L’Agence américaine en charge des océans (NOAA) vient de tirer la sonnette d’alarme sur la vague mondiale de blanchissement des coraux (…) la plus importante jamais enregistrée. Maurice est loin d’en être épargnée et des spécialistes en environnement ne cachent pas leur inquiétude à l’instar de Nadeem Nazurally, biologiste marin et Associate Professor à l’Université de Maurice (UoM), qui juge la situation catastrophique depuis mars alors que la récupération est très minime.
Il relève des anomalies intenses au niveau de la température cette année tout en faisant ressortir qu’il ne reste qu’environ 10% de coraux vivants à Trou-aux-Biches et à Flic-en-Flac. « Une fois notre monitoring achevé, il se peut qu’il n’en reste que 4-5%. Si le blanchissement persiste, on risque de tout perdre », dit-il. Le biologiste marin prévient en outre que les coraux constituant une barrière contre l’érosion, des érosions plus intenses ne sont pas à écarter pour l’an prochain. Il insiste sur l’Active Restoration et la réduction de l’impact humain.
Sunil Dowarkasing, consultant en environnement, n’est pas plus optimiste, qualifiant la situation d’extrêmement préoccupante. Dans un appel au sursaut, il explique ce que vient mettre en lumière ce phénomène : la vulnérabilité croissante des écosystèmes marins et l’urgence de renforcer les efforts de lutte contre le réchauffement climatique.
« L’océan Indien est aujourd’hui l’océan qui se réchauffe le plus rapidement au monde et la zone sud-ouest de l’océan Indien, où se situe l’île Maurice, est identifiée comme le point le plus chaud de cette région. Cette réalité accentue la pression sur les récifs mauriciens, rendant leur survie encore plus incertaine face au changement climatique », expose-t-il, ajoutant que l’enjeu est loin de ne concerner que l’aspect écologique : « c’est tout un mode de vie et l’ensemble d’une économie insulaire qui se trouvent fragilisés. »
Pour Sébastien Sauvage, Chief Executive Officer d’Eco-Sud, l’heure est grave. « L’acidification des océans est désormais hors des seuils de sécurité. Cela signifie que la capacité des océans à maintenir la vie est gravement compromise. » La hausse des températures, décortique-t-il, provoque des bouleversements majeurs : « détérioration des récifs, migration des espèces vers des zones plus froides, disparition d’habitats critiques. » Si le travail que réalise déjà Eco-Sud sur la restauration des récifs coralliens est essentiel, cela est fortement mis à l’épreuve par la crise climatique actuelle. La restauration seule, dit-il, ne suffit pas : « il faut agir sur les causes profondes de la dégradation. Nous devons impérativement protéger les zones humides restantes, restaurer les mangroves, arrêter d’artificialiser nos sols et réduire les pollutions d’origine agricole et urbaine. » L’écologiste martèle que le développement côtier non planifié est un autre facteur de dégradation majeur.
NADEEM NAZURALLY (Associate Professor à l’UoM) :
« Maurice également extrêmement affectée »
Décrit comme « une tempête de neige silencieuse qui s’abat sur le récif » par la fondatrice de Healthy Reefs for Healthy People dans les Caraïbes, Melanie Mc Field, le quatrième épisode mondial de blanchissement des coraux, en cours depuis deux ans et ne cessant de battre des records, affecte près de 85% des récifs de la planète. Plus de 80 pays subissent un épisode de blanchissement inédit d’après l’Agence américaine en charge des océans (NOAA) qui souligne que « la vague mondiale de blanchissement des coraux est la plus importante jamais enregistrée ». À quel point Maurice est-elle concernée ?
Maurice est également extrêmement affectée. D’ailleurs, il y a deux semaines, j’ai posté sur ma page Facebook des photos aériennes du blanchissement de nos coraux. À certains endroits où nous avons effectué un suivi, ils ont blanchi à 80-85%. Actuellement, nous sommes en train de faire un suivi à Trou-aux-Biches et là-bas, également, la situation est catastrophique.
Environ 80% des coraux ‘acropora’ (ndlR : coraux qui participent à la création de récifs coralliens et constituent un refuge idéal pour de nombreux invertébrés et poissons) sont touchés à travers l’île. La situation est catastrophique depuis mars et la récupération est très minime. Outre les coraux, les poissons-clowns et les anémones ont également été affectés. En l’espace d’une à deux semaines, les coraux ont blanchi alors que la récupération est très lente.
Comment expliquer ce blanchissement des coraux ?
Il existe plusieurs facteurs. Il n’y a pas que la température même si celle-ci ne cesse de grimper. Avec la température très élevée, les coraux n’ont pas le temps de s’adapter. Il y a des sites où la température de l’eau de mer atteint 32,5-33 degrés à Pointe-aux-Feuilles, dans le Sud, à Trou-aux-Biches, à La-Cambuse, à Pointe d’Esny. Cette année, nous avons relevé des anomalies intenses.
En dehors de la température, il y a un effet cumulatif. Il y a le changement climatique mais aussi l’érosion, les Flash Floods, les Crown-of-Thorns Starfish qui mangent les coraux et à certains endroits, en une plongée, nous pouvons voir 50 Crown-of-Thorns Starfish.
La pollution en est un autre facteur. L’impact humain joue aussi un rôle. Par exemple, lorsque trop de monde se rend sur un site, cela affecte l’environnement marin. Mais, fort heureusement, dans plusieurs zones où nous faisons de l’Active Coral Restoration, à l’instar de Pointe-aux-Feuilles, il n’y a pas eu de blanchissement énorme et le taux de récupération des coraux y est assez élevé. Il y a des sites où nous avons perdu 50 % des coraux mais les 50% restants sont mieux adaptés pour être propagés. D’où l’importance de l’Active Restoration. Il faut continuer. À Trou-aux-Biches et à Flic-en-Flac, dans le lagon, il ne reste qu’environ 10% de coraux vivants ! Maintenant, une fois notre monitoring achevé, il se peut qu’il ne restera que 4-5%. Si le blanchiment persiste, nous risquons de tout perdre.
Quelles en seraient les conséquences ?
Nous perdrions toute la biodiversité : poissons, organismes marins pour lesquels les coraux constituent leur habitat. Il y aurait moins de poissons à consommer. Par ailleurs, les coraux constituant une barrière contre l’érosion, nous pouvons nous attendre à des érosions plus intenses l’an prochain.
Comment minimiser l’impact sur nos récifs coralliens ?
Il faut faire de l’Active Restoration et il faut travailler davantage sur des coraux mieux adaptés au changement climatique. Dans tout cela, c’est l’impact humain qu’il faut réduire. Il y a des étudiants doctorants qui travaillent déjà sur des sites où il importe de limiter l’accès car ils sont très sensibles en termes de poissons qu’il y a.
Il faut par ailleurs réduire la pollution carbone en vue de réduire l’impact du changement climatique. Il faut freiner cette hausse de température. Autrement, d’année en année, le blanchissement des coraux que nous voyons déjà à un degré jamais vu deviendra plus conséquent encore, ce qui mènera à la perte des coraux. Nous ne pouvons que faire de l’Active Restoration.
Que préconisez-vous dans l’immédiat ?
Dans l’immédiat, il faut propager les coraux qui ont survécu dans les nurseries. S’ils ont survécu, cela veut dire qu’ils sont mieux adaptés à la hausse de la température et donc, il faut les transplanter dans les nurseries et les cultiver. Il faut aussi limiter la circulation de bateaux. Il y en a trop dans nos lagons. Même en dehors de nos récifs, nous avons des coraux qui ont blanchi. Nous avons beaucoup de coraux dans notre Nursery qui ont résisté et il faut maintenant les propager. Les Nurseries fonctionnent très bien.
En conclusion, la situation est-elle alarmante pour Maurice ?
La situation est très alarmante. Nous nous trouvons déjà dans le niveau rouge complètement. Nous devons tous nous unir pour préserver notre écosystème marin et réduire notre empreinte carbone et être plus soucieux de l’environnement marin. Quand on va à la plage ou en mer, il faut bien faire attention à ne pas polluer l’environnement en jetant du plastique par exemple.
SUNIL DOWARKASING:
« L’enjeu dépasse largement la dimension écologique »
Le quatrième épisode mondial de blanchissement des coraux, en cours depuis deux ans et ne cessant de battre des records, affectant près de 85% des récifs de la planète. Plus de 80 pays subissent un épisode de blanchissement inédit d’après l’Agence américaine en charge des océans (NOAA) qui fait ressortir que « la vague mondiale de blanchissement des coraux est la plus importante jamais enregistrée ». Comment accueillez-vous cette nouvelle ?
La situation actuelle est extrêmement préoccupante. L’année dernière a été la plus chaude jamais enregistrée, franchissant pour la première fois le seuil de +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Ce réchauffement record a provoqué des températures océaniques inédites et a triplé le nombre de vagues de chaleur marines à travers le monde.
Près de 85 % des récifs coralliens dans le monde sont touchés, ce qui illustre clairement l’ampleur de la crise climatique. Ce phénomène, qualifié de tempête de neige silencieuse, met en lumière la vulnérabilité croissante des écosystèmes marins et l’urgence d’une action globale.
Face à cette réalité alarmante, il est plus que jamais essentiel de renforcer les efforts de lutte contre le réchauffement climatique et de mettre en œuvre des actions concrètes pour protéger les récifs encore viables.
Y a-t-il lieu de s’inquiéter pour Maurice ?
Oui. Tout d’abord, moins de 20 % des coraux dans nos lagons sont encore vivants, ce qui reflète une situation déjà critique. Cette dégradation est le résultat de décennies de mauvaise gestion de l’environnement marin. En tant qu’île tropicale bordée de récifs coralliens, le pays est particulièrement exposé aux effets du blanchissement des coraux provoqué par la hausse continue des températures marines.
Ces récifs remplissent des fonctions écologiques et économiques essentielles : ils protègent les côtes contre l’érosion, soutiennent la pêche artisanale, et contribuent fortement à l’attractivité touristique, pilier de l’économie locale. La situation mondiale actuelle révèle que même les récifs autrefois considérés comme résilients sont désormais menacés, y compris dans l’océan Indien.
Or, l’océan Indien est aujourd’hui l’océan qui se réchauffe le plus rapidement au monde. Plus inquiétant encore, la zone Sud-Ouest de l’océan Indien, où se situe l’île Maurice, est identifiée comme le point le plus chaud de cette région. Cette réalité accentue la pression sur les récifs mauriciens, rendant leur survie encore plus incertaine face aux changements climatiques.
Quels sont les risques sur la biodiversité marine à Maurice ?
Le blanchissement massif des coraux représente une menace majeure pour la biodiversité marine à Maurice. Les récifs, véritables réservoirs de vie, offrent habitat, nourriture et zones de reproduction à une multitude d’espèces. Leur affaiblissement perturbe ainsi l’équilibre fragile des écosystèmes marins.
Mais les conséquences ne s’arrêtent pas là. Ce phénomène a également un impact direct sur l’économie locale et le tissu social. La disparition progressive des récifs compromet l’attractivité touristique du pays, notamment pour les activités liées à la plongée et à la découverte du milieu marin. De plus, la pêche artisanale, déjà sous pression, verrait ses ressources diminuer, mettant en péril la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de nombreuses familles.
L’enjeu dépasse donc largement la seule dimension écologique : c’est l’ensemble d’un mode de vie et d’une économie insulaire qui se trouve fragilisé.
Quels sont les moyens dont Maurice dispose pour minimiser l’impact sur nos récifs coralliens ?
Maurice dispose de plusieurs leviers pour atténuer l’impact, à condition de faire preuve d’une réelle volonté politique et de mettre en œuvre une approche intégrée, rigoureuse et durable en matière de gestion marine. Parmi les actions prioritaires, il y a l’adaptation au changement climatique.
Il est impératif de relancer et d’actualiser le plan national d’adaptation, en y intégrant spécifiquement des mesures ciblées pour les zones côtières. Cela inclut la promotion de solutions fondées sur la nature, la limitation de l’urbanisation anarchique du littoral, et l’intégration systématique de la résilience climatique dans toutes les politiques liées aux infrastructures, à la pêche et au tourisme côtier.
Deuxièmement, la création d’une Zone Écologique (ZE). Il est urgent de créer une ZE au sein de la Zone économique exclusive (ZEE) de Maurice. À ce jour, seulement 0,009 % de notre ZEE bénéficie d’un statut de protection, ce qui est largement insuffisant face aux menaces croissantes pesant sur nos écosystèmes marins.
Pourtant, Maurice s’est engagée, dans le cadre de la Convention de Nairobi, à porter cette proportion à 10 % d’ici 2030. Or, nous en sommes encore très loin. Sans un effort immédiat et coordonné pour identifier, désigner et gérer des zones marines sensibles, cet objectif restera hors d’atteinte.
La création d’une ZE permettrait non seulement de préserver notre biodiversité marine unique, mais aussi de renforcer la résilience de notre économie bleue face au changement climatique et à la surexploitation des ressources. Il est important de souligner que Maurice fait partie des premiers pays signataires du Traité mondial sur l’océan (Accord BBNJ), qui engage les États à créer un réseau représentatif et interconnecté d’aires marines protégées en haute mer.
Ce traité fournit un cadre essentiel pour la gestion de ces zones dans les eaux internationales, en vue d’atteindre l’objectif global de protéger 30 % des océans d’ici à 2030. Ensuite, il y a la restauration active des coraux. Accélérer les programmes de culture et de transplantation de coraux peut aider à restaurer certaines zones dégradées, à condition d’être bien ciblés et soutenus scientifiquement.
En outre, il faut contrôler la pollution côtière (réduire les rejets d’eaux usées, de plastiques et de produits chimiques agricoles dans les lagons); avoir une gestion durable de la pêche ; sensibiliser et éduquer au respect de l’environnement marin en impliquant les communautés locales, les écoles, les opérateurs touristiques et les pêcheurs.
En conclusion ?
Le gouvernement actuel met fortement l’accent sur le développement de l’économie bleue, un modèle censé valoriser durablement les ressources marines.
Or, la dégradation des récifs coralliens entre en contradiction directe avec cette ambition car elle compromet les bases écologiques nécessaires à la pêche, au tourisme et aux autres activités liées à la mer. Préserver ces écosystèmes devient donc une condition incontournable pour assurer la viabilité et la crédibilité de cette stratégie économique.
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SEBASTIEN SAUVAGE (Eco-Sud) :
« La restauration seule ne suffit pas, il faut agir sur les causes profondes »
Décrit comme « une tempête de neige silencieuse qui s’abat sur le récif » par la fondatrice de Healthy Reefs for Healthy People dans les Caraïbes, Melanie Mc Field, le quatrième épisode mondial de blanchissement des coraux, en cours depuis deux ans et ne cessant de battre des records affecte près de 85% des récifs de la planète. Plus de 80 pays subissent un épisode de blanchissement inédit d’après l’Agence américaine en charge des océans (NOAA) qui souligne que « la vague mondiale de blanchissement des coraux est la plus importante jamais enregistrée ». Y a-t-il lieu de s’inquiéter pour Maurice ?
Oui, c’est réellement inquiétant. Le changement climatique, principalement dû à la combustion des énergies fossiles, provoque une accumulation de CO₂ dans l’atmosphère. Cette concentration accentue l’effet de serre, entraînant une hausse des températures mondiales, y compris celle de la mer.
Le CO₂ se dissout naturellement dans la mer provoquant également l’acidification des océans, ce qui modifie leur pH et affaiblit les écosystèmes marins, notamment les coraux.
Fin 2024, les scientifiques ont annoncé que la septième limite planétaire a été franchie. Ce concept des limites planétaires définit neuf processus naturels indispensables à la stabilité de la vie sur Terre.
Au niveau des températures dans la région de l’océan Indien, les projections sont particulièrement alarmantes. Les scénarios climatiques indiquent une augmentation des températures de 1 à 2 °C d’ici 2100 dans les cas optimistes, et jusqu’à 5 °C dans les plus pessimistes. Maurice n’est pas épargnée. Le 2 mai dernier, lors d’un atelier organisé par Eco-Sud, intitulé « Quel avenir pour la restauration des récifs coralliens à Maurice ? », le Dr Jay Doorga a partagé les tendances de la température de l’eau de mer côtière révélant ainsi une augmentation de la température de la surface de la mer d’environ 0,66 °C au cours de la période 2003-2020 par rapport à l’intervalle 1985-2003, avec une augmentation de la température décennale de 0,16 °C. De plus, il a noté qu’en 2025, un pic à 33 °C a été enregistré à Rivière-Noire.
Quels sont les risques sur la biodiversité marine à Maurice ?
L’acidification des océans nuit aux organismes marins qui ont besoin de calcium pour se former, comme les coraux, les coquillages et même le plancton. Ces perturbations affectent l’ensemble de la chaîne alimentaire marine, menaçant l’équilibre des écosystèmes.
La hausse des températures provoque également des bouleversements majeurs : détérioration des récifs, migration des espèces vers des zones plus froides, disparition d’habitats critiques.
Les coraux, par exemple, vivent en symbiose avec des algues qui leur fournissent couleur et énergie. Lorsque l’eau devient trop chaude, les coraux expulsent ces algues, perdant ainsi leur couleur et, surtout, leur source de survie. Si les températures ne redescendent pas rapidement, les coraux ne peuvent pas se régénérer, ce qui conduit à leur mort.
L’UNESCO alerte sur le fait que plus de 50 % des espèces marines pourraient être menacées d’extinction d’ici 2100. À +1,1 °C, 60 % des écosystèmes marins sont déjà dégradés ou exploités de manière non durable. À +1,5 °C, 70 à 90 % des récifs pourraient disparaître. À +2 °C, la quasi-totalité serait perdue.
Eco-Sud effectue déjà un travail sur la restauration et la préservation de l’écosystème des récifs coralliens ? À quel point ce travail est-il un succès et comment adapter ce travail à cette situation mondiale alarmante ?
Le travail d’Eco-Sud sur la restauration des récifs coralliens est essentiel mais fortement mis à l’épreuve par la crise climatique actuelle. En 2025, nos nurseries sous-marines n’ont pas été épargnées : environ 80 % des coraux ont subi un blanchiment jusqu’à ce jour, avec un taux de mortalité déjà estimé à 30 %. Malgré cela, nous avons transplanté plus de 6000 fragments dans le parc marin de Blue Bay, et poursuivons nos efforts. Cela démontre que même des initiatives bien établies sont vulnérables face à l’intensification des pressions climatiques.
Parallèlement, nous développons un projet de restauration par reproduction sexuée ainsi qu’un programme de lutte contre l’érosion à l’île au Phare en combinant ingénierie écologique et restauration de coraux. Ces actions sont cruciales pour maintenir une base de coraux résilients, impliquer les communautés et renforcer la recherche appliquée.
Mais s’adapter exige plus : choisir des espèces plus robustes, restaurer les Wetlands, protéger les mangroves et surveiller la qualité de l’eau. Surtout, il est urgent que nos lois évoluent pour reconnaître la nature comme un acteur légitime. La restauration seule ne suffit pas : il faut agir sur les causes profondes de la dégradation.
Quels sont les autres moyens dont Maurice dispose pour minimiser l’impact sur nos récifs coralliens ?
Le développement côtier non planifié est un facteur de dégradation majeur. Entre 1994 et 2024, les zones construites ont triplé, passant de 2,4 % à 7,6 %. Le développement côtier progresse deux fois plus vite que dans l’intérieur du pays, provoquant érosion, ruissellement, et sédimentation dans les lagons — autant de pressions supplémentaires sur les récifs.
Nous devons impérativement protéger les zones humides restantes, restaurer les mangroves, arrêter d’artificialiser nos sols et réduire les pollutions d’origine agricole et urbaine (pesticides, eaux usées non traitées).
En conclusion ?
Nous vivons une crise écologique sans précédent pour les coraux. Soyons réalistes : même si l’humanité change profondément son rapport à la nature, les années à venir seront difficiles.
L’espoir de survie des coraux est mince — mais il existe. Et c’est précisément cela qui doit nous pousser à agir. Ce combat ne concerne pas que les scientifiques ou les techniciens. C’est un enjeu national. Il touche à notre alimentation, à la sécurité de nos côtes, à l’économie touristique, à notre patrimoine naturel et à ce que nous laisserons aux générations futures. Chacun a un rôle à jouer. Il nous faut rassembler nos compétences, nos expériences, mais surtout notre volonté de dialoguer et de coopérer.