Vincent Degert : « Sortie de la liste noire de l’UE : montrer que l’architecture juridique instituée est effective »

À l’occasion de la Fête de l’Europe, célébrée le 9 mai, date d’anniversaire de la déclaration Schuman, considérée comme l’acte de naissance de ce qui est aujourd’hui l’Union européenne, Le Mauricien s’est entretenu avec l’ambassadeur de l’Union européenne, Vincent Degert. Ce dernier évoque l’accord post-Cotonou, qui a été signé en avril entre la Commission européenne et l’Organisation des pays ACP (OACP) le 17 avril dernier. L’ambassadeur a aussi dit constater que le dossier, concernant la sortie de Maurice de la liste noire, évolue « positivement ». Il explique : « Le défi est maintenant de montrer que l’architecture juridique instituée est effective. » Concernant les vaccins, l’ambassadeur reconnaît que « le mécanisme COVAX a connu certains problèmes de livraison avec des retards importants ». Il ajoute : « Ceux-ci sont encore accentués avec la phase difficile que traverse l’Inde. »

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L’Union européenne et l’association des pays ACP viennent de signer l’accord post-Cotonou. En quoi ce nouvel accord diffère de l’actuel ?

L’accord présente trois changements majeurs. Premièrement : il n’est plus seulement fondé sur une logique d’aide au développement, mais bien de partenariat politique et stratégique entre l’UE et les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique). Ces derniers se sont d’ailleurs entre-temps structurés en une organisation internationale forte, qui regroupe les 79 pays concernés. Si les acquis de l’accord de Cotonou offrent une base solide, un socle de travail en commun sur plusieurs décennies et de solidarité éprouvée, la volonté est d’aller plus loin ensemble pour répondre aux défis du XXIe siècle, tout en recherchant plus d’effectivité et d’impact au regard des moyens mobilisés. Ceci est d’autant plus nécessaire que les attentes des opinions publiques européennes comme celles des pays ACP qui se font, chaque jour, plus pressantes en termes de redevabilité. L’objectif est, en premier lieu, de se concentrer sur le cadre des programmes de soutien nationaux et régionaux sur un nombre limité de priorités spécifiques pour apporter une vraie valeur ajoutée, visible et mesurable.

Deuxièmement : face aux nouveaux défis, nous devons travailler ensemble, partager nos analyses et définir des actions communes sur les questions d’intérêt mutuel. Parmi ces questions, la préservation de la paix et de la sécurité est ainsi devenue une préoccupation de plus en plus présente en raison des conflits régionaux auxquels l’UE et les pays ACP se doivent d’apporter, ensemble avec l’Union africaine et les organisations régionales, comme la CEDEAO ou la SADC, des réponses à travers la prévention, la médiation ou les missions civiles et militaires. La présence et l’action des groupes terroristes ainsi que l’existence de nombreux trafics alimentent cette instabilité. Bien sûr, la réponse est complexe et ne saurait être que sécuritaire. La bonne gouvernance et le caractère inclusif du développement font également partie intégrante de cette complexité. L’affirmation des principes de l’état de droit et la lutte contre la corruption relèvent des thématiques essentielles pour asseoir un développement durable comme clairement et solennellement réaffirmées dans le contexte des Objectifs du Développement Durable des Nations unies qui inspirent et imprègnent ce partenariat rénové. Un autre thème sensible que les deux partenaires se doivent de traiter ensemble est celui de la migration; elle pose d’immenses défis pour les pays d’origine et de transit comme pour ceux de destination, qu’il s’agisse de fuite des cerveaux, de trafic d’êtres humains et de mortelles traversées pour les migrants.
Troisièmement, ce nouvel accord prend en compte l’évolution du monde et les nouveaux risques qui apparaissent désormais de façon marquée à l’image du changement climatique.

La pandémie de COVID-19 a mis en exergue nos fragilités communes et la nécessité de repenser le lien homme-nature ; s’il nous faut travailler sur la relance verte, avec une utilisation raisonnable et raisonnée des ressources naturelles, y compris celles de l’économie bleue, nous devons éviter les erreurs du passé et mener, là encore, ensemble cette lutte contre le changement climatique. Toutes ces luttes, tous ces combats, nous devons non seulement les traiter et offrir des solutions dans le cadre de notre partenariat, mais aussi les porter sur la scène internationale pour faire évoluer les lois et les mentalités; en additionnant les voix des 79 ACP à celles des 27 de l’UE, nous constituons une force, une majorité qui peut peser sur le cours des politiques internationales. Déjà cette année, plusieurs rendez-vous importants se présentent : la COP 26 sur le changement climatique et la COP 15 sur la biodiversité, autant de sujets qui concernent particulièrement les pays africains, y compris les îles comme Maurice qui est le dixième pays le plus exposé au monde aux désastres naturels.

Quelles sont les implications pour Maurice ?

C’est l’occasion d’une réflexion sur la relation future entre l’UE et Maurice, en particulier sur les priorités que nous souhaitons ensemble mettre en avant. Dans le contexte du nouveau cycle de programmation 2021-2027, nous menons actuellement des consultations et des discussions préliminaires autour notamment de la problématique du changement climatique et de celle de la gouvernance; ces deux problématiques sont en réalité intimement liées : la lutte contre le changement climatique postule une ‘whole of government strategy’ forte et déterminée qui, outre une vision et des plans d’action ambitieux, assure sa mise en œuvre effective selon les indicateurs et le calendrier fixé. Nous souhaitons nous engager pleinement au côté de Maurice dans ces deux domaines prioritaires.

Et pour la Commission de l’océan Indien ?

Les organisations régionales sont appelées à démontrer la pertinence et l’efficacité de leur action et à se concentrer sur des thèmes où elles ont une forte valeur ajoutée reconnue et démontrée. Elles doivent par ailleurs s’assurer de l’articulation et de l’interaction entre le niveau régional et le niveau national. La sécurité maritime qu’il s’agisse de lutte contre les pollutions marines ou la pêche illégale est un excellent cas d’école !

Qu’adviendra-t-il des accords APE? Les accords régionaux au niveau du continent africain seront-ils maintenus ? Dans lequel cas, est-ce que les discussions en vue d’un accord complet entre la région de l’Afrique orientale et australe et la Commission européenne se poursuivront ?

Les Accords de partenariat économique (APE) sont des accords internationaux autonomes. Ils restent valables et le nouvel accord de partenariat UE–Afrique-Caraïbes-Pacifique assurera le lien avec les APE, en particulier pour ce qui concerne les principes généraux et son action en faveur d’une croissance et d’un développement économiques inclusifs et durables.

L’APE intérimaire pour la région d’Afrique orientale et australe a permis de consolider les flux commerciaux entre l’UE et les cinq pays signataires, y compris Maurice. Nous travaillons actuellement sur l’approfondissement de l’accord pour inclure par exemple les questions d’investissement et les règles phytosanitaires afin de faciliter encore l’accès au marché européen et de fluidifier les flux commerciaux et d’investissements. Le travail que nous effectuons sur les droits de propriété intellectuelle, sur la législation douanière et sur les mises aux normes va renforcer les échanges et dynamiser les économies et la création d’emplois et d’activités. Nous travaillons également sur un chapitre de commerce et développement durable, qui complètera les mesures de l’accord post-Cotonou. De plus, l’APE peut se voir comme une composante, un ‘building block’ pour la mise en place, sur le long terme, d’un accord entre l’UE et la Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA); cet accord continental, qui regroupe 54 pays africains, vient tout juste d’être ratifié par Maurice en décembre 2020. L’objectif à terme est de travailler ensemble à la conclusion d’un accord commercial global UE-Afrique.

Comment se présente le partenariat entre l’Union européenne et Maurice ? Quels sont les secteurs prioritaires de coopération ?

Le partenariat UE-Maurice, à travers l’appui au secteur du sucre et au secteur textile, a eu des résultats extrêmement marquants qui ont forgé le développement économique de Maurice. L’UE a ainsi fortement soutenu la réforme du secteur sucrier, qui a pu se maintenir et se diversifier, même s’il reste aujourd’hui des étapes à franchir; vu l’urgence climatique, il faut impérativement se pencher sur l’apport de secteur au niveau des énergies renouvelables. L’UE est aussi un partenaire de longue date de Maurice dans le secteur de la pêche. Nous avons, dans le cadre régional, un acquis important en matière de sécurité maritime et de pêche durable qu’il nous faut en permanence améliorer et renforcer au regard notamment du caractère soutenable de cette activité essentielle et de la protection durable de la ressource halieutique. Face à tous ces défis planétaires, du changement climatique à la protection de l’environnement et à la préservation de la biodiversité comme moteur d’un développement inclusif et durable, il nous faut réaliser un authentique saut qualitatif. Pour y parvenir, il ne faut négliger aucune innovation et utiliser toutes les potentialités à notre disposition; c’est un challenge à la fois existentiel et exaltant !

Comment la pandémie de COVID-19 a influencé la coopération entre l’Union européenne et Maurice ?

La pandémie a très fortement influencé notre coopération. Nous avons, à la demande des ministères concernés, pris la décision, en juin 2020, de réaffecter la totalité du programme bilatéral en cours, soit 8 millions d’euros vers le secteur de la Santé. Il en résulte un appui budgétaire qui permet de renforcer directement les moyens à disposition des autorités pour mieux répondre à la crise de la COVID-19 en cours et pour mieux se préparer à d’autres crises sanitaires potentielles à venir. Cela inclut une augmentation de 25% du nombre et de la capacité d’accueil des unités de soins intensifs, une augmentation de 50% de la capacité journalière de tests, le renforcement des protocoles de traitement des malades atteints de la COVID-19 ainsi que la formation du personnel hospitalier pour renforcer leur capacité de gestion et de respect des protocoles face aux crises sanitaires. Cet appui est en train de se mettre en place. Cette action nationale a été complétée en décembre par une intervention au niveau régional avec la Commission de l’océan Indien (COI) pour renforcer la surveillance épidémiologique à travers le réseau SEGA One Health. Ce réseau a été mis en place pour lutter contre toutes les pandémies et les zoonoses, en permettant la détection précoce et le partage d’informations par la coopération régionale. Il est financé par l’Agence française de développement et l’Union européenne, et animé par la COI pour une meilleure anticipation et une meilleure gestion des épidémies, telles que celles du coronavirus, mais aussi de la dengue, du chikungunya, de la grippe aviaire et bien d’autres. Aujourd’hui, Rodrigues doit faire face à l’apparition de la fièvre aphteuse et la COI peut directement intervenir, tant sur la détection que sur le traitement et aider ainsi les Rodriguais à surmonter cette crise dans la crise. Nous travaillons aussi sur de nouveaux chantiers d’avenir avec un projet de la Banque européenne d’investissements (BEI) pour la fabrication de réactifs innovants à base végétale et destinés à des kits de dépistage rapide et au traitement de la COVID-19 et d’autres maladies endémiques. Il s’agit de la construction d’une nouvelle installation de haute technologie à Maurice. Ce projet a été approuvé en décembre dernier et se trouve désormais en phase de concrétisation et d’installation.

Vous avez suivi de près les discussions entre Maurice et l’Union européenne concernant une éventuelle sortie de Maurice de la liste noire de l’Union européenne. Comment évolue ce dossier ?

Ce dossier évolue positivement puisque Maurice a pris un ensemble de mesures importantes pour renforcer la supervision des secteurs du jeu, de la bijouterie, des investissements immobiliers et du Global Business, avec notamment une meilleure analyse et compréhension des risques, des obligations légales renforcées de Reporting pour les opérations et un registre fiable et accessible sur l’identification des actionnaires réels des sociétés. Le défi est maintenant de montrer que cette architecture juridique est effective, par exemple à travers le traitement des Suspicious Transaction Reports et qu’elle donne lieu, lorsque nécessaire, à des mesures de correction et de sanction. Il faut aussi bien cerner et réglementer le domaine des associations à but non lucratif et des entités quasi juridiques qui peuvent être des sources importantes de blanchiment. Nous sommes, là encore, aux côtés de Maurice pour continuer à fournir toute l’assistance technique nécessaire sur ce dossier afin de tourner au plus tôt cette page, en consolidant la réputation de Maurice comme centre financier international par la sortie de la liste du GAFI.

Le dialogue politique entre l’Union européenne et Maurice n’a pas eu lieu l’année dernière en raison de la pandémie. Quand est-ce que la prochaine réunion est-elle prévue ?

La date est actuellement en discussion avec le ministère des Affaires étrangères. Elle va dépendre de la situation sanitaire puisque l’idée est de permettre aux Ambassadeurs non-résidents de nos États membres de participer au dialogue. Entre-temps, nous avons déjà beaucoup avancé sur l’agenda et les thématiques à traiter lors de ce dialogue.

Si la réunion devait se tenir cette année, quels auraient été les principaux sujets qui auraient figuré à l’agenda des discussions avec le gouvernement mauricien ?

L’agenda est habituellement assez standard. Cependant, il est clair que les circonstances actuelles vont nous amener à nous concentrer sur les questions sanitaires, la sortie de crise et la relance économique et de voir comment l’UE peut soutenir Maurice. S’y ajoute la dimension régionale avec la question de sécurité maritime, y inclus l’extension du mandat de l’opération navale EUNAVFOR, avec de nouvelles tâches, notamment la lutte contre le trafic d’armes et le trafic de drogue, qui représentent une préoccupation forte de tous les gouvernements de la région.

Comment l’Union européenne peut-elle aider Maurice à avoir accès aux vaccins dont le pays a besoin ?

Les vaccins sont la clé pour une solution durable à la pandémie. Depuis le début, l’UE avec ses Etats membres a été le fer de lance de la mobilisation internationale, et du principe selon lequel les vaccins doivent être universellement accessibles. Alors que certains pays assurent la promotion de leurs vaccins en bilatéral, nous avons fait le choix du multilatéralisme et de soutenir la Facilité COVAX gérée par le système des NU avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le mécanisme COVAX a malheureusement connu certains problèmes de livraison avec des retards importants. Ceux-ci sont malheureusement encore accentués avec la phase difficile que traverse l’Inde, qui l’oblige à réserver sa production pour accroître le taux de vaccination de sa propre population. Nous restons cependant, comme le souhaitent les Nations Unies, pleinement engagés pour faciliter l’accès à des vaccins sûrs et efficaces, en particulier pour les pays les plus pauvres et leurs Frontliners. Pour cela, il nous faut travailler à l’accroissement rapide des capacités de production et de distribution; c’est la priorité que nous nous sommes fixée afin de poursuivre notre campagne de vaccination en Europe tout en maintenant un flux d’exportation vers ces pays.

Il faut reconnaître que ce coronavirus, depuis son apparition en Chine, il y a plus d’un an, n’a pas fini de nous réserver de mauvaises surprises… et force est de constater, humblement, que nous étions au niveau mondial mal préparés et mal équipés pour y faire face; il a donc fallu constamment et, sur tous les continents, nous adapter. L’Europe paye le plus lourd tribut avec plus d’un million de morts sur les 3,2 millions de victimes recensées à ce jour. Si nous devons nous réjouir de la mise au point de plus d’une dizaine de vaccins dans le monde, de nombreuses questions subsistent et alimentent parfois un certain scepticisme, voire une réticence face à la vaccination. Celle-ci ne peut être surmontée que par une transparence accrue qu’il s’agisse des effets secondaires même très minimes, voire infimes, du taux d’effectivité des vaccins fixé par l’OMS à 50% ou encore du taux d’efficacité par rapport aux variants et des solutions pour doper cette efficacité. Le moment viendra aussi où il faudra tirer les leçons de cette pandémie et il sera alors important de bien comprendre l’origine de ce virus afin de mieux se préparer à de possibles nouvelles épidémies à venir.

Depuis votre arrivée à Maurice, vous avez connu deux confinements et deux vagues de la pandémie. Comment avez-vous vécu cette expérience et quel est votre avis sur la gestion de la crise sanitaire à Maurice ?

L’île Maurice a été frappée de plein fouet par la pandémie, à commencer par le secteur du tourisme. Ma première tâche en tant qu’ambassadeur a été de faciliter, en étroite collaboration avec les autorités et les États membres de l’UE, l’évacuation de quelque 30 000 ressortissants européens bloqués à Maurice lors du premier confinement. 14 mois après l’apparition du virus à Maurice, la relance de ce secteur, qui représente environ 25% de l’économie, reste un défi, sans compter l’impact en chaîne sur les autres secteurs d’activités. Grâce aux mesures strictes imposées par les autorités, nous avons pu vivre 10 mois avec l’impression d’être sur un îlot paradisiaque, éloigné de la tourmente.

Malheureusement, cette situation n’a pas perduré et nous avons connu, ces dernières semaines, une deuxième vague qui nous a obligés à revoir notre mode de faire et de travailler. Les autorités, avec les acteurs économiques et sociaux, s’emploient à trouver une solution durable pour une sortie de crise et celle-ci passe forcément par la vaccination.

Nous allons continuer à travailler en ce sens avec tous nos partenaires et prioritairement sur la relance économique. Tourisme durable, approfondissement des liens commerciaux et d’investissements, relance verte avec les énergies renouvelables, gestion des déchets, préservation de la biodiversité, économie bleue, sécurité alimentaire et autonomie alimentaire sont autant de domaines dans lesquels nous sommes déjà engagés. Nous avons de nombreux bons projets en cours, comme avec le FAREI et l’Université de Maurice, que nous allons poursuivre et intensifier. Nous travaillons également à la préservation de la biodiversité et du lagon, à la reforestation et à la protection des mangroves et des coraux.

Bref, un agenda bien rempli qui nous attend et beaucoup de défis complexes qui nécessitent que nous soyons, à la fois, solidaires et désireux d’engager les réformes indispensables pour que cette crise ne soit pas seulement subie, mais serve d’opportunité pour redéfinir une croissance qui remette le lien entre l’homme et la nature au cœur de nos politiques !

 

« Post Cotonou : nous menons actuellement des consultations et des discussions préliminaires avec les autorités mauriciennes autour notamment de la problématique du changement climatique et de celle de la gouvernance; ces deux problématiques sont en réalité intimement
liées »

« La pandémie a très fortement influencé notre coopération. Nous avons, à la demande des ministères concernés, pris la décision en juin 2020 de réaffecter la totalité du programme bilatéral en cours soit 8 millions d’euros vers le secteur de la Santé »

« Services financiers : le défi est maintenant de montrer que cette architecture juridique est effective, par exemple à travers le traitement des Suspicious Transaction Reports et qu’elle donne lieu, lorsque nécessaire, à des mesures de correction et de sanction. Il faut aussi bien cerner et réglementer le domaine des associations à but non lucratif et des entités quasi juridiques qui peuvent être des sources importantes de blanchiment »

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