La ratification par soixante pays du Traité sur la haute mer, officiellement connu sous le nom d’Accord sur la biodiversité au-delà des juridictions nationales (BBNJ – Biodiversity Beyond National Jurisdiction), marque un tournant historique dans la gouvernance mondiale des océans. Après plus de vingt années de négociations, ce traité entrera en vigueur en janvier 2026 et établira pour la première fois un cadre juridique contraignant afin de protéger la biodiversité marine au-delà des frontières nationales.
Pour Maurice, petit État insulaire dont l’identité, la culture et l’économie sont indissociables de l’océan Indien, cet accord ne peut se résumer à un simple texte international. Il constitue une invitation à la vision, à la responsabilité et au leadership. C’est l’occasion de prouver qu’une petite nation peut influer sur le cours du monde lorsque courage et clairvoyance se rencontrent.
Au cœur du traité se trouvent quatre piliers essentiels : la création d’aires marines protégées en haute mer, l’exigence d’évaluations environnementales rigoureuses pour les nouvelles activités, le partage juste et équitable des ressources génétiques marines, et l’engagement en faveur du renforcement des capacités et du transfert de technologies. Ensemble, ces mécanismes donnent aux petits États insulaires comme Maurice non seulement les outils mais aussi la légitimité pour façonner l’avenir de la gouvernance océanique.
Les eaux mauriciennes ne sont pas seulement un joyau naturel ; elles constituent également un corridor vital pour les baleines, dauphins, tortues et une multitude d’autres espèces. En prenant l’initiative, aux côtés de Madagascar, des Seychelles, des Comores et de La Réunion, de proposer la création d’aires marines protégées régionales en haute mer, Maurice peut non seulement préserver la biodiversité mais aussi affirmer son rôle de chef de file dans la région. Des mesures ambitieuses, comme l’interdiction saisonnière des sonars militaires et des détonations sous-marines lors des périodes de reproduction et de migration, établiraient un précédent mondial en matière de gestion responsable des mers.
Les bénéfices d’une mise en œuvre proactive du traité seraient concrets et tangibles. Ils ouvriraient l’accès à des financements internationaux pour le climat et la biodiversité, renforceraient la coopération scientifique, favoriseraient la création de centres régionaux de recherche marine et garantiraient une répartition plus équitable du potentiel économique et médical issu des ressources génétiques marines. De telles découvertes pourraient transformer l’avenir de la biotechnologie, de la sécurité alimentaire et de la médecine. Dans ce mouvement, l’innovation numérique jouera un rôle déterminant, qu’il s’agisse du suivi en temps réel des activités d’observation des baleines ou de la participation citoyenne à la collecte de données pour soutenir des politiques fondées sur la science.
Comme l’a rappelé Rebecca Hubbard, directrice de la High Seas Alliance : « Achieving 60 ratifications is not the finish line : it’s just the starting block. The Treaty’s true strength lies in universal participation. » Pour Maurice, ce message résonne comme une évidence : la force du traité réside dans l’engagement collectif, et notre île a aujourd’hui l’opportunité d’en être l’un des moteurs.
C’est pourquoi #Savetheblu appelle à l’action immédiate. La création d’un groupe de travail interministériel dédié à la mise en œuvre du BBNJ, l’engagement actif des partenaires diplomatiques et bailleurs internationaux, l’organisation de consultations nationales réunissant scientifiques, société civile, pêcheurs, opérateurs touristiques, ONG, ambassades et jeunesse, ainsi qu’une déclaration publique affirmant l’intention de Maurice de mener une coalition régionale avant la première Conférence des Parties en 2026, constituent les étapes indispensables à franchir dès maintenant.
Pour Maurice, il ne s’agit pas simplement de diplomatie mais d’un véritable moment d’histoire. En embrassant le traité BBNJ, la nation a l’opportunité de protéger son patrimoine maritime, d’inspirer une génération entière à respecter l’océan et de prouver qu’une petite île peut avoir un impact global décisif. Le choix est clair et le temps est compté : l’avenir de nos mers dépend du courage d’aujourd’hui. Maurice doit agir sans tarder.
#Savetheblu
Movement pour l’océan.