Virus: les frontières se ferment face aux variants

La société Moderna a annoncé lundi que son vaccin contre le Covid-19 restait efficace face aux variants britannique et sud-africain, dont la propagation inquiétante à travers le monde a conduit plusieurs pays à durcir les conditions d’entrée sur leur territoire.

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La pandémie a fait au moins 2.129.368 morts et contaminé plus de 99,1 millions de personnes dans le monde depuis fin 2019, selon un bilan établi par l’AFP lundi.

Aux Etats-Unis, pays le plus touché (au moins 419.220 décès pour 25.127.573 cas recensés), le nouveau président Joe Biden, qui a fait une priorité de la lutte contre le Covid-19, va restaurer lundi des restrictions d’entrée sur le territoire pour les étrangers ayant séjourné en Grande-Bretagne, au Brésil et en Afrique du Sud, où sont apparus des variants du coronavirus plus contagieux, et pour ceux venant d’une grande partie de l’Europe.

La société de biotechnologie américaine Moderna s’est cependant voulue rassurante, assurant que son vaccin restait efficace contre les variants britannique et sud-africain.

Les experts s’attendent à ce que le vaccin « protège contre les variants détectés à cette date », a affirmé Moderna au terme d’essais, précisant qu’elle allait travailler à développer une dose additionnelle pour accroître encore la protection contre ces variants.

D’autres pays avaient déjà durci récemment leurs conditions d’entrée.

En France, placée sous strict couvre-feu (18H00-06H00), présenter un test PCR négatif est devenu obligatoire pour les voyageurs venant de l’UE. La mesure s’appliquait déjà depuis mi-janvier aux voyageurs d’autres pays.

Mais « il faudra probablement aller vers un confinement » face aux variants qui « changent complètement la donne » sanitaire en France et entraînent « l’équivalent d’une deuxième pandémie », a prévenu Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique qui guide les choix du gouvernement français.

Soucieuse d’éviter des fermetures de frontières au sein de l’UE, la Commission européenne a recommandé lundi aux Etats membres de mettre en place de nouvelles restrictions de déplacement pour leurs zones les plus touchées.

Israël, qui a déjà vacciné 2,5 millions de ses habitants (sur 9 millions), a décrété dimanche soir la suspension des vols internationaux jusqu’au 31 janvier.

– Pas de vaccin Merck-Pasteur –

Le laboratoire américain Merck a annoncé lundi l’interruption de ses travaux sur deux potentiels vaccins contre le Covid-19, dont celui développé en collaboration avec l’Institut Pasteur, une fondation française. Les deux organismes ont précisé que leurs projets de vaccins n’étaient pas aussi efficaces que leurs concurrents.

Plus de 63,5 millions de doses de vaccins ont été administrées dans au moins 68 pays ou territoires, selon un comptage de l’AFP.

En Europe, la grogne monte à propos des retards de livraison des vaccins. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé lundi le PDG d’AstraZeneca pour exiger qu’il honore ses livraisons.

La Pologne a commencé à vacciner lundi les plus de 70 ans, tout en regrettant le retard de livraison de vaccins Moderna. Comme l’Italie, elle avait menacé la semaine dernière d’une action en justice si Pfizer, également en retard, ne tenait pas ses engagements.

De son côté, l’Australie a délivré lundi sa première autorisation pour un vaccin, celui de Pfizer.

Outre le verrouillage progressif des frontières, l’inquiétude face aux nouveaux variants entraîne aussi le durcissement des mesures sanitaires.

En Autriche, le masque FFP2, plus filtrant, est devenu obligatoire lundi dans les transports publics, les magasins, les services et les cabinets médicaux. « C’est nécessaire à cause des variants du coronavirus, il faut mieux se protéger », estime Hannah Zügner, graphiste de 24 ans, à Vienne. Malgré un troisième confinement instauré après Noël et prolongé jusqu’au 8 février au moins, les infections ne baissent guère.

Au Royaume-Uni, également confiné pour la troisième fois, le gouvernement est lundi sous pression, y compris de son camp conservateur, pour fournir un calendrier de réouverture des écoles, fermées depuis début janvier. Le ministre de la Santé Matt Hancock a refusé de garantir qu’elles rouvriront avant Pâques.

« Nous risquons une épidémie de pauvreté éducative et de santé mentale », s’est inquiété le conservateur Robert Halfon, qui préside la commission chargée de l’Education à la chambre basse du Parlement du pays d’Europe le plus durement touché (près de 98.000 morts).

La Nouvelle-Zélande a indiqué lundi que la première personne contaminée localement en plus de deux mois, une femme de 56 ans, est atteinte du variant sud-africain du coronavirus

– Confinement et émeutes –

Au Brésil, deuxième pays le plus touché au monde (au moins 217.037 morts), l’Etat d’Amazonas se confine lundi pour une semaine. Capitale de cet Etat du nord-ouest du pays, Manaus a déjà vécu plus de 3.000 enterrements durant ce funeste mois de janvier, le plus meurtrier depuis le début de la pandémie.

Hong Kong a mis fin lundi au confinement d’un quartier pauvre et densément peuplé – le premier ordonné par les autorités depuis le début de la pandémie – qui a permis de recenser 13 cas de Covid-19 sur les 7.000 habitants testés, suscitant un débat sur l’efficacité d’une telle mesure.

Ces contraintes sans fin suscitent l’opposition parfois violente des populations dans plusieurs pays.

Dans plusieurs villes des Pays-Bas, des affrontements avec la police et des pillages ont éclaté dimanche lors de manifestations contre le couvre-feu instauré la veille.

Au Danemark, la police a arrêté trois personnes suspectées d’avoir incendié un mannequin à l’effigie de la Première ministre lors d’une manifestation samedi à Copenhague.

La pandémie de Covid-19 dévaste également l’économie, privant des millions de personnes de travail et de ressources. En 2020, « 8,8% des heures de travail dans le monde ont été perdues (par rapport au quatrième trimestre 2019), ce qui équivaut à 255 millions d’emplois à temps plein », soit quatre fois plus d’heures de travail parties en fumée que pendant la crise financière de 2009, selon l’Organisation internationale du travail (OIT).

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