VIH/SIDA: L’abstinence comme préservatif

L’abstinence est l’une des meilleures façons de se protéger d’une infection à VIH. C’est le message que veut faire passer l’Action Familiale (AF) dans la campagne qu’elle a lancée. Un pari difficile mais pas impossible, que les éducateurs de cette ONG disent relever sans trop de peine.
Les éducateurs de l’ONG sont très enthousiastes. Ils disent que leur discours n’est pas moralisateur. Pour eux, prôner l’abstinence et la fidélité est loin d’être rétrograde. Il permet, au contraire, d’avoir une vie plus épanouie et plus saine. “C’est un projet pour la vie, une manière de vivre qui peut permettre d’éviter les blessures émotionnelles et physiques”, soutient Agnieszka Duvergé, éducatrice à l’AF.
En effet, c’est l’ABCD de la prévention à VIH que prône l’ONG, comme le suggère l’Organisation mondiale de la santé. Les valeurs que défend l’AF ne sont pas des valeurs religieuses, mais humaines.
Role models.
En anglais, l’ABCD de la prévention est le suivant : “Abstinence”, “Be faithful”, “Condom” et “Drug free”. L’AF a choisi de miser sur les deux premières lettres dans ses actions contre les infections sexuellement transmissibles (IST). Mais elle n’ignore pas la lettre “C”, qu’il faut utiliser en dernier recours pour protéger l’autre si on est porteur d’une IST. Mais comme le font comprendre les éducateurs de l’AF, “l’abstinence avant le mariage et la fidélité dans le couple sont les moyens les plus sûrs pour éviter toute IST”. Pour eux, le préservatif “n’est pas 100% fiable”.
Roger Sawoodry, éducateur à l’AF, souligne que le message de l’ONG n’est pas de dire aux jeunes qu’ils doivent se priver, mais qu’ils peuvent vivre pleinement leur vie et ne pas se laisser guider par les autres. “Ils sont alors authentiques et ne font pas du copy paste.”Les éducateurs avancent que les jeunes qui souhaitent vivre pleinement leurs vies de jeunes, tout en étant abstinents sur le plan sexuel, sont plus nombreux qu’on veut le faire croire. Mais que pour ne pas paraître “vieux jeu”, certains portent des masques. “Ils ont peur d’affirmer leurs positions et de dire ouvertement les valeurs qu’ils vivent. Ils ne le font pas pour ne pas paraître rétrogrades.” L’ONG les encourage donc à se mettre en avant afin d’être des role models pour les autres. Selon elle, c’est cela qui va aider la société à avancer.
Évolution affective.
Annick Kishtoo, éducatrice, souligne que la vie est faite d’une succession d’étapes à vivre et qu’il ne faut pas en sauter. Elle cite en exemple l’oiseau qui, malgré sa petite cervelle, construit son nid petit à petit pour en faire une maison solide. Elle s’interroge : “Comment, nous, êtres humains ne savons-nous pas prendre notre temps pour construire nos vies ?”
Roger Sawoodry poursuit : “Nous n’avons qu’une vie. Il faut savoir la vivre convenablement et ne pas la gaspiller. Chercher le plaisir trop vite est éphémère et fait naître le chagrin. L’abstinence avant le mariage et la fidélité dans le couple apportent, elles, le bonheur.” Il ajoute que le jeune de 15 ans doit comprendre qu’il doit suivre son évolution affective et ne pas se précipiter.
Alors que la sexualité est un sujet tabou dans bien des familles et que des termes inappropriés sont encore utilisés pour désigner les parties génitales, Paulette Sylva soutient que si on parle de “partie privée”, il ne peut pas être accessible à tout venant. “C’est quelque chose qu’on doit respecter.” Les animateurs précisent que le corps n’est pas un objet. Pour eux, parler de sexualité, c’est parler aussi du coeur et de l’esprit, qui sont indissociables. “On est une personne humaine, unique avec son corps, son coeur et son esprit.” Qu’il faut donc respecter dans son intégralité.
Choix.
Dans leurs sessions de formation dans les écoles ou les collèges, les éducateurs invitent les participants à ne pas se laisser guider par leurs pulsions mais à se demander s’ils sont prêts émotionnellement et physiquement pour s’engager dans l’acte sexuel.
La réponse est toute trouvée pour Corine, une jeune fille d’une vingtaine d’années. Elle a choisi l’abstinence avant le mariage. “Si l’autre a fini de découvrir mon corps, il n’y aura plus grand-chose à découvrir après le mariage. C’est pour cela qu’il faut savoir se donner du temps. C’est un choix personnel et ce n’est pas être vieux jeu.” Pour elle, inciter l’autre à avoir des relations sexuelles pour prouver son amour, c’est en quelque sorte lui faire du chantage.
En ce qui concerne l’utilisation du préservatif comme moyen de protection, les éducateurs de l’AF soutiennent que cela suscite la méfiance. De plus, c’est agir de façon égoïste avec son ou sa partenaire. “Utiliser le préservatif dans l’acte sexuel, c’est comme dire à l’autre qu’on ne l’accepte pas entièrement avec sa fertilité et avec ce qu’il peut donner. On ne fait que prendre la partie qui donne du plaisir, et c’est fini”, analyse Agnieszka Duvergé.
Soulignons que dans ses recommandations, l’OMS suggère que soit mis en avant l’ensemble des modes de prévention et que soit donnée la possibilité aux personnes de faire le choix qui leur convient, sans les juger et sans préjugés.

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