Triolet – Sime Lalimier : « Inculquer aux enfants la notion du vivre-ensemble »

Marie-Lourdes Sobha, âgée de 64 ans, avait 44 ans le 21 février 1999, le jour où Kaya a trouvé la mort dans des circonstances troublantes. Cette habitante de Résidence Mère Teresa, Triolet, avait vécu des moments très difficiles pendant les émeutes qui avaient eu lieu dans cet endroit, où plusieurs maisons avaient été incendiées et saccagées.

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Elle a participé tout récemment au « Projet de société », une initiative citoyenne de Malenn Oodiah, l’événement « Sime Lalimier » à Résidence Mère Teresa, Triolet, en collaboration avec l’Ong Safi re, qui a démarré en décembre 2018. Des échanges avaient eu lieu avec les résidents et d’autres Ong. Selon Malenn Oodiah, le but est d’accompagner les résidents de Mère Teresa à « prendre le chemin de l’avenir pour célébrer et s’engager dans le vivre-ensemble 20 ans après 1999 ». “Simin Lalimier” « est appelé à se développer audelà du 23 février ».

Marie-Lourdes, qui avait contribué à donner de la couleur à Résidence Mère Teresa, avec la collaboration d’une quinzaine de femmes, explique la raison pour laquelle elle avait apporté son soutien à ce projet. « Nou finn mobilize pou donn koutmin pou pinture nou landrwa pou redonn lavi isi, lavi an lot

kouler e an mem tan montre ki nou pa anvi rest ek bann move souvenir 20 an apre. Li pa fasil pou blie, me nou pa bizin pozitive pou get pli divan. »

Marie-Lourdes explique que dans un premier temps, certains habitants étaient quelque peu réticents pour participer à cette action collective. Mais ils étaient revenus à de meilleurs sentiments lorsqu’ils ont compris notre objectif. « Certains se sont portés même volontaires pour les murs qui ont été peints soient entretenus régulièrement.

Marie-Lourdes raconte que, malade, elle se trouvait dans une salle de l’hôpital Jeetoo lorsque le cadavre du chanteur avait été transporté à la morgue de cet établissement hospitalier. « J’avais appris qu’une grosse foule était massée dans l’enceinte de l’hôpital pour attendre la dépouille et un peu plus tard à la radio, qu’une tension régnait dans le pays à cause de la mort de Kaya. J’avais eu ma décharge le lendemain et je devais rentrer chez moi à Triolet. J’avais peur. Je ne savais pas comment faire pour rentrer chez moi. Mon époux Joseph, aujourd’hui, décédé, était venu me chercher pour me ramener à la maison. En arrivant chez nous, il y avait de la tension, des maisons étaient la proie de flammes. Des habitants avaient sollicité le père Philippe Goupille, qui était curé dans la paroisse à cette époque, pour lui demander de faire intervenir ce jour-là la force policière pour ramener à l’ordre les émeutiers. »

Un de ses voisins qui s’était caché sous un véhicule garé tout près sa maison, rappelle MarieLourdes, avait failli trouver la mort lors d’un incendie. « Mes voisins, mon époux et moi avons vu la mort en face. C’était la panique et le sauve-qui-peut général. On cherchait refuge chez des voisins. » Heureusement que tout était retourné à la normale après l’intervention de la Special Mobile Force et la Special Supporting Unit.

« Je ne souhaite pas revivre ces moments de peur, de violence. Ti byen tromatizan sirtou pou zanfan. Ti enn moman kot Moris ti dan teneb, pa ti ena simin lalimier », dit-elle. Pour Marie-Lourdes, cet événement a marqué à jamais l’histoire de Maurice. Elle aconte qu’elle n’avait jamais écouté un morceau de Kaya avant sa mort. « Se kan li finn mor, ler la mo finn ekout so mesaz. Pena violans dan so mesaz, ena lamour, lape, larmoni. Se sa ki Kaya ti pe reprezant pou la nasyon morisien. »

Marie-Lourdes demande à Malenn Oodiah, qu’elle remercie beaucoup pour cette initiative et son équipe, d’être plus présent à Résidence Mère Teresa, Triolet. « La participation des enfants à cet événement est un signal positif. Il faut leur inculquer la notion de vivre ensemble dès leur jeune pour une île où il fait bon vivre entre les différentes communautés. » L’événement du 23 février a été marqué par une série d’activités. Ainsi avec la collaboration de Safire, il y a eu une distribution d’albums de photos et l’installation d’un “zardindrom”. Plusieurs activités ont été organisées dont le dévoilement de sculptures de Nirmal Tree avec Amitr Dyalliah, Gaël Froget, Joshila Daby, Jean-Marie Banzigou, Denis Mayer.

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