Tourisme – Réouverture des frontières : Les petits opérateurs retrouvent le sourire

Deux semaines après la réouverture des frontières, Trou-d’Eau-Douce, petit village côtier de l’Est, retrouve son animation habituelle. Les touristes en attente de prendre le bateau pour se rendre à l’Ile-aux-Cerfs, le va-et-vient des taxis, les restaurants qui relèvent les volets… Autant de signes que l’activité économique redémarre peu à peu.

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Moïse Dardenne est un opérateur incontournable du village. À la tête de la compagnie Bateaux Vicky, ainsi que des restaurants Le-Four-à-Chaux et La-Case-Poisson, confirme que c’est une nouvelle vie qui commence. « Après 18 mois très difficiles, c’est un nouveau souffle de vie pour nous. Même s’il n’y a pas encore un grand nombre de touristes comme avant, au moins, nos activités reprennent. Déjà, un énorme soulagement », dit-il.

Il ajoute que le gouvernement a pris la bonne décision de rouvrir les frontières, car la situation était devenue très compliquée pour ceux qui dépendent du secteur du tourisme. « On s’attend à ce que la situation évolue dans les semaines à venir avec la période des fêtes. Les hôtels ont déjà pas mal de réservations et les Mauriciens commencent aussi à sortir pour se rendre à l’Ile-aux-Cerfs. Autant de signes très encourageants. » avoue cet entrepreneurs incontournable sur la côte Est. Montrant un parachute ascensionnel dans le ciel du côté de l’Ile-aux-Cerfs, Moïse Dardenne rajoute : « on avait presque oublié cette image. On avait presque oublié les touristes, tant le village était au ralenti. Pour ne pas dire au point mort. Aujourd’hui, c’est le signe que la vie reprend à Trou-d’Eau-Douce et nous en sommes très satisfaits. »

Cette attente, ajoute-t-il, ne concerne pas uniquement les opérateurs, mais aussi les amoureux de Maurice. Il cite en exemple deux familles françaises, venues en vacances pour une semaine seulement, et qui reviendront par la suite en décembre. « Ce sont des habitués. Cela faisait tellement longtemps qu’ils n’étaient pas venus qu’ils ne pouvaient s’empêcher de profiter de la réouverture des frontières. Ils ne pouvaient rester plus d’une semaine et ont décidé de revenir en décembre. Cela démontre à quel point des touristes sont impatients de revenir chez nous. Les habitués sont un peu comme les membres de notre famille », laisse-t-il entendre en dissimulant difficilement ses sentiments.

Quant à savoir s’il n’a pas peur des risques liés au Covid-19, surtout avec le variant Delta qui circule au sein de la communauté, Moïse Dardenne répond de manière assurante qu’il faut bien apprendre à vivre avec. « Je rappelle toujours à tout le monde autour de moi qu’il faut prendre le maximum de précautions. Ceux qui travaillent avec nous ont leur famille qu’il faut aussi protéger. C’est pour cela que je suis toujours derrière eux pour ne pas relâcher. Nous avons un protocole sanitaire à adopter pour les excursions, il y a eu des formations. Si tout un chacun s’y met et apporte sa collaboration, on limite les risques », rassure-t-il.

La reprise dans le tourisme ne se fait toutefois pas sans séquelle. Il y a ceux qui ne veulent pas ou qui ne peuvent pas retourner dans ce secteur après la crise. « Certains sont découragés. Ils ont préféré aller trouver du boulot dans d’autres secteurs. Ils ne veulent pas revenir, car ils disent qu’on ne sait jamais quand un autre lockdown pourra être décrété. D’autres ont dû vendre leurs bateaux pour rembourser leurs dettes », concède-t-il avec une dose d’amertume.  Heureusement, dit-il, que pour ceux qui étaient en règle, le Wage Assistance Scheme a été cette bouée de sauvetage en pleine tempête sanitaire et économique. « Au moins nous avions pu assurer le salaire de nos employés. Même s’il faudra rembourser après. Nous remercions le gouvernement pour cela. Autrement, cela aurait été un véritable drame pour chacune des familles concernées », dit-il.

Le retour des touristes fait chaud au cœur, ajoute Moïse Dardenne. Cela démontre qu’ils n’ont pas oublié Maurice et qu’ils prennent le risque de venir ici, en dépit de la crise sanitaire. Si pour les excursions à l’Ile-aux-Cerfs, les activités ont démarré plus rapidement, les restaurants, en revanche, prennent un peu plus de temps à retrouver le rythme habituel. « Pour le moment, nous avons quelques clients. Mais je suis confiant que cela évoluera dans les semaines à venir. »

Il lance ainsi un appel à ses collègues du secteur de profiter de la réouverture pour reprendre leurs activités, au lieu d’attendre des jours meilleurs. « Certains disent qu’il faut attendre pour voir comment la situation évoluera. Moi, je dis que c’est maintenant qu’il faut travailler. Il faut profiter de ce booster et faire le maximum aujourd’hui. Il ne faut pas attendre demain, car on ne sait jamais ce qui peut se passer. Moi je dis que ceux qui vont attendre resteront derrière », conseille-t-il.

Alors que l’espoir renaît dans ce secteur, Moïse Dardenne veut regarder droit devant lui et profiter des nouvelles opportunités. « S’il y a des mots que je ne veux plus entendre, c’est lockdown et fermeture des frontières… Ce sont les pires choses qu’on ait eues à vivre, à part la perte d’un proche bien sûr », s’insurge-t-il. Il se dit également reconnaissant envers le gouvernement d’avoir accordé un moratoire de deux ans pour le paiement des frais annuels aux opérateurs du tourisme. Alors que la date butoir approche, il lance un appel pour une année supplémentaire, le temps de permettre au secteur de réellement reprendre son envol et de consolider ses assises.

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