Suraj Ray : « Il est temps que les vieux renards du monde syndical réfléchissent »

Suraj Ray, président de la Telecommunications Employees and Staff Association et du Mauritius Council of Social Service (MACOSS), vient d’être nommé membre du Redundancy Board. Il donne un aperçu de son parcours syndical dans l’interview qui suit et répond à ses détracteurs qui l’accusent d’être un proche du pouvoir. Pour lui, Il est temps que « les vieux renards du monde syndical réfléchissent un peu » avant de l’attaquer. Il fait état des difficultés qu’il a rencontrées lorsqu’il a tenté de mettre de l’ordre au sein du MACOSS. Et revient aussi sur le quartier général de l’Ong qui n’est pas opérationnelle depuis au moins six mois.

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Beaucoup de syndicalistes se posent des questions sur vous, surtout en ce qui concerne la rapidité avec laquelle vous avez gravi les échelons. Peut-on avoir un aperçu de votre parcours ?

Je suis d’abord et avant tout un observateur averti de la scène locale. On me connaît plus particulièrement comme syndicaliste et travailleur social. Mais je suis plutôt un professionnel dans le domaine de l’administration et suis aguerri aux relations industrielles, aux code et conventions du travail. En 2005, je venais tout juste de terminer mes études en droit à l’Université de Londres et j’ai commencé à faire mes premiers pas dans le syndicalisme. Depuis, j’ai fait un bout de chemin. Je suis devenu le président de la Telecommunications Employees and Staff Association. Par la suite, je suis devenu le secrétaire général du Mauritius Labour Congress, puis le président du Congress of Independant Trade Unions (CITU). J’ai fait introduire avec succès au sein du CITU la durée déterminée de la présidence pour un mandat ne dépassant pas deux termes. Durant ma présidence, j’ai fait le CITU devenir la plus grande confédération syndicale du pays en six mois. J’ai eu l’occasion de représenter les travailleurs de mon pays à la conférence internationale de l’Organisation internationale du travail. J’ai pu négocier avec succès l’affiliation du CITU à la Confédération syndicale internationale, la plus grosse organisation syndicale dans le monde. J’ai quitté le CITU à la fin de mon mandat afin de faire de la place pour d’autres et je suis venu soutenir la National Trade Union Confederation comme secrétaire général. Le monde syndical m’a beaucoup appris alors que j’ai eu l’occasion de participer à divers ateliers et d’apporter ma petite contribution à divers comités au sein du ministère du Travail.

Comment accueillez-vous votre nomination en tant que représentant des travailleurs au sein du Redundancy Board ?

C’est avec beaucoup d’humilité et de respect que j’ai accepté d’être le représentant des travailleurs au sein de cette instance d’arbitrage. Et là, je dois saluer le ministre du Travail, du Développement, des Ressources humaines et de la Formation qui a eu le bon sens et l’audace de faire adopter à l’Assemblée nationale les nouvelles lois du travail afin de donner plus de dignité aux travailleurs. Pour rappel, en 2008, une loi avait été adoptée pour mettre fin brutalement à l’existence du Termination of Contracts of Service Board. Celui-ci a été remplacé aujourd’hui par le Redundancy Board.

Certains syndicalistes ont écrit une lettre au Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour dire qu’ils ne sont pas satisfaits de votre nomination. Ils vous accusent d’être proche du pouvoir. Qu’en pensez-vous ?

Lorsque certains syndicalistes reçoivent des insignes M.S.K des mains du président de la République, que doit-on conclure alors ? Sont-ils des proches du pouvoir ? C’est trop facile de dire cela. Moi, je pense qu’il est grand temps que ces vieux renards du monde syndical réfléchissent un peu avant de parler. Ils devraient songer à faire de la place aux autres plutôt que de s’engager dans des manœuvres pour rester aux commandes d’organisations syndicales. Je suis syndicaliste et je représente les travailleurs de ce pays devant le Redundancy Board (RB). J’ai été nommé comme syndicaliste sur le RB comme cela se fait dans d’autres conseils d’administration. D’ailleurs, j’ai effectué des études de droit à l’Université de Londres.

Comment se porte le MACOSS actuellement ?

Il y avait, certes, beaucoup de difficultés au niveau des finances du MACOSS en 2018. Il y avait aussi beaucoup de décisions qui avaient été prises sans consultation avec les partenaires. Il y avait aussi beaucoup de manipulations dans l’organisation des élections. On ne savait même pas qui sont ceux qui sont membres ou pas. Il y a eu, par la suite, les élections du 29 décembre 2018 où j’ai été élu président par l’Assemblée générale, et ce n’est pas le comité exécutif qui procède à l’élection du président. La nouvelle équipe est venue donc avec une vision. Notre politique est de prôner l’intégrité, la bonne gouvernance et l’amélioration de nos relations avec les “stakeholders”. Nous avons certes heurté des obstacles mais je ne peux en dire plus car il y a une affaire en cour à ce sujet. Le MACOSS est, en tout cas, entre de bonnes mains et va dans la bonne direction. Ce sont les membres qui décident dans quelle direction le MACOSS va s’orienter. Ayant été élu démocratiquement, je ne fais qu’appliquer ce que les membres me demandent de faire.

On constate ces temps-ci que certains membres du MACOSS ne sont pas satisfaits du fonctionnement de cette institution. Ils vont même saisir la justice à ce sujet. Qu’en est-il de la situation ?

Je ne souhaite pas faire de grand commentaire sur cette affaire qui est toujours en cour. Tout ce que je peux dire, ce que c’est l’Assemblée générale qui prend toutes les décisions au MACOSS.

Le quartier général du MACOSS est resté fermé pendant plusieurs mois. Pourquoi ?

Nous avons eu de gros problèmes avec notre quartier général situé à Ébène. Dans le passé, on a fait installer une clôture qui a malheureusement empiété sur le terrain du promoteur du projet Royal Green. Ce dernier n’était pas content du tout et nous avons dû avoir affaire avec le ministère du Logement et des Terres qui nous a fait savoir qu’on n’a pas le droit d’empiéter le terrain de notre voisin. Figurez-vous que notre clôture ainsi que notre porte d’entrée se trouvaient sur le terrain du voisin. L’installation de cette clôture et de la grande porte a coûté au MACOSS la bagatelle de Rs 488 000. Nous avons créé un passage pour entrer dans l’enceinte du MACOSS en attendant les grands travaux à venir. Il faut créer un nouveau passage et réaménager l’entrée principale du MACOSS. Nous avons pu, après six mois, pénétrer à l’intérieur du bâtiment pour effectuer des travaux de nettoyage. Le bâtiment est maintenant opérationnel. Pendant tout ce temps, nous avons dû louer des espaces pour organiser des réunions. C’est du gaspillage des fonds publics alors que nous avons déjà notre quartier général.

On vous accuse de prendre des décisions unilatérales au sein du MACOSS. Est-ce vraiment le cas ?

C’est le conseil et l’Assemblée générale qui prennent les décisions. Il est faux de dire que c’est moi qui prends toutes les décisions de façon unilatérale. Je laisse la justice trancher dans cette affaire. Depuis que j’assume la présidence du MACOSS, beaucoup de projets ont été réalisés. On a pu dispenser des cours de formation aux membres, organiser des conférences, assainir la situation financière, faire un inventaire de nos effets immobiliers. Je dois dire que j’ai été choqué par rapport au nombre de meubles que nous disposons au quartier général du MACOSS. Il y en a définitivement trop.

On vous accuse d’avoir organisé dans le passé une manifestation en faveur de la direction de Mauritius Telecom. Que répondez-vous à cela ?

Je crois que certains syndicalistes ont mal compris notre démarche. Il faut savoir que chez Mauritius Telecom, les relations industrielles se sont améliorées. Beaucoup d’employés qui n’étaient pas sur l’establishment sont désormais reconnus comme des employés à part entière. Aussi, des comités ont été mis sur pied pour écouter les doléances des employés à travers les syndicats. Il y a donc des voies de communication qui sont ouvertes pour les négociations. Nous avons dû manifester en vue d’encourager la direction à continuer dans cette voie. Donc, il est évident qu’avec une telle formule, on n’aime pas que des gens viennent jeter de la boue sur MT. Certains n’ont pas compris cette façon de faire de notre part et ils ont interprété cette manœuvre comme une manifestation syndicale pro direction de MT. Je laisse donc à la population le soin de juger qui a tort et qui a raison. Quant à nous, nous allons continuer notre travail et laver nos linges sales en famille.

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