Theatre au caudan : Les Trois femmes ordinaires d’Ananda Devi sur un fond de polar

L’œuvre inédite d’Ananda Devi, Trois femmes ordinaires, écrite spécialement pour le théâtre et produite par l’agence Immedia, sera jouée au Caudan Arts Centre les 19 et 20 septembre, à partir de 20h. Dans les rôles principaux trois comédiennes, Shrita Hassamal, Sonia Maissin et la slammeuse Kelly Ang-Ting Hone qui partageront la scène avec Yousouf Elahee et Brian Van Schellebeck, le tout dans une mise en scène de Gaston Valayden. Ananda Devi, grande dame de la littérature mauricienne avec un grand nombre de prix littéraires à son actif, est à Maurice. Et mardi soir, elle a livré ses impressions sur sa pièce Trois femmes ordinaires, aux côtés de Gaston Valayden et Rama Poonoosamy.

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Membre du Parlement des écrivaines francophones, elle a reçu le 4 septembre le prix Gide du Contemporain capital 2025. D’elle, on retient aussi cette écriture linéaire qui saura prendre vie à travers une pièce théâtrale, celle qui raconte trois femmes ordinaires. La pièce sera jouée pour les 19 et 20 septembre, au Caudan Arts Centre. La mise en scène théâtrale a été confiée aux bons soins de Gaston Valayden, assisté de Jean Claude Catheya.
Le scénario tourne autour de Charlene, Mariam et Veena, trois amies qui se retrouvent dans la maison de Veena. Elles viennent de concert d’accomplir un acte abominable en planifiant et en commettant un meurtre sur la personne de Jabril, le mari de Veena. Pourtant, ce ne sont que trois femmes ordinaires. Qu’est-ce qui peut bien avoir provoqué cet acte de violence ? Comme quoi, parfois un whisky peut avoir le goût du sang.
Ananda Devi est présente à Maurice pour, dit-elle, « découvrir » sa pièce au Caudan Arts Centre. « Je ne connais mon script que par mon écriture et dans ma tête, j’entends mes personnages me parler, mais je n’ai pas vu la prestation des comédiennes sur scène. » Cette idée de mettre en scène trois femmes ordinaires remonte à un festival littéraire en Écosse où, raconte Ananda, « on parle beaucoup de whisky et j’ai appris que l’un des meilleurs whiskies d’Écosse est le Lagavulin. Et dans une des distilleries que j’ai visitées, il est dit que lorsque les vapeurs s’échappent des fûts, cette fumée s’appelle la part des anges. »
Trouvant cette expression belle, Ananda Devi l’a gardée dans un coin de sa tête pour la ressortir en plein Covid en écrivant une pièce théâtrale reliant trois femmes ordinaires avec pour toile de fond la violence conjugale qui se terminera en bain de sang, car les trois amies se lieront pour tuer le mari de Veena. Ananda Devi a écrit cette pièce en essayant de tenir en ligne de compte la complexité humaine dans une forme de polar et de comprendre ce qui pousse un être humain à tuer un autre.
Il s’agit d’une histoire difficile qui mérite d’être entendue car elle sonne comme un rappel des tourments causés par la violence conjugale. « Il y a une histoire de solidarité féminine qui se crée entre ces trois femmes. On sait qu’il y a un meurtre. » On parle toujours de féminicide, alors que dans la pièce c’est le mari qui se fait tuer… Est-ce la revanche des femmes battues ? «On parle de féminicide pour les femmes, mais homicide cela s’applique à tout le monde.» Rama Poonoosamy intervient alors : «Et pourquoi pas maricide.» Et Ananda Devi de répliquer : « il faut surtout parler des incompréhensions et des tensions que créent la violence conjugale. La trame de trois femmes ordinaires explore un acte de violence commis par trois femmes ordinaires, mêlant drame, absurdité et suspense. C’est un drame psychologique fort avec à la clé du suspense. »
Gaston Valayden trouve, pour sa part, que ce scénario porte aussi sur l’amour. « Ces femmes ont aimé, certaines subissent et d’autres planifient et commettent des meurtres. On ne tue pas sans raison, on se nourrit de la violence. »
La fluidité des mots chez Ananda Devi séduit. Pour cette dernière, le plus beau compliment qu’on puisse lui faire porte sur le contenu, la forme, le style et sa forme d’engagement pour l’humanité. Le nouveau prix qui lui a été décerné représente, pour elle, une belle surprise et le fruit d’un travail acharné. Son prochain roman en préparation aura pour titre Miss Grey.
Gaston Valayden, le metteur en scène, a évoqué pour sa part le choix des trois comédiennes issues de sa troupe Sapsiway. Ces dernières, selon lui, ont su se mettre dans la peau de ces trois femmes ordinaires avec le talent voulu. Pour cette pièce, Kevishen Poomany, saxophoniste, a composé une musique originale.

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