Squatters de Pointe aux Sables : Une lueur pour maintenir l’espoir

Vendredi, la plateforme Drwa a enn lakaz a organisé une veillée sur le terrain Jean Blaize à Pointe aux Sables où des familles vivent à la belle étoile depuis le 29 mai. Ce, suite à la démolition de leurs demeures à l’aide de bulldozers par les autorités. Une initiative qui vise à réconforter ces familles et qui devrait être réitérée à Riambel et à Curepipe.

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Alors que le soleil entame sa descente, le terrain Jean Blaize à Pointe aux Sables connaît une effervescence inhabituelle. Ce vendredi 14 août, la nuit ne sera pas aussi froide que les précédentes, du moins dans les coeurs. Les familles qui y sont bloquées fqui ont comme unique toit le ciel étoilé, vivent cette soirée autrement, réchauffée par le soutien de ceux qui sont sensibles à leur détresse et qui se sont déplacés pour le démontrer.

Photo : Bouck Pillay-Vythilingum

Feu de camp.

Dès la nuit installée, un feu de camp a été allumée. Un symbole pour dire que la lumière finira par se montrer à la fin du tunnel. À côté du feu, des bougies sont allumées pour partager l’espoir. Comme pour soulager ces personnes des chansons sont entonnées par tout un chacun.

La soirée se voulait également être un moment de partage. La prise de parole des uns et des autres s’ensuit notamment celle Cassam Uteem, président d’honneur d’ATD Quart Monde, organisation internationale qui lutte contre la pauvreté dans le monde. L’organisation avait un message de réconfort pour ces familles que l’ex-Président de la République a adressé lors de la soirée. Des paroles de consolation qui n’ont pas laissé ces familles insensibles.

Témoignage déchirant.

Cette veillée était porteuse de réconfort et d’espoir nécessaire pour raviver la flamme de ces familles qui dorment à la belle étoile depuis 3 mois. On ne peut qu’être touché par la prise de parole timide de cette mère de famille et son témoignage déchirant. Elle exprimait son désir d’avoir un toit sur la tête de ses enfants en bas âge qui jouent innocemment à ses côtés. Plus tard, ces derniers iront dormir ailleurs le coeur déchiré de ne pouvoir passer la nuit aux côtés de leur mère.

Photo : Bouck Pillay-Vythilingum

Jimmy Jean Louis, observe la scène de loin. De retour d’une dure journée de travail, il confie que cela fait chaud au coeur de constater qu’il y a des personnes qui pensent à eux. Cet ancien gardien de but, qui a défendu les couleurs de son pays il y a des années, se retrouve aujourd’hui oublié par sa patrie qu’il a pourtant représenté avec honneur et fierté. Sa douleur s’entend à chacune de ses paroles pourtant pleine de sagesse.
La veillée avait également comme vocation de lancer un message aux autorités. “Nous ne demandons pas de faveur, mais demandons à ce que les personnes qui ont été enregistrées auprès des autorités concernées, puissent avoir un logement. Le gouvernement n’arrive pas à mettre en place le logement social puisque, ceux qui arrivent à se le permettre, ce ne sont pas les familles à petit budget. Quand au NEF, il ne peut intervenir que dans les cas où les personnes ont un terrain. Mais 99 % de ces familles n’ont pas de terrain. Du coup, ces gens tombent dans un vide, ce gap là doit être rempli. S’il y a une volonté politique pour changer la donne, il y a des solutions, il faut qu’ils veulent le faire”, soutient Delphine Ahnee de la Plateforme Drwa a enn lakaz.

Cassam Uteem : “J’éprouve un sentiment de tristesse et de révolte”

Photo : Bouck Pillay-Vythilingum

“J’éprouve un sentiment de tristesse de voir des enfants, en particulier, vivre dans de telles conditions depuis bientôt 3 mois sans que les autorités ne montrent aucun sens de sympathie et de considération. Je suis envahi également par un sentiment de révolte de constater qu’on laisse la situation perdurer sans trouver de solutions pour ces familles-là. C’est impossible que, dans l’Île Maurice de 2020, il y a toujours des personnes qui vivent dans ces conditions-là quand notre pays devient un pays à hauts revenus. Le fossé entre les riches et les pauvres se creuse. Nous devons remettre en question notre modèle de développement. J’entends dire qu’il y aura les assises du logement, il ne suffit pas de faire des forums, le temps est à l’action. Il faut trouver une solution très rapidement.”

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