Quatre-Bornes, longtemps surnommée la « ville des fleurs », traverse une période délicate. Quelques mois après les élections municipales, la nouvelle administration s’active pour redonner des couleurs à la ville. Mais entre déficit budgétaire, lenteurs administratives et manque de ressources humaines, les projets avancent avec difficulté, sous le regard attentif des habitants.
Dès leur prise de fonction, les conseillers se sont retrouvés face à un déficit budgétaire avoisinant les 90 millions de roupies. Une situation qui pèse sur la concrétisation de certains projets. Selon Jameel Foondun adjoint au maire de Quatre-Bornes, la municipalité fait face à la lenteur bureaucratique, à un manque chronique de main-d’œuvre dans presque tous les départements, ainsi qu’à des infrastructures en dégradation : drains bouchés, routes fissurées, chemins impraticables, sans oublier l’épineux problème de stationnement au centre-ville et l’embouteillage matinal.
Malgré ces obstacles, la municipalité met en avant plusieurs initiatives. Une campagne de nettoyage et de réparation des routes endommagées est en cours, même si son rythme reste lent. Des discussions entre la municipalité et la Land Drainage Authority ont été engagées pour trouver des solutions durables dans les zones à risque d’inondation.
Côté sécurité, des Neighbourhood Watch sont progressivement installés en collaboration avec la police de Sodnac et Quatre Bornes, dans l’espoir de renforcer la vigilance dans les quartiers. L’adjoint maire précise aussi qu’il y a plusieurs événements de bien-être et d’animation sociale figurent également au calendrier, avec l’ambition de recréer du lien avec les citadins
Stationnement : un premier soulagement à St-Jean et des infrastructures sportives en déclin
Au niveau des projets concrets, la municipalité met en avant les nouvelles facilités de stationnement à St-Jean. Deux terrains situés à l’entrée de la ville dans les deux sens ont déjà été aménagés et livrés par le promoteur, offrant un soulagement aux automobilistes dans une zone où le manque de parkings se faisait cruellement ressentir.
Parallèlement, les conseillers municipaux ont dressé un inventaire des problèmes touchant les infrastructures sportives et de loisirs dans plusieurs « wards », notamment à Ébène, Bassin et au Pavillon. Les constats sont accablants : terrains délabrés, espaces abandonnés et manque d’entretien chronique. Lors d’une récente visite a Pavillion « ward 1 » , l’adjoint au maire a tiré la sonnette d’alarme, soulignant que le terrain sport et loisir à Pavillon est dans un état pitoyable et représente même un danger pour les citadins.
La réhabilitation de ces sites figure parmi les priorités du développement municipal, mais leur concrétisation dépendra fortement des moyens financiers disponibles. « Le budget reste une contrainte, mais la volonté est là pour redonner vie à ces espaces et embellir la ville », insiste-t-il.
Au chapitre des grands projets, figure d’abord l’Urban Terminal de Quatre-Bornes. Une présentation a déjà été faite sur l’emplacement prévu, mais le budget colossal reste un frein et les contours du projet demeurent flous. La municipalité explique avoir soumis ses demandes au ministère concerné, mais attend toujours des précisions sur la suite du processus. « Pour l’instant, nous restons dans l’incertitude », admet l’adjoint maire .
Embouteillages à Hillcrest : les habitants à bout de patience
Avec l’arrivée du métro, les Quatrebornais espéraient un allègement de la circulation. Or, les embouteillages persistent et constituent même un problème supplémentaire. C’est dans ce contexte que la Chief Whip et députée de la circonscription n°18, Stéphanie Anquetil, a interpellé le ministre des Transports, Osman Mahomed, au sujet des bouchons chroniques de l’avenue Hillcrest, axe stratégique reliant la ville à l’autoroute.
En réponse, le ministre avait effectué une visite des lieux en compagnie des ingénieurs de la TMRSU afin d’évaluer la situation. Cette inspection s’est déroulée en présence des élus de la circonscription, dont le ministre Arvin Boolell, ainsi que des députés Stéphanie Anquetil et Veda Baloomoody, qui ont souligné les difficultés quotidiennes rencontrées par les automobilistes aux heures de pointe. Jameel Foondun a précisé que des propositions ont déjà été discutées concernant la circulation à St-Jean et à Hillcrest, mais que la municipalité reste dans l’attente de réponses concrètes, les solutions techniques étant encore à l’étude.
Toujours sur ce même axe routier, des habitants s’interrogent : à quand le retrait de ces énormes pots de fleurs, devenus de véritables « eye sores » pour les automobilistes jugés inesthétiques et encombrants.
La municipalité de son cote prévoit de les remplacer par des aménagements plus symboliques, afin de redonner une identité à Quatre-Bornes, jadis surnommée la « ville des fleurs ». Dans cette perspective, plusieurs projets environnementaux sont en préparation. L’adjoint mairie affirme travailler en collaboration avec des entreprises privées pour aider a embellir la ville et lui restituer son charme ville de fleur.
La ville de Quatre-Bornes se retrouve toujours au centre de questions parlementaires (B235). La situation des feux de signalisation continue d’alimenter les débats. Pour rappel, le feu situé à la jonction Victoria et de l’avenue Belle-Rose, non loin du marché central, est en panne depuis plusieurs mois. La députée de la circonscription n°18 a, à plusieurs reprises, interpellé le ministre des Transports , Osman Mahomed, sur ce problème qui représente un danger pour les piétons comme pour les automobilistes.
Interrogé à ce sujet, l’adjoint au maire a reconnu que certains feux de signalisation sont effectivement défectueux. Il a toutefois averti que les travaux de réhabilitation risquent d’occasionner des désagréments aux usagers de la route, puisqu’il faudra fouiller la route et remplacer entièrement le système de feux de signalisation, dont le câblage vétuste remonte à plusieurs années.
Autre problème soulevé : l’état des routes. Un habitant de Quatre-Bornes raconte son quotidien, surtout avec l’arrivée prochaine de l’été et les risques de déluges. « Mo dir ou, sak-fwa gro lapli tombe, sime-la kase, trou partou. Otorite dir nou bizin fer fitness loto, mo krwar zot ki bizin vinn fer fitness zot larout », déplore-t-il.
Ici comme ailleurs , on bouche les trous à la va-vite, mais il suffit d’une pluie torrentielle pour que tout s’efface. Le goudron disparaît, les nids-de-poule resurgissent, et la chaussée devient un piège. Pour les conducteurs, contourner un trou peut signifier frôler un mur ou croiser de justesse une autre voiture.
Le ramassage des ordures reste un problème majeur pour les habitants. « Si zour zot ramass salte tomb dan en konze piblik, poubelle rest rempli. Ena plas zot pass 2 zur, ena place zis enn sel fwa par semenn. Ban scavenger pe fer zot travay, pa kapav reprose, me minisipalite bizin met enn tigit plis camion », explique ce Quatrebornais, dénonçant le manque de moyens logistiques. Il ajoute : « lontan dan Quatre-Bornes ti ena buku poubel. Aster la, ale guetter oumem pran depi coumancement ziska bazar Guetter, dir mwa komie poubel ena ».
Reste que la municipalité affirme avancer, malgré tout. Soutenue par les députés de la circonscription n°18 et le ministère des Collectivités locales, elle tente de maintenir le cap. Mais pour les Quatre-Bornais, l’essentiel demeure : voir leur ville évoluer au-delà des discours et constater, enfin, des changements concrets dans leur quotidien.