« Coup d’accélérateur pour l’aménagement de trois réservoirs en verre dans le village », selon la CWA
C’est un épisode qui avait défrayé la chronique le 26 décembre dernier. Des d’habitants de Bambous-Virieux exprimant leur colère contre la longue pénurie d’eau dans le village en bloquant la route au moyen de pneus et de pierres, conduisant au final à l’arrestation d’une dizaine de frondeurs. Trois mois après cette révolte, la situation semble s’être un peu améliorée eu égard à la présence accrue des camions-citernes. What next ? La question est sur toutes les lèvres, car l’incertitude plane toujours sur le sort qui leur sera réservé à long terme. Le document d’appel d’offres pour l’aménagement de trois réservoirs en verre sur un terrain de l’État est en cours de préparation, à en croire Sunil Gopal, le responsable de communication de la Central Water Authority (CWA). Le soulèvement populaire sans précédent de décembre aurait donc eu l’effet escompté. Une lueur d’espoir à prendre avec des pincettes.
Au cœur de l’agitation médiatique durant la période festive, dans ce qu’on appelle désormais « la révolution de la soif », les habitants Bambous-Virieux ont retrouvé un semblant de vie normale face à des températures qui explosent. En effet, depuis janvier, la fréquence des ravitaillements en eau par le biais des camions-citernes a augmenté de manière considérable. Les camions qui y opèrent cinq jours sur sept effectuent en moyenne quatre allers-retours quotidiennement aux quatre coins du village. « Ce n’était pas de gaieté de cœur, mais il a fallu qu’on fasse du désordre pour que les choses changent un peu. Les camions sont de plus en plus présents et des employés de la CWA nous aident pour acheminer l’eau vers les contenants situés sur les toits des maisons », soutient un riverain. Le train-train quotidien des villageois se résume désormais à se ruer vers les véhicules pour recueillir le précieux liquide. La crainte sans doute de devoir repartir avec des bidons et des seaux vides.
Et comme toujours dans pareille circonstance, tout le monde en profite pour effecteur les grandes lessives, nettoyer la maison et arroser le jardin. « Quand on a vécu un tel calvaire, on développe cette propension à se contenter du minimum. En sus de nous permettre de faire le ménage et la lessive, cette eau nous permet désormais de préparer décemment nos enfants pour l’école », relate Mireille. Mais jusqu’à quand ? Certes, ces interventions visant à accroître la disponibilité de l’eau dans le village constituent une solution palliative qui est d’un grand secours pour les familles. Or, le fait est qu’elles rêvent surtout que l’eau coule de nouveau un jour de leurs robinets ! « Plus le temps passe, plus on se dit que rien ne va changer. On nous a promis tellement de choses avant les dernières législatives, mais ce n’était que de la poudre aux yeux. Nos trois députés ne daignent même pas nous rendre visite », confie un riverain.
Des notes salées malgré tout
Les habitants entendent intensifier la pression sur les autorités pour la mise sur pied de mesures probantes qui régleraient la crise, d’autant que la facture d’eau se corse malgré l’approvisionnement désuet des camions constituant une pénible corvée. « Il ne faut pas croire que lorsqu’on se démène pour acheminer l’eau dans les containeurs sur le toit, dilo-la kado sa. Cette distribution se répercute sur nos compteurs. Nous payons les mêmes factures que ceux qui accèdent de manière décente à cette source de vie. Les factures étaient d’ailleurs salées le mois dernier pour des raisons qu’on ignore. C’est la raison pour laquelle il faut que les choses changent et vite », martèle un habitant.
Face à la fronde, les autorités n’avaient-elles pas affirmé, en janvier, que trois réservoirs en verre allaient être installés dans le village pour mettre un terme à cette anarchie ? Selon Sunil Gopal, responsable de la communication à la CWA, ce dossier devrait connaître un coup d’accélérateur dans les semaines à venir : « Au départ, ces réservoirs devaient être érigés sur la plage et on avait obtenu l’aval de la Beach Authority. Des travaux préliminaires avaient même débuté. Sauf que, compte tenu de l’espace restreint et le fait que ces structures allaient constituer un véritable eyesore, on a été contraint de faire marche arrière. Toujours est-il qu’on vient tout juste d’identifier un terrain presque à la limite de Bambous-Virieux et Anse-Jonchée pour l’aménagement des trois réservoirs. L’État nous a même accordé le permis pour l’utilisation desdites terres. Un document d’appel d’offres est d’ailleurs déjà en préparation. » L’instance régulatrice de l’eau a intérêt à s’assurer que ce document ne soit pas rangé dans le grand tiroir des projets fantômes, sous peine d’une nouvelle démonstration de force de la part des habitants.