Journée des compétences : Au-delà des connaissances, le savoir-vivre à rechercher…

Les compétences des jeunes au service de la paix et du développement. Tel est le thème de la Journée mondiale des compétences célébrées par les Nations unies chaque 15 juillet. N’y a-t-il pas là matière à réflexion quant aux types de compétences que nous voulons développer chez nos futurs adultes ? Au-delà des connaissances sur lesquelles se focalise notre système éducatif, d’autres compétences, dont le savoir-vivre ne sont-elles pas primordiales ?

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Détenteur d’un doctorat en anthropologie des religions et d’un Certificate in Peace and Studies, Jonathan Ravat est aussi directeur de l’Institut Cardinal Jean Margéot (ICJM) qui dispense une multitude de formations sociales, politiques et économiques, entre autres. Il souligne la nécessité d’un va-et-vient entre l’école et l’interaction avec des mouvements où fleurissent des valeurs. « L’éducation est plus large que le scolaire », dit-il, ajoutant que le programme scolaire lui-même « doit impérativement donner lieu au développement des intelligences et non pas qu’à de l’intelligence en faveur des langues et des maths ». Il s’interroge de surcroît : « Comment veut-on offrir à un jeune un métier requérant de l’expérience quand on ne lui a pas donné l’occasion de commencer cette même expérience ? Il y a une sérieuse concertation à avoir entre le système académique et l’industrie. »

Adilla Diouman-Mosafeer, fondatrice de Talent Lab et Human Resource Management Consultant and Strategist, abonde dans le même sens en pointant l’écart entre les compétences acquises par les jeunes et les exigences des employeurs qui demeurent un problème. Elle met en avant le fait que dans un entretien, au-delà des compétences techniques du candidat, le recruteur « scrute sa personnalité, son attitude et son comportement ». Contrairement aux attentes, témoigne-t-elle, des candidats fort qualifiés peuvent rester sans emploi. Elle plaide pour des programmes de développement de Soft Skills dans les écoles en vue « de faire grandir nos jeunes avec les qualités nécessaires pour affronter la vie professionnelle. Notre système éducatif, dès le niveau primaire, doit inculquer l’entrepreneuriat et l’analyse critique. Le Spoon Feeding ou Brain Cramming sont dépassés. »

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Alain Beche, proviseur du collège technique Saint-Gabriel, se demande si « nous avons donné la chance à nos jeunes de découvrir leurs talents et si nous les avons aidés à les développer ». En effet, ironise-t-il, « si un jeune a des dons et souhaite évoluer dans certaines matières, que ce soit la musique ou autre, mais n’a pas l’opportunité de le faire, comment peut-on attendre de lui certaines compétences ? » Il étrille le fait qu’on impose aux jeunes des matières comme l’anglais, le français et les maths sans les canaliser vers un domaine qui les intéresse. « Si nous donnons la possibilité et les moyens aux jeunes, ils pourront faire émerger des compétences. Les jeunes sont remplis de talents, il suffit de leur faire confiance et les guider », dit-il, convaincu.

JONATHAN RAVAT (DIRECTEUR DE L’ICJM) :

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« L’éducation est plus large que le scolaire »

Le thème de la Journée mondiale des compétences des jeunes cette année, « Les compétences des jeunes au service de la paix et du développement », vient souligner le rôle crucial que jouent les jeunes dans la consolidation de la paix et la résolution des conflits. En tant que détenteur d’un Certificate in Peace and Interfaith Studies, mais aussi en tant que directeur de l’ICJM qui dispense une multitude de formations sociales, économiques entre autres, estimez-vous que le programme scolaire des jeunes Mauriciens va dans cette direction ?

Sur un ton personnel, je suis moi-même un produit du système éducatif mauricien du pré-primaire au tertiaire. Je suis donc bénéficiaire de ce système qui a su développer en moi à la fois la connaissance et les compétences. Cela ne s’est toutefois pas fait sans l’interaction avec le monde hors-scolaire, avec d’autres jeunes, des adultes et des opportunités de formation dans des groupes de jeunes.

Il y a la nécessité d’un va-et-vient entre le programme scolaire et les autres composantes de la société, à plus forte raison quand nous savons que ce même programme est sujet à des défis ; requérant une attention constante pour combler les lacunes, pour l’améliorer, pour l’ajuster et pour répondre aux exigences du XXIe siècle, notamment en matière de compétences.

Pour vous, il est capital d’avoir des activités extra-scolaires pour aller dans le sens de la consolidation de la paix ?

Absolument. Aujourd’hui, nous voyons une espèce de transformation du profil de l’enseignant. Cette mutation du profil est le propre de la vie. Il est d’ailleurs plus juste de parler d’éducateur que d’enseignant.

En même temps, cette transformation du profil fait que l’éducateur est aussi le travailleur social, le psychologue, le coach, l’entraîneur. En d’autres mots, nous ne sommes pas à l’abri du risque de Dumping sur le dos de l’éducateur. Certains parents ont alors tendance à s’éloigner, voire démissionner de leur responsabilité.
Tout comme nous ne pouvons tout mettre sur le dos de l’éducateur, nous ne pouvons tout mettre sur l’école, qui est l’ordre du scolaire. L’éducation est plus large que le scolaire.

Que préconisez-vous pour que nos jeunes puissent avoir les outils essentiels pour la consolidation de la paix ?
Le programme scolaire lui-même doit impérativement donner lieu au développement des intelligences et non pas que de l’intelligence en faveur des langues et des maths. Il y a d’ailleurs une grande question à se poser quant à la prééminence de l’anglais comme matière incontournable à tel point que si l’élève échoue en anglais, il échoue partout.
Il y a une réflexion à avoir à ce niveau. Il y a un débalancement par rapport aux autres disciplines mais surtout par rapport aux autres intelligences. Un être humain n’est pas porteur d’un seul type d’intelligence comme mis en avant par Howard Gardner qui parle de huit intelligences.

Le cadre scolaire ne peut être une fin en soi mais doit être en dialogue avec d’autres institutions, à l’exemple de mouvements où des jeunes peuvent se retrouver. La pédagogie du jeune par les jeunes avec les jeunes dont j’ai été moi-même bénéficiaire est salvatrice pour eux.

Les mouvements dont vous parlez incluent le scout par exemple ?
Absolument. Notre pays regorge de mouvements tels. Il y a aussi le Duke of Edinburgh’s Award. Il y a des groupes de jeunes qui sont Faith-Based et d’autres qui ne le sont pas. Les clubs de jeunes comme le Rotary et le Lions rassemblent pour leur part des Mauriciens de tous horizons et favorisent l’amitié et la fraternité. Pour moi, de telles relations sont extrêmement pertinentes en matière de développement de compétences, d’intelligences et autres expériences du jeune Mauricien.

Le but général de cette journée est de se focaliser sur l’importance stratégique de doter les jeunes de compétences pour l’emploi, le travail décent et l’entrepreneuriat. Nos jeunes ont-ils ces compétences à l’issue de leurs études ?
Oui et non. Il y a dans notre système scolaire indéniablement un savoir qui est dispensé. Je prends l’exemple de ces nombreux instituteurs et enseignants que je rencontre dans le cadre de mes responsabilités et qui sont des citoyens dévoués, soucieux du devenir de l’enfant mauricien qui leur est confié. L’issue des études est une chose. Il y a aussi toute la part de l’expérience. Il faut que nous ayons l’audace d’affronter une ‘schizophrénie’ chez nous : nous avons construit un programme scolaire.

Puis, lorsque le jeune postule pour un emploi, nous le fustigeons pour manque d’expériences. Comment voulons-nous offrir à un jeune un métier requérant de l’expérience quand nous ne lui avons pas donné l’occasion de commencer cette même expérience. Il y a une sérieuse concertation à avoir entre le système académique et l’industrie.

Mais, au niveau de la communauté des affaires, il y a une prise de conscience de la nécessité de modifier les structures liées à l’emploi. Heureusement, nous avons beaucoup d’acteurs tant du privé que du public qui sont conscients de la nécessité d’un réajustement.

Vous collaborez avec Business Mauritius sur la question de la croissance inclusive. Avons-nous les ingrédients nécessaires à Maurice pour former des citoyens du monde responsables et pour promouvoir un avenir plus juste, plus inclusif et plus durable ?
Nous avons les ingrédients du savoir et du développement des compétences tant sur le plan scolaire et en dehors de l’école, tant du secteur privé et public. Il ne faut pas tomber dans le piège de l’insularité et du nombrilisme, de se dire que nous nous suffisons à nous-mêmes. Il faut toujours être en lien avec ce qui se fait ailleurs.

Quelles sont vos préoccupations et attentes concernant le développement des compétences à Maurice ?
Il faut combattre le réductionnisme. Par exemple, nous réduisons les humains à de simples individus, consommateurs, électeurs. Idem dans l’éducation, nous tomber dans le risque du réductionnisme vers une seule compétence. Mon aspiration, c’est le contraire : promouvoir l’interdisciplinarité qui dotera nos jeunes d’un esprit plus plastique et holistique ; les faire penser et non pas juste mémoriser et réciter. Cela développera une mentalité qui sera les prémices d’une autre mauricianité par rapport à l’autre dans le monde. Les faire travailler en marchant ensemble, ce qui suppose l’interculturalité.

ADILLA DIOUMAN-MOSAFEER (TALENT LAB) :

« Le recruteur scrute la personnalité, l’attitude et le comportement »

Lorsque l’Assemblée nationale des Nations unies avait initié la célébration de la Journée des Compétences, le but général consistait à se focaliser sur l’importance stratégique de doter les jeunes de compétences pour l’emploi, le travail décent et l’entrepreneuriat. Nos jeunes ont-ils ces compétences à l’issue de leurs études ?

Il est indéniable que les jeunes Mauriciens acquièrent des compétences précieuses au cours de leurs études. Le système éducatif du pays a connu des améliorations notables ces dernières années, avec un accent accru sur l’apprentissage pratique, le vocationnel et les compétences entrepreneuriales. Cependant, des défis persistent. L’écart entre les compétences acquises par les jeunes et les exigences des employeurs demeure un problème. Certains diplômés peinent à trouver un emploi correspondant à leur formation, tandis que d’autres secteurs manquent de main-d’œuvre qualifiée. Aussi, les compétences techniques ne suffisent plus.

L’acquisition de compétences non techniques, telles que la communication, le travail d’équipe, la résolution des conflits et l’analyse critique, sont toutes essentielles pour réussir dans le monde d’aujourd’hui qui reste en constante évolution. Lors d’un entretien, le recruteur scrute judicieusement la personnalité, l’attitude et le comportement du candidat, pas forcément les compétences techniques.
Des candidats fort qualifiés au niveau technique restent ainsi sans emploi. Comme le dit si bien Simon Senek : « you don’t hire for skills, you hire for attitude ». Si l’attitude envers l’apprentissage continu des compétences techniques et soft est présente, le jeune trouvera sa place plus facilement.

Comment peut-on améliorer les compétences de nos jeunes dans ces domaines ?
Plusieurs actions sont possibles. Pour mettre au point le travail décent et l’entrepreneuriat, une collaboration plus étroite est à définir entre les institutions éducatives, les Policy Makers et le privé. Les acteurs et décideurs doivent établir la demande au niveau des compétences et ainsi définir la stratégie appropriée pour réduire l’écart entre la compétence demandée et celle disponible.

L’école doit pouvoir apprendre le fait que la scolarité n’est pas la finalité de l’éducation et de l’apprentissage. Il faut intégrer les programmes de développement de Soft Skills dans les écoles déjà et faire grandir nos jeunes avec les qualités nécessaires pour affronter la vie professionnelle. Aussi, le pont entre les institutions éducatives et le monde du travail doit se rétrécir. Une collaboration constante entre les deux est cruciale pour assurer que la formation de nos jeunes intègre les compétences recherchées.

À travers cette journée, les Nations unies prônent la formation de citoyens responsables en vue d’un avenir plus juste, plus inclusif et plus durable pour tous. Ces adjectifs vous paraissent-ils réalisables et loin de la réalité ?

L’objectif de former des citoyens responsables pour un avenir juste, inclusif et durable est réalisable à Maurice, mais des efforts concertés sont nécessaires : l’éducation civique et morale dans les programmes scolaires nécessitent une attention accentuée pour promouvoir des valeurs telles que le respect, la responsabilité, la solidarité et le civisme.
Je suis aussi d’avis qu’inciter les jeunes à s’engager dans la vie publique, le bénévolat et les initiatives communautaires favorisera le développement de futurs citoyens compétents et responsables et ainsi contribuer à un avenir durable.

Qui dit compétences dit aussi préparation aux emplois du futur, donc des compétences dans le secteur de l’Intelligence artificielle, de l’économie verte, etc. Maurice est-elle en bonne voie à ce niveau ?
L’engagement de Maurice dans la préparation de nos jeunes est visible, notamment à travers les investissements dans des domaines clés, dont la technologie. Les programmes de formation en IA sont déjà en place pour permettre au jeune de se développer dans ce secteur très en vue. Par exemple, l’UoM propose des cours en IA ainsi qu’une MSc en Intelligence artificielle et robotique, tandis que l’UTM offre un Master en AI and Machine Learning.  De plus, des centres d’innovation et d’incubation soutiennent les jeunes entrepreneurs développant des solutions innovantes basées sur l’IA.

L’accent est aussi mis sur le développement de compétences dans les secteurs de l’énergie renouvelable, de l’agriculture durable et de la gestion de l’environnement pour répondre aux défis du changement climatique. Les institutions telles le Mauritius Institute of Sustainable Development et le FAREI et le National Environment Agency sont actives, mais pas nécessairement focalisées sur le Capacity Building de nos jeunes. Il est impératif d’adapter les programmes d’enseignement aux besoins des métiers émergents pour garantir aux jeunes une chance maximale adaptée aux évolutions rapides du marché du travail.

Le système de veille technologique mis en place par le HRDC permet d’identifier les compétences émergentes requises. Le HRDC prend des initiatives pour réduire l’écart et certainement ces efforts ne seront pas vains si tous les autres acteurs ont une participation qui soit cohérente.

Quelles sont vos préoccupations et attentes en ce qui concerne le développement des compétences à Maurice ?
Nous avons besoin d’un système éducatif qui s’adapte aux besoins de l’économie nationale et globale, aux tendances du futur et non pas aux besoins et souhaits des joueurs politiques. Certes, l’adaptation est nécessaire mais avec un focus sur le citoyen qui émergera du système ; qui saura naviguer sur le marché mondial du travail, un marché qui devient de plus en plus exigeant. Notre système éducatif, dès le niveau primaire doit inculquer l’entrepreneuriat et l’analyse critique. Le Spoon Feeding ou Brain Cramming sont dépassés.
Les programmes de formation ne s’adaptent pas, dans leur majorité, aux exigences des emplois émergents et des technologies de pointe, à la rapidité de la transformation digitale par exemple. Le système éducatif doit être plus réactif aux besoins du marché du travail.
Le concept de Life Long Learning est plus que jamais primordial. Les efforts contribueront à la réalisation de l’objectif de développement durable (SDG) 4 et permettront aux jeunes Mauriciens de jouer un rôle actif dans la construction d’un avenir plus juste, inclusif et durable.

ALAIN BECHE (COLLÈGE SAINT-GABRIEL) :

« Permet-on à nos jeunes de découvrir leurs talents et de les développer ? »

Lorsque l’Assemblée nationale des Nations unies avait initié la célébration de la Journée des Compétences, le but général consistait à se focaliser sur l’importance stratégique de doter les jeunes de compétences pour l’emploi, le travail décent et l’entrepreneuriat. Nos jeunes ont-ils ces compétences à l’issue de leurs études ? Quelle est votre observation ?
Tous les jeunes ont du potentiel, chacun à leur manière. Il faut les aider à découvrir leur vrai talent. Si on leur donne une matière qu’ils n’aiment pas, ils ne pourront développer leurs compétences. Un jeune développera des compétences dans un domaine qui le motive. Prenons les ouvriers étrangers, le pays les importe parce qu’ils ont certaines compétences que nous n’avons pas.

Mais, avons-nous donné la chance à nos jeunes de découvrir leurs talents et les aider à les développer ? Dans certains collèges, nous n‘offrons pas certaines combinaisons. Si un jeune a des dons et souhaite évoluer dans certaines matières, que ce soit la musique ou autre, mais n’a pas l’opportunité de le faire, comment pouvons-nous attendre de lui certaines compétences ?

Comment pouvons-nous améliorer la situation ?
Il faut recommencer à poser cette question aux jeunes : que souhaites-tu faire dans ta vie future ? Ils doivent commencer, comme dit Covey, avec la fin en tête. Un jeune doit avoir des objectifs, savoir où il veut aller dans 10/15 ans. Où aimerait-il se voir dans la société à cette époque-là. Souvent, quand nous demandons à un jeune ce qu’il souhaite faire plus tard, il ne sait pas. Nous lui imposons des matières comme l’anglais, le français et les maths mais nous ne le canalisons pas vers une matière qui l’intéresse. Les jeunes ne savent pas où aller. Il faut les guider.

Dans notre système, tout le monde vise 5 Credits pour aller en HSC, 4 Credits pour aller dans une école polytechnique, 3 Credits pour accéder au MITD. Nous encourageons l’élitisme et après nous souhaitons trouver de la main-d’œuvre à bon marché. Si nous nous focalise sur l’élitisme, il faut prévoir de pouvoir payer la main-d’œuvre convenablement.
Pour moi, il n’y a pas d’enfant bête. Il faut savoir les valoriser. Prenons Noémi Alphonse, malgré son handicap, elle a des compétences, nous avons su l’écouter, lui faire confiance et lui donner les moyens – ABC Motors l’a parrainée, elle a travaillé dur pour remporter le titre de championne du monde. Je crois que si nous donnons la possibilité et les moyens aux jeunes, ils pourront faire émerger des compétences. Certains ont des capacités dans un domaine mais ne peuvent s’y lancer car ce n’est pas valorisant, pas bien rémunéré.

À travers cette journée, les Nations unies prônent la formation de citoyens responsables en vue d’un avenir plus juste, plus inclusif et plus durable pour tous. Ces adjectifs vous paraissent-ils réalisables et loin de la réalité ?

Non, c’est réalisable. Au collège Saint-Gabriel, nous adoptons la méthode préventive des Salésiens de Don Bosco, une pédagogie dont le but justement est de former des citoyens honnêtes et responsables pour que quand ils nous quittent, ils deviennent des personnes sur qui on peut compter. Nous croyons énormément dans ces valeurs. La preuve : nos élèves sont demandés partout. Les jeunes sont remplis de talents, il suffit de leur faire confiance et les guider. Par exemple, si le prof arrive en retard tous les jours, forcément l’élève prendra cela comme exemple. Si nous interdisons à un enfant d’utiliser son téléphone en classe et que l’enseignant se met à parler au téléphone pendant la classe… Idem pour la vie à maison.

Qui dit compétences dit aussi préparation aux emplois du futur, donc des compétences dans le secteur de l’Intelligence artificielle, de l’économie verte, etc. Maurice est-elle en bonne voie à ce niveau ?

Cela commence mais je trouve qu’il faudra faire un peu plus d’efforts. Il faudra qu’au niveau de l’État et ailleurs, nous commençons à arrêter d’utiliser certaines choses. Par exemple, nous produisons toujours de l’électricité à partir du charbon. Nous offrons des panneaux solaires mais c’est seulement à ceux qui consomment une certaine quantité d’électricité. Or, si nous voulons que la population prenne cela au sérieux, il faut donner à tout le monde.

De quelle manière la question des compétences est-elle liée au problème du chômage à Maurice ?
Si nous n’orientons pas les jeunes vers les domaines qui les motivent, s’ils ont des compétences dans certains domaines mais que nous ne valorisons pas ces domaines, ils accepteront de se lancer dans certaines filières qui sont peut-être saturées et ils seront alors au chômage. Il faut les former dans les domaines où il y a une grande demande de main-d’œuvre. Il faut valoriser ces autres filières. Autrement, tout le monde, surtout aujourd’hui, a tendance à courir après des postes bien rémunérés. C’est normal que tout le monde veuille être à l’aise, mais ils abandonnent ces filières où ils ont des prédispositions.

Ces postes bien rémunérés sont souvent saturés.
Je connais beaucoup de jeunes qui ont fait leurs études à l’étranger et ne trouvent pas d’emploi une fois à Maurice. Leurs compétences finalement ne sont pas utilisées car ils vont faire autre chose faute d’embauche dans leur filière. Par exemple, un jeune après l’université ne trouve pas d’emploi et postule pour l’enseignement. Il devient enseignant alors que ce n’est pas sa vocation. Il n’est pas à sa place alors qu’il a des compétences.

Quelles sont vos préoccupations et attentes en ce qui concerne le développement des compétences à Maurice ?
Il faut d’abord valoriser les personnes et les métiers. Certains disent qu’il ne faut pas qu’il y ait un nivellement vers le bas. Nous ne nivelons pas vers le bas mais d’après les compétences des jeunes. Si quelqu’un est bon dans un domaine et que nous valorisons ce domaine et nous lui donnons les moyens, il va exceller et être productif pour le pays.

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