

« Avec notre actuel chiffre d’affaires, MDFP devrait nous payer au minimum deux mois de salaire », disent les employés, qui s’étonnent de ce qui leur sera payé, alors qu’AML, qui a un chiffre d’affaires inférieur, a déboursé 1,25 mois de salaire pour le Performance Management System (PMS) Bonus de ses employés ce mois-ci. « C’est MDFP qui apporte de l’argent dans les caisses. Nous avons fait Rs 550M de profits. Ce sont les employés qui font les ventes et c’est avec 0,7 mois seulement que nous sommes récompensés ? » s’insurgent-ils.

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À la colère se mêle aussi le découragement, car depuis trois-quatre mois, « travay pe donn bal », disent les employés, déplorant qu’en raison d’un manque de personnel, ils sont aussi contraints de doubler les heures de travail. « Certes, on nous accorde un overtime payment, mais c’est rien du tout sur notre salaire. Nous sommes épuisés, et cela se ressent dans la qualité du travail », disent-ils. Une situation qui se répercute sur le travail et la boutique, qui se retrouve, en raison du manque de personnel, souvent avec seulement trois caisses opérationnelles, et donc de longues files d’attente de clients excédés, comme à l’immigration.

Dans le sillage, les employés de MDFP déplorent que l’exercice de recrutement initié par appel à candidatures au début du mois de novembre a été gelé pour on ne sait quelles raisons, si ce n’est faire la place aux agents à la veille des élections. « La campagne de recrutement concernait des personnes âgées entre 18 et 25 ans, mais l’exercice a été freezed pour revoir l’âge des candidats à la hausse. En attendant, il y a un manque de personnel accru dans les boutiques. On se demande quel sera le chaos en décembre et janvier, lorsque nous serons en pleine peak season », disent les employés.

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« Ek lor la zot pe tini pou donn nou nou bonus productivité », déplorent-ils, exprimant leur ras-le-bol. Si bien que si cette décision est entérinée, ils menacent de ne pas faire les heures supplémentaires pour la haute saison. « Pa kapav nou travay kouma bef, me peye zot pa peye », disent-ils. Selon certains, ce calcul irréaliste serait l’oeuvre de la Finance Manager, qui ferait la pluie et le beau temps à MDFP.

Il ressort que le syndicat aurait demandé de rencontrer le management à trois reprises et, à trois reprises, les réunions fixées ont été renvoyées. Ce qui décourage davantage les employés, qui estiment que le syndicat est un « bouledogue sans dents ». D’où leur appel à Week-End pour exprimer leurs griefs. Ces employés soulignent dans la foulée le mismanagement des opérations à l’aéroport, faisant ressortir les gaspillages en cours. En outre, ils déplorent la boutique hors taxes installée dans le Old Terminal, « qui ne sert à rien ». Si à l’origine cette boutique y a été installée pour que les passagers y transitent, et qu’il était question qu’AML et Air Mauritius s’occupent de faire descendre les passagers par ce terminal, il ressort qu’actuellement deux avions seulement y atterrissent. « Pena klian ditou mem laba. La boutique est négligée », notent les employés de MDFP. D’où le fait que les produits en vente ont été enlevés.

Aussi, ces employés déplorent les largesses de leur compagnie, qui a fait l’acquisition d’une Mercedes pour le compte du Chairman de MDFP. Or, cette voiture, immatriculée octobre 2023, dort dans le hangar « ek so plastik ankor lor la ». Jamais utilisée, dénoncent les employés, qui s’offusquent que « zot zot pe fer bal ar nou kas, tou nou kas pe al dan holdings. M. Arian pe tir laglwar lor nou nom, nou nou pa pa tous seki dwa nou ». Un appel est lancé à la direction de MDFP pour revoir au plus vite ses calculs et le déboursement du bonus de productivité pour ses employés qui, autrement, ont décidé de
boycotter la fête de fin d’année, prévue le 6 décembre, en sus des actions ciblées dès le mois de décembre.

Réaction prompte d’AML suite aux protestations des employés dans Week-End

l Un PMS Bonus de 1,25 mois de salaire payé sur le salaire de novembre

Après des protestations dans nos colonnes dimanche dernier, la direction d’Airports of Mauritius (AML) a réagi rapidement en annonçant, le dimanche même, dans une circulaire que les employés d’AML et d’Airport Operations Terminal Ltd (ATOL), recevront leur Performance Management System (PMS) Bonus à la fin de ce mois. La circulaire, signée du CEO d’AML, Pawan Baichoo, et datée du 19 novembre, indique que le board des directeurs d’AML a donné son feu vert pour le paiement d’un Special Performance Bonus équivalent à 1, 25 mois de salaire pour l’année financière 2022-23 pour l’ensemble du personnel d’AML et d’ATOL.

Les travailleurs, qui s’attendaient à un versement avant la fête de Divali, avaient exprimé leur frustration dans les colonnes de Week-End, s’insurgeant contre la direction et qualifiant la situation de delaying tactics. Critiquant également le CEO d’Airport Holdings Ltd, Ken Arian, pour son « mismanagement », les employés n’ont pas manqué de rappeler leur contribution aux performances positives d’AML et parallèlement pour les autres entreprises sous la gestion d’AHL Holdings qui, avec un chiffre d’affaires de plus de Rs 33 milliards au 30 juin 2023, figure désormais à la 3e place des Top 100 compagnies mauriciennes. D’où leurs appels au Premier ministre pour intervenir et recadrer la situation.

Ce qui semble avoir été entendu, puisque la résolution est intervenue très tôt dimanche, avec l’envoi de la circulaire annonçant le paiement du Special Performance Bonus à la fin du mois.

« A due recognition… »

Dans sa missive, la direction soutient que la décision avait déjà été prise le 14 novembre, lors de la réunion du board, sous la présidence de Raouf Gulbul. Ce qui laisse perplexe les employés, qui s’étonnent que ce n’est qu’après leur sortie dans les colonnes de Week-End qu’en quatrième vitesse, cette note leur a été adressée pour temporiser les frustrations. Cela a même valu la présence, très matinale, qui plus est, un dimanche, du CEO d’AHL à l’aéroport.

Ce dénouement qui met fin à certaines frustrations persistantes au sein de l’aéroport intervient alors que les employés avaient averti que la situation pouvait avoir des conséquences négatives sur la réputation de l’aéroport et, par extension, sur l’image de Maurice à l’échelle internationale.

Outre la circulaire du management dimanche, lundi, c’est une lettre que le CEO d’AML a fait parvenir aux employés, leur annonçant la bonne nouvelle présentée comme « a due recognition of your hard work and contribution to the succes of the company. » Et de soutenir dans la foulée que cette annonce, faite dimanche en urgence, suivant les récriminations dans Week-End, était en fait planifiée pour être annoncée lors du dîner de fin d’année prévu les 22 et 29 novembre.

Outre le paiement de ce bonus qui a d’ailleurs déjà été versé sur le salaire du mois de novembre perçu le 23 dernier, la circulaire fait également état de promotions internes. Cependant, certaines frustrations subsistent du fait que ces nominations laissent plusieurs membres du personnel sur leur faim et frustrés. En effet, au niveau des employés d’AML, on fait ressortir que ces nominations sont dues depuis novembre 2020 du fait du départ à la retraite de bon nombre d’employés d’AML ayant accepté l’offre VRS de la compagnie. Ainsi, depuis cette époque, plus d’une trentaine d’employés d’AML ont eu à assurer l’intérim à ces postes devenus vacants. Là où le bat blesse, c’est qu’il n’y a pas eu de internal vacancy pour ces postes.

Les promos de la discorde

« Zot inn pick and choose zot dimounn, inn dir zot vinn pas interview, lerla inn met zot fer actingship », déplorent les employés. Leurs nominations ont été gelées en raison du Covid et ce n’est qu’en janvier 2023 qu’il y a eu un appel à candidatures en interne pour ces postes. « Mais les dés étaient déjà jetés car, évidemment, ceux qui assuraient l’intérim avaient déjà de l’expérience et étaient ainsi favorisés vis-à-vis des autres candidats », font ressortir les membres du personnel. Si quelques outsiders, notamment proches du pouvoir, ont été nommés, ces derniers ne disposent pas des compétences nécessaires, notamment en supervisory pour certains, ou encore de managerial skills pour d’autres, soulignent les protestataires.

Cependant, les employés d’AML qui se sentent lésés n’ont pas entrepris de dénoncer la situation auprès des instances concernées, comme l’ICAC ou l’Employment Relation Tribunal, ou encore l’Equal Opportunities Commission. Cela, « du fait qui sa bann institision-la nou deza kone kouma zot fonksione », mais aussi et surtout par peur de représailles dans leur travail après les plaintes. Aujourd’hui, la question qui se pose pour ceux laissés sur le carreau quant aux nominations, alors qu’ils assuraient l’intérim à ces postes, c’est quel sera leur avenir au sein de la compagnie. « Qu’adviendra-t-il des allocations qu’on touchait pour ce travail supplémentaire ? Bénéficierons-nous d’une promotion aussi finalement ? » se demandent-ils. La question reste posée, et dans l’attente d’une réaction tout aussi prompte de la direction d’AML. Affaire à suivre…

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