Le transport public à Maurice est censé constituer l’épine dorsale de la mobilité quotidienne. Des milliers de Mauriciens — travailleurs, étudiants ou personnes âgées — comptent chaque jour sur ce service pour se déplacer. Pourtant, derrière cette mission essentielle se cache une réalité bien plus chaotique : bus en retard, dessertes irrégulières, arrêts supprimés et un encadrement souvent défaillant.
Depuis des années, les usagers du transport public, de Curepipe à Rivière-du-Rempart en passant par la ligne Mahébourg–Flacq pour retourner vers Curepipe, dénoncent les lacunes d’un service incapable de répondre à leurs besoins.
Aujourd’hui encore, les usagers des lignes 81, 18, 11, 87 et 28 paient le prix fort d’un système à bout de souffle, où promesses officielles et réalité du terrain ne coïncident pas. Et ce n’est pas un cas isolé : à Saint-Hubert, déjà rapporté dans nos colonnes sous le titre « Retards en série des autobus à Saint-Hubert : toujours la même rengaine ! », la situation prouve que les problèmes sont restés les mêmes et perdurent à travers l’île.
À Curepipe, les lignes 81 et 87 sont devenues synonymes de désordre. Les usagers dénoncent un service imprévisible : pas d’horaires fiables, des bus qui disparaissent sans explication et des solutions temporaires qui ne résolvent rien. La suppression de l’arrêt de la rue d’Épinay, décidée dans le sillage des travaux du métro, a encore aggravé la situation. Les voyageurs doivent désormais rejoindre la gare de Curepipe, une contrainte lourde, surtout pour les personnes âgées et à mobilité réduite.
Plus au nord, à Triolet, c’est la ligne 28 vers Rivière-du-Rempart qui cristallise les frustrations. Ici, l’attente peut dépasser quarante minutes. Le manque de chauffeurs et l’absence de concurrence entre opérateurs entretiennent l’irrégularité. Les passagers se plaignent aussi du comportement parfois désinvolte de certains chauffeurs et contrôleurs, ce qui alimente un sentiment d’insécurité, notamment chez les aînés.
Et le constat ne s’arrête pas là. À Saint-Hubert, les retards en série sont devenus monnaie courante, comme nous l’avions déjà rapporté dans nos colonnes. Entre Mahébourg et Flacq, les voyageurs vivent la même galère avec des horaires malmenés et un service trop souvent en décalage avec leurs besoins.
Interrogé à ce sujet, Iqbal Oozageer, attaché de presse au ministère du Transport, admet que la situation reste préoccupante. Il explique que plusieurs road tests ont déjà été réalisés en vue d’apporter des ajustements, soulignant que l’urbanisation rapide et la croissance de la population compliquent le suivi du réseau. Le recrutement de nouveaux inspecteurs devrait cependant contribuer à améliorer la fluidité, notamment aux heures de pointe, même si l’absence de certains employés continue d’aggraver les retards sur certaines lignes. Concernant les personnes âgées, il reconnaît également que le comportement de certains chauffeurs et contrôleurs pose problème, rappelant que dans le passé plusieurs plaintes avaient été enregistrées, notamment contre des autobus refusant de prendre en charge des aînés. Pour y remédier, il annonce la mise en place prochaine d’un mode d’emploi destiné à encadrer leurs pratiques et s’engage à transmettre les plaintes des usagers à la NLTA pour un suivi.
Il évoque aussi le projet de loi Bus Services Industry Bill, qui prévoit l’introduction d’un système de gestion de flotte avec GPS pour tracer les déplacements des autobus en temps réel. Cette mesure, encore en discussion avec les parties prenantes, devrait permettre un meilleur contrôle et une plus grande transparence dans la gestion du transport public.