Taïwan : la fête du « cochon sacré » attire de moins en moins de monde

A Taïwan, la fête annuelle du « cochon sacré », où d’énormes porcs sont abattus pour être exposés, mobilise de moins en moins les foules, cette tradition étant critiquée par les défenseurs de la cause animale.

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Ce rite fondateur de la culture des Hakka, qui représentent environ 15% de la population de l’île, suscite désormais la controverse.

Le but est de présenter l’animal le plus gros et le vainqueur repart avec un trophée.

Lundi, aux sons des gongs et des cornes, 18 porcs abattus ont été conduits dans le temple Hsinpu Yimin, au nord de l’île pour y être exposés.

Cette année, le plus lourd pesait 860 kilos, soit trois fois le poids moyen d’un porc adulte.

Les carcasses, dont les poils ont été rasés et sur lesquelles ont été épinglées des décorations, sont suspendues, un ananas fourré dans la gueule. La tête des animaux parait minuscule par rapport à leur énorme corps.

A l’issue de cette fête, les carcasses sont ramenées au domicile de leurs propriétaires qui distribuent la viande à leurs familles, proches et voisins.

La famille de Tseng Jia-yun a engraissé un cochon qui, lorsqu’il a été tué la semaine dernière, pesait 400 kilos.

Ce sacrifice a été fait pour satisfaire les souhaits de sa grand-mère, âgée de 86 ans.

« En tant que Hakka, je suis fière de cette culture du cochon divin, il faut la préserver », a-t-il expliqué à l’AFP, estimant « absurde » la polémique suscitée par les associations de défense des animaux.

« Il n’y a pas de cruauté envers les animaux contrairement aux rumeurs qui circulent », affirme M. Tseng.

Un point de vue à l’opposé de celui des défenseurs des animaux qui dénoncent le fait que les porcs sont gavés, souvent dans de tout petits enclos.

« Les cochons sont tellement lourds qu’ils ne peuvent même plus se tenir débout », soutient Lin Tai-ching, directrice de l’association taïwanaise pour l’environnement et les animaux (EAST).

– Fête ancestrale –

Depuis 15 ans que Mme Lin s’intéresse à cette fête, elle affirme que les mentalités ont commencé à changer.

La foule est de moins en moins nombreuse et le nombre de bêtes sacrifiées a considérablement chuté.

« Il y a plus de quinze ans, il y avait plus d’une centaine de porcs qui participaient à ce concours contre 37 cette année », selon elle.

Le nombre d’animaux dépassant les 600 kilos est également forte baisse, souligne Mme Lin.

Cette année, deux familles ont fait le choix de présenter des paquets de riz en forme de cochons en lieu et place des bêtes, signe que certaines familles rejettent les sacrifices d’animaux.

Selon des chercheurs et des habitants, si cette fête est ancestrale, le fait d’engraisser des porcs est un phénomène plus récent.

Les Hakka sont l’une des minorités ethniques venues, au cours des siècles, de Chine continentale s’installer à Taïwan.

Chaque année, une cérémonie de commémoration est organisée au temple Hsinpu Yimin, pour rendre hommage à des Haka tués en défendant leurs villages à la fin du XVIIIème siècle.

C’est lors de  l’occupation de Taïwan par le Japon, au début du XXe siècle, que le sacrifice des porcs engraissés est devenu une tradition.

Cette coutume a pris de l’ampleur dans les années 80 et 90 avec des cochons qui devenaient de plus en plus gros.

« La fête Yimin est destinée à honorer nos ancêtres qui ont perdu la vie en défendant notre patrie mais aussi pour prouver notre fraternité et notre loyauté », souligne M. Tseng.

Mme Lin et des défenseurs de la cause animale affirment que leur objectif n’est pas de mettre fin aux coutumes des Hakka mais qu’ils souhaitent simplement moins de cruauté envers les animaux.

« Nous ne sommes pas contre le sacrifice des porcs », explique Mme Lin, « mais nous sommes contre les compétitions basées sur le poids d’un animal ».

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