Le conseil d’administration d’Air Mauritius parie sur un retour aux sources pour sortir la compagnie de l’ornière. À compter du 15 octobre 2025, André Viljoen reprendra les commandes en tant que CEO, près de dix ans après avoir quitté la compagnie. Son retour est perçu comme un choix stratégique : rigueur, excellence opérationnelle et transformation culturelle.
Viljoen n’est pas un inconnu. De 2007 à 2015, il a dirigé Air Mauritius durant l’une des périodes les plus critiques de son histoire. Recruté initialement comme CFO, il est propulsé à la tête de la compagnie en 2009, en pleine tempête financière. La couverture hasardeuse du prix du carburant, engagée en 2008, se solde par une perte de plus de Rs 6 milliards. Après la démission de Manoj Ujoodha, le ministre du Tourisme de l’époque, Xavier-Luc Duval, choisit Viljoen pour reprendre les rênes.
Son plan de redressement, articulé autour de sept axes, vise la survie sans recours aux fonds publics. Il suspend les lignes déficitaires, gèle les recrutements, renouvelle la flotte avec deux A330-200, tout en renforçant les synergies entre tourisme et aviation. Résultat : en 2011, Air Mauritius transporte 1,3 million de passagers, atteint un taux de remplissage de 83 %, et affiche un bénéfice net de Rs 380 millions. La compagnie décroche même une prestigieuse certification Skytrax 4 étoiles en 2014.
Mais en 2014, une nouvelle stratégie de couverture mal calibrée et l’alourdissement de la dette relancent les turbulences. Dans un climat interne tendu, alors qu’une réduction de postes est envisagée, Viljoen accepte l’offre de Fiji Airways et quitte MK à l’été 2015.
Aux Fidji, il transforme la compagnie en modèle régional, avec une croissance de 40 % entre 2022 et 2023, une valorisation de 2 milliards de dollars, et une ascension spectaculaire au classement Skytrax (de la 102e à la 14e place). Il y implante également une académie d’aviation de référence, et une culture du service axée sur l’excellence.
Son retour à Air Mauritius intervient alors que la compagnie est affaiblie par les séquelles de la pandémie, un endettement massif et un climat de défiance interne. Avec une main-d’œuvre gonflée par des nominations politiques et des finances à sec, la tâche qui attend Viljoen est ardue. Mais son expérience, sa méthode et sa connaissance de la maison font naître l’espoir d’un second redressement. Reste à voir s’il saura, cette fois encore, faire décoller la compagnie sans perfusion.