Un programme national de soutien adapté aux sans-abri bientôt réalité

L’exclusion liée au logement ou le sans-abrisme est un problème qui perdure depuis de nombreuses années et auquel, malgré les efforts et actions ponctuelles des autorités et de la société civile, aucune solution durable n’a pu être trouvée jusqu’ici. Cela, principalement en raison de l’absence de données empiriques sur ce problème de société.

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Une récente étude menée par la National Social Inclusion Foundation (NSIF) avec l’aide des Ong, auprès de 102 personnes sans domicile, et intitulée La vie dans la rue, a toutefois permis de jeter les bases pour d’autres études et actions plus approfondies. Celle-ci a permis de mieux cerner les causes du sans-abrisme, qui sont, entre autres, les conflits familiaux, l’addiction à la drogue et à l’alcool ainsi que la pauvreté, et de proposer des recommandations pour des actions plus concrètes.

Ong et représentants des autorités concernées, dont ceux du ministère de la Santé et de celui de l’Intégration sociale, de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale, ont déjà pris connaissance des recommandations. Le programme national de soutien adapté aux besoins des sans-abri s’articule autour de trois axes distincts à savoir la prévention, l’accompagnement et l’insertion.

« Le sans-abrisme est la forme la plus extrême de pauvreté et d’exclusion sociale. Les personnes sans domicile vivent une existence précaire, dépouillées de leur dignité et privées de leurs droits humains. L’errance est un problème socio-économique complexe, qui mérite une plus grande attention et des stratégies plus résolues », explique Vishal Ragoobur, Research and Development Manager de la NSIF.

Toutefois, l’un des principaux obstacles à la conception d’interventions plus efficaces était jusqu’ici le manque d’informations et de données adéquates. « En dehors des comptages ponctuels des sans-abri par la police, il n’existe aucune évaluation approfondie de la question du sans-abrisme à Maurice. Les 102 sans domiciles sondés sont ceux répertoriés auprès des Ong, cependant ils sont bien plus nombreux, les victimes d’exclusion liées au logement », déplore Vishal Ragoobur.

L’étude menée par la NSIF, avec l’aide de l’Association Pour Personnes En Larmes (A.P.P.E.L), l’Association de Père Laval des Sans-Abri (La Passerelle), les abris de nuit de Caritas (Port-Louis et Saint-Jean) et Groupe A de Cassis (Lacaz A), donne ainsi une indication sur les causes du sans-abrisme ainsi que le profil des sans-abri, leurs expériences et leurs besoins en termes de soutien.

Ainsi, ce problème touche des personnes âgées de 15 ans à 75 ans. Toutefois, celles les plus affectées ont une moyenne d’âge de 40 ans tandis que 14% des 102 personnes interrogées affirment vivre dans la rue depuis plus de dix ans. Les raisons menant au sans-abrisme sont diverses et multiples : conflits familiaux (37%), divorce et séparation (28%), addiction à la drogue (25%), perte d’emploi (25%), pauvreté (22%), addiction à l’alcool (22%) et incarcération (12%).

43% des personnes sondées ont déjà été incarcérées, 17% sont passées par des centres de réhabilitation, 19% par une institution de santé mentale, 12% par une Residential Care Institution pour enfants, 9% par un Rehabilitation Youth Centre et 7% par un Correctional Youth Centre. Un autre fait saillante est qu’un sur deux, soit  52% des sans-abri interrogés, dit avoir un emploi et percevoir un salaire. Ils travaillent soit comme helper, cleaner, marchand ambulant, gardien de sécurité, maçon, plombier ou encore peintre. Toutefois, compte tenu de la cherté de la vie, ils sont dans l’incapacité de s’acquitter d’un loyer. L’étude met aussi en avant les difficultés que rencontrent les sans domicile pour avoir accès à la nourriture et l’hygiène.

Tenant en considération les conclusions de l’étude, des recommandations ont été élaborées, notamment la création d’une politique et stratégie nationales pour assurer une meilleure protection sociale aux sans-abri; la mise en place d’un cadre légal pour donner force de loi à la politique et stratégie nationales et d’un observatoire du sans-abrisme pour une meilleure collecte des données pour répondre au mieux à la problématique des sans-abri ; la mise en place d’un mécanisme de coordination pour encourager des actions concertées pour plus d’efficacité et d’impact ; revoir les politiques, règlements et procédures administratives pour faciliter l’accès à l’aide sociale car actuellement, en l’absence d’une adresse fixe, les sans domicile sont privés de nombreuses facilités offertes par les autorités ; élargir la panoplie de services aux sans-abri avec plus de support et de soins spécialisés et finalement, mettre en place des systèmes de prévention pour éviter que les personnes en situation de vulnérabilité ne se retrouvent à la rue.

Les Ong et représentants des institutions publiques et privées ont également proposé une série d’actions notamment une étude pour mesurer l’ampleur du problème de sans-abrisme parmi les femmes, la création d’un registre des sans-abri ; des campagnes pour sensibiliser le public sur ce problème et ainsi, prévenir toute discrimination et stigmatisation envers les victimes ; inciter les municipalités et les conseils de district à mettre en place des Emergency Shelters dans les villes comme les villages pour permettre aux sans-abri d’avoir accès à un repas et un lieu où se laver et dormir ; accompagner les sans-abri à se procurer les documents nécessaires pour pouvoir accéder à l’aide sociale, mettre en place un programme d’accompagnement pour assurer l’insertion des sans-abri dans la société et apporter une solution au problème de logement, entre autres.

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