En marge des fêtes nationales du 12 Mars, 300 élèves et collégiens aident à convertir en espace vert l’esplanade de la Cathédrale Saint-Louis Une min-forêt au cœur de la capitale, longtemps un projet, est désormais une réalité.
En vue d’engager les habitants de Port-Louis dans le projet de Tiny Forest (micro-forêt) au cœur de la capitale, le père Jean-Maurice Labour, initiateur du projet, vicaire du diocèse de Port-Louis, a invité les étudiants des écoles et collèges de la capitale hier à planter un arbre chacun sur l’esplanade de la cathédrale Saint-Louis. Plusieurs écoles ont manifesté leur enthousiasme à participer à cette initiative écologique citoyenne. Demain, de 8h à 13h, ce même exercice sera répété en collaboration avec des citadins de même qu’une cérémonie du lever du quadricolore, qui se fera sur la Place de la Cathédrale vers 11h15.
Hier matin, on pouvait déceler de la joie dans le regard de petits et grands, avec leurs gants, leurs pelles et, surtout, leur sourire, car planter un arbre, comme ils le disent, c’est contribuer à une île Maurice plus verte. Une ambiance inédite en ville pour marquer les fêtes nationales du 12 Mars, soit le 55 e anniversaire de l’indépendance et le 31 e de la république. Encadrés par Sharon Yeung et Pascal Laroulette, de Action For Environnement Protection, des élèves de l’école primaire Notre Dame RCA étaient impatients de passer à l’acte. Des gants, une pelle, la plante déjà dans le pot prête à rejoindre la terre, les visages se sont illuminés. Sharon Yeung, qui aide à la mise en place du projet Tiny Forest, pose une question à ces élèves, assis sur le parvis de la Cathédrale.
« Pouvez-vous me dire ce qu’est une plante endémique ? Pascal va vous expliquer tout cela en détails… » Pascal Laroulette a trouvé une astuce : « Mo donn zot enn ti tips. Andemik, se nou, nou finn ne isi lor later mama Moris. Ekzotik, se bann touris. »
Riley Meunier est ravi de prendre la parole. Avec ses mots d’enfant, il décrit à sa manière les randonnées en forêt qui, selon lui, aide à mieux découvrir la nature. Il se dit heureux qu’une Tiny Forest ait sa place en ville, devant la cathédrale, visitée par beaucoup de Mauriciens.
Lorsque Sharon le questionne sur l’importance de la forêt, Byron lève sa petite main droite pour décrire les oiseaux, les fourmis, les plantes… Et Sharon de l’aider dans son questionnement sur cette biodiversité. « Madame, je veux planter mon arbre endémique. J’aurai bien voulu lui donner mon nom, mais il faut respecter le nom de la plante endémique, qui est le bois d’ébène », lâche une petite fille, sous le regard amusé de ses petits camarades, qui éclatent de rire.
Pas que les petits qui se sentent concernés par cette mission de préservation de la nature. Les étudiants du Collège Islamic ont aussi rejoint leur enseignant, Hakim Abdool. Leur présence affiche leur détermination à aider dans l’embellissement de leur pays et, surtout, comme ils le disent, plus il y a d’arbres, plus on est protégé de la chaleur.
Hakim Abdool, l’enseignant, relate pour sa part que tout est parti d’une idée de Pascal Laroulette, qui leur a fait voir l’importance du projet Tiny Forest. « Au Collège Islamic, nous avons déjà une pépinière avec des plantes endémiques, et c’est une façon à nous de contribuer dans ce projet, en apportant quelques plantes qui fleuriront devant la cathédrale », fait-il comprendre.
Sufiyan Oozer, 15 ans, dit comprendre parfaitement ce concept de Tiny Forest, tout en étant impressionné par tous ces étudiants et élèves qui se sont mobilisés pour cette action citoyenne.
Ryan Maudarboccus, 15 ans aussi, raconte que dans sa cour, à Plaine-Verte, ses parents cultivent de l’aloe vera, des pommes d’amour, du cotomili, des oignons… «Bann-la dir mwa siklonn Freddy pou revini, me tou vinn lor lekosystem. Récemment, il y a eu des averses, pas d’école. Tout cela nous pousse à réfléchir sur l’instabilité du climat lié au réchauffement climatique, qui peut être un danger pour tous. Au collège, on nous enseigne l’agriculture et l’importance de la terre. C’est intéressant d’aller sur le terrain et de quitter un peu le confort de nos classes pour découvrir ce qui se passe dans notre environnement. C’est un exercice qui me passionne, autrement je ne serai pas ici », rappelle-t-il à un auditoire de jeunes gagnés à la cause de la nature.
« Un signal de vie et de mort »
Kabeer Nuthoo, Vallée-des-Prêtres, parle de sa peur face au réchauffement climatique. « Comme jeune, j’ai un message à faire passer. Pa detrwir bann plant natirel, cela apporte de l’oxygène. Je dois aussi saluer tous ceux qui se sont dévoués en choisissant le travail de la terre comme métier et qui ont contribué à nous procurer un environnement sain. Je suis d’autant plus heureux que dans notre île, qui fête ses 55 ans d’existence, on ait autant de jeunes de toutes les communautés ayant décidé en ce 9 mars de venir apporter leur contribution à planter une micro-forêt sur la Place de la Cathédrale. L’étape consiste à mettre en terre des plantes endémiques et indigènes avec un plan de quadrillage bien précis, trois plantes par mètre carré », confie-t-il. Les mains enduites de terre, les jeunes s’affairent. Le simple contact avec cette terre à la fois moite et rugueuse, la manière dont ils disposent leur plante, tout cela leur procure une forme de joie indescriptible.
Dishika, du London College, 18 ans, n’en revient pas de cet exercice. « La terre, c’est un signal fort. Il y a des laboureurs, des gens passionnés de la terre qui ont conjugué leurs efforts pour embellir les endroits avec des plantes. On leur doit une forme de respect. Avec le réchauffement climatique, on réalise combien on a été négligents envers notre environnement. Tout cela n’est que partie remise, la mini-forêt mettra tous les jeunes d’accord », fera-t-iol comprendre.
Bernard Jahone, 16 ans, trouve pour sa part que si on faisait un recensement des plantes, on serait surpris de voir les bienfaits que cela apporte à l’ environnement. « Mo satisfe, ena boukou plant mo pa ti kone ekziste. »
Dhaneshen parle d’aide à ses amis. « Beaucoup de gens se plaignent de la cherté des légumes. L’exercice que nous, jeunes, venons de faire nous aide à mieux comprendre l’importance d’un mini-jardin chez soi. Aret plenye, profit vinn pou nou kan nou ena nou prop legim, frwi dan nou zardin. Mon message est de ne pas polluer notre environnement. On est né de cette terre et, demain, on sera enseveli sous cette même terre. La raison pour laquelle il faut respecter tout ce qui vient de cette terre nourricière », prône-t-il.
« Agir rend heureux »
Ashtone Aubeeluck, enseignante en agriculture au Collège London, est ravie de l’engouement de ces élèves en faveur de ce projet. « Ils sont toujours en quête de connaissance, s’investissent pour apporter leur contribution de jeune à leur pays. C’est une belle initiative qui leur permet aussi d’approfondir leurs connaissances.», reconnaît-elle.
Sharon Yueng parle de continuité dans le projet de Tiny Forest, à savoir « c’est avant tout un travail d’équipe. Nous allons vers une continuité du projet, puisque nous voulons que d’autres endroits bénéficient aussi d’une mini-forêt. Nous saluons la participation des sponsors et des gens qui nous aident dans notre mission. » Pascal Laroulette explique que le projet Tiny Forest a émergé dans le cadre des initiatives pour les fêtes nationales du 12 Mars et qu’un des objectifs de ce projet est de construire des ponts pour favoriser le dialogue et la collaboration entre les différentes communautés.
« En ce moment, notre tissu social est un peu fragile, et c’est un projet qui arrive au bon moment. Nous perdons de plus en plus notre biodiversité et à travers cet exercice, nous encourageosn les jeunes à développer un amour pour la terre tout en leur montrant l’importance de leur contribution à ce projet en plantant des arbres. Cela va être une grande fierté pour eux par la suite quand ils verront ces plantes grandir », s’est-il appesanti. Dans le même ordre d’idées, il se dit fier de cet élan de mauricianisme qui coïncide avec les célébrations de la fête de l’indépendance. «Nous voulons brasser large, car nous sommes Mauriciens avant tout. Toutes les écoles ont contribué d’une manière ou d’une autre, l’Islamic College, le BPS, London, Lorette… Nous sommes tous unanimes : agir rend heureux ! »
L’idée de Tiny Forests germera et deviendra grand…