Aucune activité de pêche commerciale autorisée dans l’aire marine protégée décrétée officiellement hier et couvrant 645 835 kilomètres carrés
Ramgoolam : « Nou ti anvi fer li (vwayaz-la) sa lane-la, me ena ankor bann ti-problem kouma pe pase dan House of Lords ek House of Commons »
En prévision des débats du jour sur le Diego Garcia Military Base and British Indian Ocean Territory Bill à la House of Lords, l’Hôtel du Gouvernement a franchi, hier, un pas décisif dans le dossier de la restitution de la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos. En effet, la création officielle du Chagos Archipelago Marine Protected Area (CAMPA), couvrant une superficie de quelque 645 835 kilomètres carrés dans l’océan Indien, a été confirmée avec l’interdiction formelle de toute activité de pêche commerciale dans l’ensemble de la zone. Pour assurer la stricte surveillance et pour lutter contre la pêche illicite, non-déclarée et non-réglementée (INN) dans le Chagos Archipelago Marine Protected Area, un partenariat a été élaboré entre Maurice, l’Inde et le Royaume-Uni. C’est ce qu’a confirmé Le-Mauricien auprès des sources autorisées. D’autre part, la mise en place de l’aire marine protégée, intervenant à la veille de débats cruciaux à la House of Lords, est présentée comme une garantie d’assurance des intentions confirmées de Maurice en matière de gestion de cette partie du territoire de la république de Maurice suite à des demandes formulées au niveau des Law Lords, entre autres. Dans la conjoncture, toujours, hier après-midi, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, confirmant le report à l’année prochaine du premier déplacement aux Chagos, a déclaré que « nou ti anvi fer li (vwayaz-la) sa lane-la, me ena ankor bann ti-problem kouma pe pase dan House of Lords ek House of Commons. »
Ainsi, par voie de Press Communiqué, Maurice a officialisé la création du Chagos Archipelago Marine Protected Area (CAMPA), couvrant une supervision d’environ 645 835 km carrés autour de l’archipel. Cette démarche s’inscrit dans la perspective de conservation des écosystèmes marins dans cette partie de l’océan Indien, et aucune activité de pêche commerciale ne sera autorisée dans l’ensemble de la CAMPA. Cette mesure phare vise à assurer la conservation de la richesse naturelle et la biodiversité exceptionnelle de cette région de l’océan Indien. Le CAMPA sera réparti en quatre zones conformes aux catégories de l’Union internationale pour la Conservation de la nature (UICN), soit
• une zone stricte (IUCN Catégorie Ib) d’une superficie de 23 712 kilomètres carrés, dédiée à conservation de la biodiversité du Great Chagos Bank, avec des membres de la communauté chagossienne autorisés à effectuer des visites supervisées pour maintenir leurs valeurs culturelles et spirituelles ;
• une zone de conservation (IUCN Catégorie II), la plus vaste de 612 611 kilomètres carrés pour la protection des monts sous-marins, des coraux et de la faune, avec possibilité d’activités compatibles avec la protection de l’environnement, comme la recherche scientifique, l’éducation et le tourisme responsable. Exceptionnellement, la pêche y sera autorisée uniquement dans un cadre durable, pour des besoins artisanaux, traditionnels ou de subsistance ;
• une zone de protection d’habitat (IUCN Catégorie IV) de 2 251 kilomètres carrés, où la pêche artisanale limitée et contrôlée sera autorisée de même que des activités récréatives ou touristiques à petite échelle et
• une zone traditionnelle de réinstallation (Catégorie V) de 7 261 kilomètres carrés, destinée à assurer la réinstallation durable des Chagossiens tout en protégeant les paysages et la faune marine.
Commentant la création du Chagos Archipelago Marine Protected Area, Navin Ramgoolam affirme que « nou pena le mwayen, me nou pe gagn led lor la », a-t-il expliqué. Il a tenu à préciser que ce nouveau MPA n’a rien à voir avec celui proposé par les Britanniques en 2010. « Zot ti fer sa pou anpes bann Sagosien retourn lor zot zil enn zour. » Le plan mauricien, a-t-il ajouté, prévoit au contraire d’impliquer les Chagossiens dans le projet. Il s’est appesanti sur le fait que l’aspiration des Chagossiens à retourner sur leurs îles est légitime. « Nou swet o pli vit zot rev kapav realize », dit-il.
D’autre part, le voyage aux Chagos, comprenant des représentants du gouvernement et la communauté chagossienne, ne se fera que l’année prochaine. L’annonce a été faite par le Premier ministre Navin Ramgoolam et le Deputy Prime Minister (DPM), Paul Bérenger, lors d’une cérémonie pour commémorer le déracinement des Chagossiens de leurs îles, hier, au Port. « Nou ti anvi fer li sa lane-la, me ena ankor bann ti-problem kouma pe pase dan House of Lords ek House of Commons. Donc, li pou lane prosenn », a déclaré Navin Ramgoolam. De son côté, Paul Bérenger a confirmé les « difficultés » rencontrées cette année, tout en assurant que le voyage aura bien lieu. « Nous sommes en discussion avec des pays comme l’Inde, qui nous a offert son aide pour ce voyage », rassure-t-il.
Paul Bérenger a précisé que ni le Premier ministre, ni lui-même, ni les autres ministres ne pourront effectuer le trajet aller-retour par voie maritime, car cela prendrait trop de temps. « Cela fera au moins 20 jours ! » a-t-il dit. Ainsi, les membres du gouvernement feront une partie du voyage en avion, tandis que les représentants de la communauté chagossienne entreprendront le trajet par bateau. « Nou pou zwen laba pou is drapo morisien… Monn dir Olivier (Bancoult) get byen ki lil nou pou al vizite », ajoute-t-il.
Le Deputy Prime Minister a exprimé son souhait de visiter les îles qui étaient habitées avant le déracinement. « Il y aura au moins quatre îles que nous visiterons », indique-t-il en ajoutant que « nous allons faire ce voyage aussitôt que possible l’année prochaine. » Navin Ramgoolam a, de son côté, confirmé que Diego Garcia fera partie de cette visite.
Entre-temps, le Premier ministre et le Deputy Prime Minister ont unanimement dénoncé une campagne hystérique de la droite britannique sur la question de la restitution de la souveraineté mauricienne sur les Chagos. « Je dénonce la déclaration de Nigel Farage, qui a allégué que nous allons louer Peros Banhos au gouvernement chinois. C’est une fausseté », s’insurge Navin Ramgoolam. « Tousala pe fer pou sabot
Par ailleurs, le Premier ministre a réaffirmé que son gouvernement accordera une attention spéciale aux Chagossiens afin d’améliorer leurs conditions de vie, notamment à travers le Chagossians Welfare Fund. « J’apprécie la démarche des membres pour octroyer des bourses aux étudiants chagossiens », a-t-il déclaré.
De son côté, Paul Bérenger a indiqué qu’un comité, comprenant également des représentants des Chagossiens, travaille sur différents aspects du dossier, notamment le relogement. « Cela coûte beaucoup d’argent, mais nous allons respecter notre engagement envers les Chagossiens », a-t-il assuré. Le comité planche aussi sur l’organisation de visites pour ceux qui ne souhaitent pas s’installer de façon permanente. « Tousala pa fasil, nou mank mwayen. Me nou pou fer maximum », confie-t-il.
Concernant le Trust Fund de £ 40 millions, le Deputy Prime Minister maintient que ce fonds sera géré par les Chagossiens eux-mêmes. « Nou bizin amenn la lwa, li konplike. Ki sannla pou lor sa board-la, ki sannla ki pou vote, ki la kompozision sa Trust Fund-la », poursuit-il tout en révélant qu’un comité gouvernemental discute de plusieurs sujets et tient régulièrement informés Olivier Bancoult et son équipe.
Pour sa part, Olivier Bancoult, leader du Groupe Réfugiés Chagos, est revenu sur le déracinement des Chagossiens de leurs îles natales et les épreuves qu’ils ont traversées pendant des années. Il a réaffirmé que les Chagos font partie intégrante du territoire mauricien. « Lorsque quelqu’un était malade, la personne était transportée en bateau vers Maurice pour son traitement… nous utilisons l’argent mauricien, notre pièce d’identité est de la République de Maurice », dit-il.
Il a aussi rendu hommage aux Chagossiennes pour leur courage et leur détermination. « Nou lager pou nou drwa. Nou ti ena nou travay, nou lakaz, nou kiltir laba. Nou pa ti mank nanye », réitère-t-il.
Olivier Bancoult a remercié les dirigeants politiques de tous bords, dont feu Anerood Jugnauth, pour leur soutien à cette cause. Il a exprimé l’espoir que l’année prochaine, les Chagossiens pourront enfin se recueillir sur les tombes de leurs proches disparus et enterrés dans l’archipel.

