ÎLE AUX CERFS: Le Passage Grand Courant ne sera dégagé qu’en juin 2012

Encore six longs mois à attendre avant que l’île aux Cerfs ne retrouve sa beauté. C’est ce que laissent entendre des sources proches de ce dossier à l’Environnement. Touristes et autres visiteurs devront encore supporter l’odeur nauséabonde qui se dégage du Passage Grand Courant, victime d’ensablement accéléré. Ce dossier, dénoncé par Week-End depuis avril dernier, stagne malgré l’assurance donnée en septembre par le ministre de l’Environnement, Deva Virahsawmy, que les promoteurs de l’île aux Cerfs – en l’occurrence le groupe Sun Resorts, détenteur du bail – ont reçu les instructions pour enlever les tonnes de sable accumulé dans le chenal. Toutefois, à ce jour, rien n’a été fait. Et rien ne sera fait avant juin 2012, selon nos informations, du fait qu’une telle activité dans le lagon gênerait les activités touristiques.
« La publicité mensongère ne semble pas gêner votre gouvernement. Et pourtant, cela va vous faire du mal ». Ce sont les propos d’une touriste venue passer quelques heures à l’île aux Cerfs la semaine dernière. Ces propos, elle les tient en raison de l’ensablement du Passage Grand Courant, canal séparant l’îlot Mangénie de l’île aux Cerfs, et qui faisant autrefois la beauté de la carte postale maîtresse de Maurice. « Ce passage n’existe pas. L’île aux Cerfs ne ressemble en rien à l’image vendue sur vos cartes postales, dans les guides touristiques ou autres sites web… », dit-elle. Et d’ajouter, « sans compter l’odeur, c’est écoeurant! On n’a pas envie d’y être. » Les plaisanciers abondent dans le même sens, soutenant que de nombreux touristes se plaignent de l’état de l’île aux Cerfs, certains réclamant même, à peine parvenus aux abords du site, de retourner à terre. 
Décisions tardives
Or, depuis avril 2011, Week-End fait état de « l’île aux Cerfs qui perd ses attraits ». Aujourd’hui, le courant ne passe plus entre l’île aux Cerfs et l’îlot Mangénie. L’eau du chenal est stagnante et puante, obligeant les baigneurs à aller nager ailleurs, du côté de l’îlot Mangénie, afin d’éviter l’odeur nauséabonde de l’eau pourrie qui s’en dégage. Malgré les mises en garde, les descentes des ministres et autres officiers sur le site pour vérifier « de loin » ces dires de Week-End, et les décisions tardives prises par le ministère de l’Environnement, obligeant Sun Resorts à dégager ce canal du sable accumulé, à ce jour, sept mois plus tard, rien n’a été fait. Mardi dernier, lors de l’examen en comité des dotations budgétaires des ministères pour l’exercice financier 2012, le ministre de l’Environnement a fait ressortir que  le gouvernement a déjà pris la décision d’enlever 50 000 tonnes de sable à la suite de l’ensablement de la région de l’île-aux-Cerfs. « Ce sable sera utilisé pour la réhabilitation de l’îlot Mangenie », a indiqué Deva Virahsawmy, indiquant que « le travail sera entrepris au moment approprié pour ne pas bousculer les habitudes des touristes. »  
Le dragage de sable étant interdit par la loi et le recours aux équipements JCB dans la mer étant défendu, vu les énormes dégâts que cela peut causer à l’écosystème-marin, l’hôtel devra utiliser une drague suceuse pour les travaux. Or, « ce moment approprié » pour l’enlèvement du sable dans le passage Grand Courant n’est prévu qu’en fin de haute saison touristique, soit après la période avril-mai, selon nos informations. Le ministère indique également que suivant le protocole d’accord signé avec la Japan International Cooperation Agency (JICA) qui accorde une somme de plus de Rs 100 M à l’Etat pour la réhabilitation de nos plages, des experts japonais seront amenés – même si cela ne figure pas au programme établi par le gouvernement pour la mise en oeuvre d’un Appropriate Coastal Spatial Management et proposer un plan de protection des récifs – à effectuer une étude sur la situation à l’île aux Cerfs. 
Si certains estiment qu’en raison des sacs de sable placés dans le canal afin de retenir au fond le tuyau d’alimentation en eau potable (installé dans le Canal Grand Courant par Sun Resorts pour que le Touessrock puisse approvisionner en eau son restaurant sur l’îlot Mangénie) et ne pas le permettre de remonter à la surface, le sable s’est accumulé de ce côté de l’îlot Mangénie, si bien que le courant ne passe plus entre l’île aux Cerfs et l’îlot Mangénie, on récuse ces allégations du côté de l’établissement hôtelier: « L’ensablement est un phénomène naturel. Certes, le Touessrock détient le bail sur l’île aux Cerfs, mais en théorie, nous ne pouvons pas contrôler ce qui se passe dans le lagon et dans le sable. C’est un sujet complexe. » Toutefois, le Touessrock indique que des études internes sont en cours pour connaître les raisons de cet ensablement accéléré. 
Selon un proche du dossier au ministère de l’Environnement, « l’enlèvement des 50,000 tonnes de sable dans le Passage Grand Courant n’est qu’une mesure temporaire. Il faut une étude approfondie pour connaître les raisons réelles de cet ensablement accéléré et voir quelles mesures prendre pour éviter la récurrence d’une telle situation dans le long terme. » Mais la lenteur des personnes concernées à prendre les mesures pour le court terme provoque l’agacement des plaisanciers de Trou d’Eau Douce et autres régions avoisinantes. « Enn travay kapav fer dan enn dé semenn sa. Kifer zot pa finn fer li avan nou gagn touris full dan sa période la? », questionnent les opérateurs de bateaux de plaisance, qui déplorent aussi que les décisions aient été prises tardivement et ne peuvent être appliquées aujourd’hui. « Kifer finn tardé sa kantité la? Sakenn (Ndlr : le Touesrock et le ministère de l’Enrivonnement) zoué boule are zot camarad. Pa mwa sa, li sa… Aster nou ti dimoun ki pé paye les pots cassés. Touris napli envi ale l’île aux Cerfs », disent-ils. 
Les pêcheurs et plaisanciers de la région souhaitent par ailleurs que le Passage Grand Courant qui a été décrété depuis 2008 No activity Zone leur soit réouvert. Soutenant que la limitation de vitesse étant déjà à 10 noeuds dans cette zone et qu’il n’existe pas de danger par rapport aux bateaux, ces plaisanciers estiment qu’en redonnant le droit aux bateaux de circuler dans cette zone, cela provoquerait un mouvement des eaux et le Passage Grand Courant retrouvera vite son élan. Ils attendent toujours une décision du ministère du Tourisme à leur requête. 

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