Transition énergétique — Assirvaden : « Nouvelle étape vers la décarbonation du mix national »

Environ 277,5 mégawatts de capacités renouvelables au réseau dans les années à venir

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Le ministère de l’Énergie et des Services publics, en collaboration avec le Central Electricity Board (CEB), la Mauritius Renewable Energy Agency (MARENA) et l’Energy Efficiency Management Office (EEMO), engage le pays dans une transformation profonde de son modèle énergétique. Plusieurs projets d’envergure, annoncés, hier, par le ministre de tutelle, Patrick Assirvaden, marquent une nouvelle étape vers la décarbonation du mix électrique national.

Au cœur de cette stratégie : le développement massif des capacités solaires, éoliennes et biomasse. Les initiatives actuellement en préparation permettront d’ajouter environ 277,5 mégawatts de capacités renouvelables au réseau dans les années à venir.
Parmi elles, le projet de panneaux solaires flottants de Tamarind Falls, mené en partenariat avec la National Thermal Power Corporation Ltd (Inde) dans le cadre d’un accord gouvernement à gouvernement, fournira 17,5 MW d’électricité et comprendra un système de stockage d’énergie de 12 MW (BESS).

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Dix projets solaires au sol de 10 MW chacun, équipés de batteries, viendront s’ajouter, représentant 100 MW supplémentaires, tandis que trois grands parcs solaires de 40 MW chacun, eux aussi dotés de systèmes de stockage, contribueront pour 120 MW additionnels.

L’essor de l’agrisolaire : énergie et production locale
Une autre innovation majeure concerne le programme d’agrisolaire hybride, combinant agriculture et production d’énergie solaire, pour une capacité cumulée de 40 MW.
Le CEB révise actuellement son schéma d’incitation pour permettre des installations allant jusqu’à 4 MW dans le secteur agricole contre 500 kW aujourd’hui. Ce nouveau Scheme agrivoltaïque, incluant le stockage d’énergie, permettra aux planteurs de produire leur propre électricité tout en contribuant à la sécurité alimentaire.
Une approche qualifiée de « doublement bénéfique » par le ministre : « énergétique et agricole ».

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Longtemps à l’arrêt, le projet de ferme éolienne de Plaine-des-Roches est relancé. Aucune avancée majeure n’y avait été enregistrée depuis une décennie. Le gouvernement remet désormais ce site au cœur de la stratégie nationale, avec un nouveau parc éolien de 15 à 20 MW, équipé de batteries (BESS).
Les procédures foncières, menées en collaboration avec le ministère du Logement et des Terres, sont en voie d’achèvement. « Plaine-des-Roches redeviendra un symbole d’innovation, et non plus d’immobilisme », trouve Patrick Assirvaden.

Le stockage d’énergie constitue l’un des piliers de cette transition. Des batteries de 20 MW, déjà acquises cette année, seront intégrées au réseau d’ici à juin 2026.
Désormais, tout nouveau projet solaire devra inclure un système de stockage pour garantir la stabilité du réseau et une production optimisée.
Le CEB prépare également une refonte des programmes de production décentralisée — toitures solaires (SSDG) et projets moyens (MSDG) — afin d’y intégrer des batteries et un tarif différencié selon les heures (Time-of-Use Tariff). Dans un premier temps, cette formule sera proposée aux grands consommateurs commerciaux, sur une base volontaire, pour une meilleure gestion des pics de consommation.

Biomasse : tourner la page du charbon
Autre levier essentiel : la valorisation de la biomasse. Le National Biomass Framework vise à réduire la dépendance au charbon en promouvant l’usage de copeaux de bois et d’autres ressources locales renouvelables pour la production d’électricité.
Des producteurs indépendants tels que Terra, Alteo et Omnicane se sont déjà engagés dans cette voie. Le ministère prévoit un accompagnement technique et financier pour les autres producteurs souhaitant opérer cette mutation.
L’objectif est clair : remplacer progressivement le charbon par des ressources locales, amorçant ainsi une transition ordonnée, planifiée et irréversible vers un mix énergétique propre.

La réussite de cette transition ne repose pas uniquement sur la production, mais aussi sur une consommation plus responsable.
L’Energy Efficiency Management Office (EEMO) conduit une campagne nationale de sensibilisation contre le gaspillage énergétique. « Cette campagne nous a permis d’économiser 20 MW le 15 octobre dernier », souligne le ministre.
Un système d’alerte énergétique a par ailleurs été instauré pour mobiliser le public selon la situation du réseau : Vert : situation stable ; Jaune : appel à la modération ; Rouge : situation critique, risque de délestage.

Face à une demande nationale avoisinant désormais 600 MW, cet outil incarne une volonté de transparence et d’engagement collectif
Pour soutenir la montée en puissance des énergies intermittentes, le CEB prépare la mise en œuvre de turbines à gaz à cycle combiné fonctionnant au GNL, d’une capacité de 450 à 500 MW.
Ce projet, qui s’inscrit dans une logique de transition, vise à garantir la stabilité du réseau et la sécurité énergétique du pays à moyen terme, tout en facilitant l’intégration des renouvelables.

Avec ce vaste programme, Maurice franchit une étape décisive vers un futur énergétique plus propre, plus résilient et plus équitable. L’approche adoptée, mêlant innovation technologique, efficacité énergétique et participation des acteurs économiques, traduit la volonté d’un changement systémique, où chaque kilowatt produit ou économisé compte.
« Nous devons penser à long terme, anticiper, innover et surtout agir ensemble », a conclu Patrick Assirvaden, ajoutant que « la transition énergétique n’est plus une option : c’est notre avenir collectif. »

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