Triangle de Réduit : le mouvement Rann Nou Later durcit le ton à l’encontre du GM et du DPM

Une plainte logée en Cour suprême et une grève de la faim envisagée bientôt

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Le mouvement Rann Nou Later a manifesté une nouvelle fois dans la capitale hier. Il proteste contre la reprise par le gouvernement des terrains accordés au Mauritius Tamil Council Cultural Trust et à l’Indo-Mauritian Catholic Association. Une plainte a été déposée Cn cour la semaine dernière. L’une des composantes de la plateforme envisage également d’enclencher une grève de la faim bientôt.

La réponse du Premier ministre adjoint et ministre des Terres et du Logement, Steven Obeegadoo, à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, le 2 avril dernier, provoque la colère des organisations tamoules. Le refus du DPM de revenir sur sa décision et de présenter des excuses à la communauté est perçu comme un manque de respect par le mouvement Rann Nou Later, qui a manifesté à Port-Louis hier. Devarajen Kanaksabee, président du Mauritius Tamil Council Cultural Trust et porte-parole de la plateforme, explique : « un an après la précédente PNQ du leader de l’opposition, Steven Obeegadoo a signifié une nouvelle fois son refus de revenir en arrière, en dépit des différentes représentations. De plus, il a refusé de présenter des excuses. Ce terrain de Réduit a une valeur sentimentale pour les Tamouls, chrétiens et non chrétiens. Il est question d’y construire nos centres culturels. »

Le terrain proposé à Côte-d’Or, indique-t-il, n’est pas approprié. « D’ailleurs, c’est si éloigné que ce n’est même plus à Côte-d’Or, mais plutôt à Hermitage. C’est une décision unilatérale prise par le gouvernement, avec la collaboration de quelques fonctionnaires », dit-il. Une plainte a de fait été logée en Cour la semaine dernière, laquelle sera appelée bientôt. « Nous avons le locus standi pour contester cette décision, car nos intérêts ont été bafoués. En tant que bénéficiaires, nous avons notre mot à dire. Quelques personnes ne peuvent décider pour une communauté de 150 000 personnes environ », affirme-t-il.
D’autres actions sont prévues si le gouvernement fait la sourde oreille aux revendications. L’une des composantes de la plateforme, l’organisation ONEX, prévoit ainsi une grève de la faim. « Nous ne cherchons pas l’affrontement, mais nous voulons que notre voix soit entendue. Nous allons également mener une campagne de sensibilisation à travers l’île, notamment à travers la distribution de tracts. La grève de la faim viendra très vite », fait-on comprendre.

Quant aux arguments de Steven Obeegadoo à l’effet que d’autres organisations ont déjà accepté un terrain à Côte-d’Or, Devarajen Kanaksabee réplique : « ces organisations sont composées de fonctionnaires et de nominés politiques. Elles n’ont jamais contesté la décision du gouvernement. Au contraire, c’est grâce à nous qu’elles auront un terrain à Côte-d’Or. Si nous n’avions pas protesté, elles n’auraient rien eu. »

Aurokium, vice-président de l’Indo-Mauritian Catholic Association (IMCA), déplore également la manière de procéder du gouvernement. Il indique que l’IMCA avait déposé une demande de permis pour la construction de son centre depuis 2018. « Le terrain avait été accordé en 2003, mais ce n’est qu’en 2010 que nous avons signé le contrat. De 2018 à 2023, nous avons fait une demande pour un Building and Land Use Permit au Conseil de district de Moka. Le dossier est ensuite parti au ministère des Terres. Toutefois, de 2018 à 2023, on ne nous a jamais envoyés de lettre pour dire que notre demande avait été prise en considération. Ni le ministère des Terres, ni le Conseil de Moka… »

En revanche, poursuit Gaëtan Aurokium, l’IMCA a reçu une lettre en avril 2023. « Elle indiquait que nous devons quitter le terrain, car nous n’avions rien construit jusqu’ici. Mais comment peut-on ignorer notre demande de permis de construction et ensuite nous dire que nous n’avons rien construit ? » se demande-t-il.

De plus, précise-t-il, l’IMCA n’a eu que 48 heures pour trouver une solution après réception de la lettre. Réagissant à la déclaration de Steven Obeegadoo à l’effet que le gouvernement prendra en charge la construction des centres culturels concernés, Gaëtan Aurokium se demande pourquoi une telle décision arrive maintenant. « Depuis tout ce temps qu’on nous a donné le terrain, pourquoi n’a-t-on pas financé la construction avant ? On a attendu de reprendre ce terrain pour proposer cela ! »

Pour l’IMCA, la situation est d’autant plus compliquée que l’association ne bénéficie d’aucune subvention du gouvernement ni d’argent de la CSR. « Nous ne comptons que sur nos membres. »

Il lance un appel personnel au DPM Obeegadoo : « Par respect pour son père, Claude Obeegadoo, qui a été président de l’IMCA pendant de nombreuses années et a œuvré énormément pour l’association, je lui demande de revenir sur sa décision. Je trouve malheureux que Steven Obeegadoo n’ait aucune reconnaissance pour l’IMCA après tout ce qu’a fait son père. »

Il ajoute que ce terrain avait été accordé en reconnaissance pour le dur labeur de leurs ancêtres, qui sont venus à Maurice et ont aidé à construire le pays. Il remercie le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, ainsi que le député Deven Nagalingum pour avoir adressé des interpellations parlementaires à ce sujet.

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