Le cyclone Belal n’est qu’un des exemples de conditions météorologiques extrêmes avec lesquelles l’humanité devra désormais conjuguer. Comment s’adapter à cette nouvelle réalité ? Quel système d’alerte et de surveillance, quelles stratégies préventives pour limiter les dégâts individuels et collectifs ?
Sunil Dowarkasing, ancien Global Strategist Greenpeace International et directeur de Greengate Consulting Ltd, tient à souligner que 2023 a été « l’année la plus chaude de ces 174 dernières années » et que « les derniers mois de 2023 ont été les plus chauds des derniers 125 000 ans ». Il ne manque pas de rappeler la vulnérabilité de Maurice, l’océan Indien se réchauffant plus rapidement que le reste des océans du monde. Si, sur le papier, estime-t-il, le pays a un plan pour s’adapter aux impacts négatifs du changement climatique, « on ne fait presque rien pour consolider la résilience de la population, en particulier ceux qui sont les plus vulnérables ». Les alertes, met-il en relief, revêtent toute leur importance. « Les recherches montrent qu’un simple avertissement de 24 heures avant l’arrivée d’une vague de chaleur ou d’une tempête peut réduire les dégâts de 30%. »
Siven Tirvassen, président de la Croix Rouge de Maurice, se dit en faveur de l’introduction de la mise en place d’un système d’alerte de canicule et de fortes chaleurs. « Les autorités doivent développer un système d’alerte pour les canicules. Ainsi, les gens développeront une culture de préparation, tout comme ils sont préparés pour les alertes et veilles de pluies ou les alertes cycloniques. » La Croix Rouge de Maurice assiste les services d’urgence à travers la mise à disposition de ses ambulances. « Nous organisons aussi des événements grand public pour la sensibilisation de la population afin d’inculquer une culture de préparation face aux risques afin de réduire l’impact des catastrophes sur l’homme. »
Ingénieur en environnement, Vassen Kauppaymuthoo martèle que la première des choses est d’arriver à changer les mentalités et à accepter le fait que le changement climatique présente un défi pour notre île et pour l’humanité. « Nous ne tenons pas compte de l’humidité, qui fait que la température de 34 °C peut amener à une température ressentie de 54 °C, ce qui est presque plus chaud qu’en plein désert. Les océans ont stocké 80% de la chaleur du changement climatique et les pluies torrentielles vont être de plus en plus fréquentes », met-il en garde, ajoutant que le niveau de la mer monte de 5,8 mm par an, soit le double de la moyenne mondiale. Ce qui l’amène à dire : « Concernant les développements sur la côte, il faut y réfléchir à deux fois ! » Pour l’océanographe, il importe de prendre les décisions politiques et économiques qui s’imposent. « On ne peut plus pratiquer le Business as Usual ! »
SUNIL DOWARKASING (Greengate Consulting) :
« Un avertissement 24 h à l’avance réduit les dégâts de 30% »
Le changement climatique a engendré de nouvelles réalités en termes de répercussions sanitaires. À Maurice, nous expérimentons déjà de manière plus récurrente des événements météo extrêmes : vagues de chaleur, cyclones plus intenses, inondations… Comment s’adapter à cette nouvelle situation ?
2023 a été l’année la plus chaude de ces 174 dernières années et les derniers mois de 2023 ont été les plus chauds des derniers 125 000 ans. Jusqu’au 2 octobre 2023, environ 86 jours de l’année ont été plus chauds par plus de 1,5 °C par rapport à la moyenne préindustrielle. Le mois d’octobre, dans son ensemble, était de 1,75 °C au-dessus du niveau préindustriel, d’après le Copernicus Climate Change Service.
C’est un fait que Maurice est confrontée depuis plusieurs années à la variabilité climatique. L’océan Indien se réchauffe plus rapidement que le reste des océans du monde, selon l’Institut indien de météorologie tropicale. Maurice reste donc un des pays les plus vulnérables. La hausse des températures de l’océan dans la région augmentera les précipitations et, donc, la gravité des inondations terrestres. L’évaporation augmente sur de grandes étendues d’eau, telles que l’océan Indien et les mers qui nous entourent à mesure que les températures augmentent.
Comme tous les autres PEID, nous serons victimes du changement climatique, malgré notre maigre contribution de 0,01% aux émissions mondiales. Maurice n’a d’autre choix que de s’adapter et de renforcer sa résilience en tant que nation. Pour cela, nous avons besoin d’une approche plus holistique et systématique. Jusqu’à présent, aucune évaluation appropriée n’a été réalisée quant à la vulnérabilité des régions face au changement climatique et à leurs populations. Nous n’avons pas de données, et sans données, il est difficile de formuler une stratégie d’adaptation. Nius ne faisons que greffer des solutions ça et là.
Quelles stratégies préventives mettre en place ? Est-on à jour s’agissant des systèmes d’alerte et de surveillance ?
Sur le papier, le pays a un plan pour éviter, minimiser ou s’adapter aux impacts négatifs du changement climatique sur des secteurs clés : l’agriculture, l’eau, la pêche et les écosystèmes, mais aussi le tourisme et les zones côtières. Mais en pratique, nous ne faisons presque rien pour consolider la résilience de la population, en particulier ceux qui sont les plus vulnérables. Nous ne disposons pas de données précises sur ces derniers.
Donc, comment et où appliquer les stratégies d’atténuation ? Il y a une compréhension inadéquate et médiocre des effets du changement climatique, et la capacité technique est insuffisante pour évaluer, examiner et surveiller les projets d’atténuation. Il nous faut des décisions éclairées pour faire progresser la réduction des risques de catastrophes.
Encore une fois, sur le papier, Maurice prétend avoir une politique nationale d’adaptation, qui est citée dans tous les forums internationaux. Expliquez donc à la population pourquoi nous perdons autant de plages côtières, pourquoi les gens sont impuissants lorsque des crues soudaines les frappent, pourquoi Maurice est classée comme pays en situation de stress hydrique par la Banque mondiale et pourquoi Maurice est No 1 mondial en matière d’utilisation de pesticides si nous avons de nombreuses politiques et plans d’action sur l’agriculture… Je pourrai citer encore et encore des exemples.
Les recherches montrent qu’un simple avertissement de 24 heures avant l’arrivée d’une vague de chaleur ou d’une tempête peut réduire les dégâts ultérieurs de 30%. Les systèmes d’alerte précoce, qui fournissent des prévisions climatiques, constituent l’une des mesures d’adaptation les plus rentables. Maurice bénéficiera du système Early Warning for
All, initiative de l’ONU, d’ici à 2027.
Les stratégies d’adaptation sont pourtant urgentes, compte tenu que le coût de l’inaction peut s’avérer très élevé, n’est-ce pas ?
Entre 2002 et 2019, Maurice a reçu un total de USD 545 millions de financement ciblant le changement climatique. Plus de 75% de ces fonds étaient principalement axés sur l’atténuation (Institut de l’environnement de Stockholm, 2022). Selon la même source, les engagements de financement du développement ciblant l’atténuation du changement climatique ont totalisé USD 85,9 millions de 2016 à 2019, alors que le financement de l’adaptation n’a totalisé que USD 10,6 millions de 2016 à 2019 et que les documents officiels du gouvernement citent une somme de USD 4 milliards nécessaire pour l’adaptation. Malgré tout l’argent dépensé pour l’atténuation, les émissions de dioxyde de carbone ont continué d’augmenter au rythme de 3,3% par an. À tel point que nous ne respecterons pas notre propre National Determined Contribution soumise à l’UNFCCC.
Devrait-on prévoir un plan d’urgence pour les personnes habitant les zones inondables ?
Tout d’abord, le rapport sur les zones sujettes aux inondations doit être rendu public et les personnes y vivant doivent savoir qu’elles habitent des zones à risques. Le rapport est tellement verrouillé que nous dirions qu’il s’agit d’un secret d’État. Comment comptez-vous alors résoudre les problèmes d’inondations en tant que tels ?
Deuxièmement, il est nécessaire de constituer une base de données puis d’élaborer un plan d’action pour empêcher l’eau de se diriger vers ces zones. Il existe de nombreuses techniques connues pour y parvenir. Après avoir étudié l’entrée de l’eau, la meilleure solution serait de s’assurer que ces régions soient bien entourées de drains pour empêcher l’entrée de l’eau. Ce que nous faisons dans le pays, c’est laisser l’eau entrer, inonder les maisons, détruire tous les biens et ensuite investir Rs 1 milliard dans les égouts. C’est pour cela que le rapport Disaster Risk Management: a Capacity Diagnosis 2020 mentionne que la capacité du pays pour gérer les catastrophes est moyenne.
Les Dos and Don’ts devraient-ils être mis à jour dans les manuels scolaires ?
L’éducation au changement climatique aide les gens à comprendre et à faire face aux impacts en leur donnant les connaissances, les compétences, les valeurs et les attitudes nécessaires pour agir en tant qu’agents de changement. L’intégration du changement climatique et de la durabilité dans les programmes des écoles primaires et secondaires contribuerait à donner à davantage de jeunes et à leurs communautés les moyens d’agir sur cette question. J’ai lancé un tel projet pendant mon mandat à la commission MID et j’ai créé plus de 100 clubs MID.
SIVEN TIRVASSEN (Croix Rouge de Maurice) :
« Pour l’introduction d’un système d’alerte de canicule »
Le changement climatique a engendré de nouvelles réalités en termes de répercussions sanitaires. À Maurice, nous expérimentons déjà de manière plus récurrente des événements météorologiques extrêmes : vagues de chaleur, cyclones plus intenses, inondations… Quel est le constat de la Croix Rouge ? Recevez-vous plus de demandes d’interventions pour sauver des gens ?
Nous constatons effectivement qu’avec le changement climatique, l’augmentation de la température, couplée du taux élevé, résulte en des épisodes de canicule, avec un effet néfaste sur la santé de la population, principalement les plus vulnérables, dont les personnes âgées. C’est pour cette raison que la Croix Rouge de Maurice est en faveur de l’introduction de la mise en place d’un système d’alerte de canicule et de fortes chaleurs. Nous partageons aussi, au sein de la Croix Rouge, les avis du monde scientifique à l’effet qu’il existe une grande possibilité d’avoir des cyclones de plus en plus intenses. Donc, la Croix Rouge de Maurice se prépare déjà à faire face à ces éventualités et à y répondre efficacement si le besoin s’en fait sentir.
Nous ne recevons pas des demandes directement, car ce genre de demandes est adressé aux différentes unités d’urgence du pays, comme les sapeurs-pompiers, la police, le Samu, etc. Néanmoins, à travers le National Disaster Risk Reduction and Management Centre (NDRRMC) et la National Emergency Operations Command (NEOC), dont la Croix Rouge de Maurice est membre permanent, nous assistons les services d’urgence, notamment avec la mise à disposition de nos ambulances, y compris lors des alertes cycloniques, car nous avons actuellement une Heavy Duty Ambulance. Nous nous appuyons aussi sur les réseaux sociaux pour la dissémination de messages de sensibilisation et de précautions.
Pensez-vous que le pays doit améliorer son système d’alerte et de surveillance face aux épisodes météorologiques extrêmes ?
Nos systèmes d’alerte sont très efficaces et, depuis quelque temps, nous avons noté des améliorations énormes. Néanmoins, le changement climatique ne facilite pas les prévisions météorologiques. Il faut aussi que la population réagisse en conséquence et aussi en amont afin que les impacts de ces extrêmes climatiques soient les plus faibles possible sur l’homme.
Mais nous sommes d’avis que les autorités doivent développer un système d’alerte pour les canicules, car nous n’en sommes pas au premier ni au dernier épisode de fortes chaleurs. Ainsi, les gens développeront une culture de préparation pour les canicules, comme ils sont préparés pour les alertes et veilles de pluies ou les alertes cycloniques.
Devrait-on prévoir un plan d’urgence pour les personnes habitant les zones inondables ?
Il existe plusieurs plans d’urgence développés par les collectivités locales, tels que les mairies et les conseils de district. Le dernier en date à notre connaissance est celui de Port-Louis. Nous sommes d’avis que la population devra agir en conséquence et commencer à réfléchir sur les plans familiaux et communautaires afin que ces derniers puissent agir en attendant l’arrivée des secours.
La Croix Rouge de Maurice a initié, avec la NDRRMC, un programme de formation pour augmenter la capacité de la communauté. Le Community Disaster Response Programme est un atout pour que la population puisse développer le concept de Self-Help, Mutual Help. La population doit être prête à réagir aux alertes et aussi protéger leurs biens en conséquence.
Des informations préventives en cas de foudre s’avèrent aussi nécessaires vu que nous expérimentons de plus en plus souvent les tempêtes électriques… La Croix Rouge sensibilise-t-elle la population sur le changement climatique et les précautions à prendre ?
Nous sommes d’avis que la population doit suivre les conseils mis en avant par les autorités avec les bulletins d’alerte. La Croix Rouge de Maurice a développé plusieurs outils ludo-pédagogiques afin de sensibiliser la population, surtout les jeunes et les enfants, car nous croyons que ces derniers sont les meilleurs véhicules d’informations, pouvant aussi influencer les comportements des adultes. Nous organisons aussi des événements grand public pour la sensibilisation de la population afin d’inculquer une culture de préparation face aux risques afin de réduire l’impact des catastrophes sur l’homme.
Les Dos and Don’ts devraient-ils être mis à jour dans les manuels scolaires (la famille est-elle prête à faire face à une inondation, plan d’urgence, la trousse d’urgence etc.) ?
La Croix Rouge de Maurice a développé des manuels de référence qui sont aussi utilisés dans les écoles. On émet aussi de temps en temps des conseils, même sous forme de dessins animés, pour informer la population sur les réseaux sociaux. Nous ne pourrons pas arrêter les effets du changement climatique.
Ces événements peuvent causer des pertes de vies humaines, des déplacements forcés, des pertes économiques et des dommages environnementaux. Les enfants et les jeunes sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique, car ils représentent la moitié de la population mondiale et sont les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, prendre des mesures pour s’adapter au changement climatique et réduire ses effets négatifs sont les maîtres mots.
Les mécanismes d’adaptation peuvent inclure des méthodes peu coûteuses pour sauver des vies, des terres et des moyens de subsistance. Il est crucial de prendre des mesures pour informer les groupes vulnérables et la population générale afin que ces derniers puissent réagir en conséquence et minimiser les effets négatifs du changement climatique.
Pour conclure ?
La Croix-Rouge de Maurice plaide en faveur d’un système d’avertissement de canicule. Les îles sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. Les conséquences du changement climatique sur le monde naturel sont également nombreuses, notamment les températures élevées, la sécheresse et les incendies dans certains pays, les inondations… Il est primordial que la population soit informée et conscientisée pour mieux se préparer à reconnaître les risques et à y faire face.
VASSEN KAUPAYMUTHOO (Ingénieur en environnement) : « Prendre les décisions politiques et économiques qui s’imposent »
Le changement climatique a engendré de nouvelles réalités en termes de répercussions sanitaires. À Maurice, nous expérimentons déjà de manière plus récurrente des événements météorologiques extrêmes : vagues de chaleur, cyclones plus intenses, inondations… Tout cela nous rend plus vulnérables tant individuellement que collectivement. Comment s’adapter à cette nouvelle situation ?
La première des choses, c’est que les gens (les autorités, le secteur privé, la société civile et la population) commencent à réaliser et à accepter que le changement climatique va changer notre vie. Il y a un groupe de sceptiques qui ferment les yeux et qui pensent que ces effets ne concernent pas leur génération et pour qui c’est Business as Usual.
La première chose, pour moi, est d’arriver à changer les mentalités et à accepter le fait que le changement climatique présente un défi pour notre île et pour l’humanité. Il s’agit de comprendre que les choses sont désormais différentes.
Deuxièmement, au niveau économique, nous avons tendance à mesurer le succès d’un pays par son PIB, son taux de croissance, etc. Mais nous sommes déjà sûrs que le changement climatique aura un impact très important. Là encore, certains se disent qu’ils feront de l’argent rapidement et « après moi le déluge », tandis que d’autres s’y préparent. Le gouvernement a d’ailleurs lancé une étude sur l’impact du changement climatique sur l’économie mauricienne. Le volet financier et le volet social, aujourd’hui, doivent intégrer le changement climatique. Au niveau des actionnaires et des fonds de pension, cela doit être pris en considération, car ces fonds vont souffrir du changement climatique.
Le coût de l’inaction peut s’avérer très élevé… Quelles stratégies définir de manière urgente ?
Quand nous parlons de changement climatique, il y a l’atténuation (s’attaquer à la cause) et l’adaptation (nous savons qu’il y a des impacts et nous nous y adapteons). Au niveau de l’atténuation, à Maurice, nius consommons beaucoup d’énergie fossile; nous avons 800 000 véhicules sur les routes, alors que nous sommes une île bénéficiant du vent, du soleil et des vagues. Nous avons beaucoup de sources d’énergie renouvelable, mais le mix est encore très mauvais.
Il ne faut pas croire que l’atténuation est l’affaire des autres, pensant qu’on est une petite île produisant seulement 0,05% du dioxyde carbone émis par le monde. Chacun a son rôle à jouer. Il n’y a pas de petits voleurs ou de grands voleurs. Le CEB a le monopole et il faut lui demander la permission pour installer des panneaux photovoltaïques. C’est comme si le soleil appartenait au CEB, et nous n’avons pas le droit de produire notre propre énergie renouvelable. Il faut casser le monopole du CEB pour libéraliser le marché de l’énergie.
La deuxième partie du plan de bataille est l’adaptation. Plusieurs études ont été financées par l’Agence Française de Développement (AFD) dans lesquelles on a défini la vulnérabilité de Maurice. Ensuite, il y a le Land Drainage Master Plan, auquel j’ai participé, et qui explique les zones inondables. Il y a une troisième étude par rapport au système d’alertes. Maurice, petit état insulaire, est très vulnérable par rapport au changement climatique, qui nous affectera bien plus que les autres pays. Il n’y a pas que les canicules, mais il y a le changement de température océanique (les océans ont stocké 80% de la chaleur du changement climatique). Tandis que les pluies torrentielles seront de plus en plus fréquentes. 327 zones inondables ont été identifiées.
Construire des drains, c’est transférer le problème du point A au point B. Nois ne pouvons continuer à faire des développements dans toute l’île. Nus avons aujourd’hui beaucoup d’investisseurs étrangers qui viennent vendre sur plans 3D des rêves à des étrangers qui se retrouvent avec des terrains sur des flancs de montagne ou zones inondables.
Des fois, ce sont des Wetlands qui sont comblées et les habitants se retrouvent pieds dans l’eau quand il pleut. Avec le changement climatique, on ne peut plus enlever, morceler et vendre. Le niveau de la mer monte de 5,8 mm par an, soit le double de la moyenne mondiale. Les développements sur la côte, il faut y réfléchir à deux fois.
Est-on à jour s’agissant des systèmes d’alerte et de surveillance ?
Par rapport aux canicules, nous n’avons pas un système d’alerte très au point. Juste une météo qui dit « aujourd’hui, il fera 30 °C » et, dans la journée, la température va varier. Nous ne tenons pas compte de l’humidité, qui fait qu’une température de 34 °C peut amener à une température ressentie de 54 °C, ce qui est presque plus chaud qu’en plein désert. Ce sont des températures qui peuvent être mortelles, car le corps n’arrive plus à transpirer.
Ne faudrait-il pas des dépliants expliquant à la population quoi faire lors des canicules ?
Tout à fait. Nous avons des informations explicatives pour les cyclones, les pluies torrentielles, mais rien pour la chaleur. Il faut un système gradé comme pour les cyclones (alertes 1, 2, 3, 4) et expliquer aux gens ce qu’ils doivent faire. Il faut aussi prévoir qu’à l’avenir, il y aura certainement des jours où nous ne pourrons aller travailler. Il faudra des congés forcés par rapport aux épisodes de canicule. Cela aura un impact économique.
Quant aux cyclones, qui évoluent de plus en plus rapidement, ce sera assez compliqué de s’adapter face à tant d’incertitudes et de dangers extrêmes. Freddy, l’an dernier, a tenu 30 jours ! Nous aurons donc des cyclones bien plus intenses, et le danger, c’est que nius n’avons pas connu de gros cyclones depuis 2000. Nus avons oublié les risques et nous avons construit de belles maisons à flanc de montagne, sur des zones inondables, etc. Tout cela aura un coût sur nos infrastructures. Le changement climatique est devenu chaos climatique. Nous nous situons dans une zone de danger extrême, et Maurice encore plus. Impérativement, les recommandations scientifiques doivent être intégrées au niveau politique. Les programmes électoraux tiennent-ils compte de ces changements profonds ? L’économie sera menée, ou plutôt malmenée, par le changement climatique. Il faut prendre les décisions politiques et économiques qui s’imposent. Nous ne pouvons plus pratiquer du Business as Usual. Il faut retourner des solutions basées sur la nature.