2005-2012 | BILANS MUNICIPAUX — DÉMOCRATIE RÉGIONALE:Sept années de sabordage systémique

Mai 2005, l’alliance PTr /PMXD/MR remportait les élections générales.                                                         Cherchant à tout prix à établir une hégémonie politique totale sur l’ensemble des instances décisionnelles du pays, l’alliance dite Sociale écourta le mandat des Conseils municipaux d’une année et organisa, en quatrième vitesse, des élections municipales en octobre 2005.
Des « Conseillers » rouges / bleus / verts, sans aucune expérience de gestion municipale, se retrouvèrent ainsi massivement installés à la tête de nos mairies. Faisant preuve d’un amateurisme affligeant, d’un laisser-aller des plus déconcertants et surtout d’une avidité pour des combines, autour de presque chaque décision – de l’octroi de la Citoyenneté d’honneur à l’achat de poubelles de luxe -, des conseillers ont ainsi, durant sept ans vampirisé les ressources municipales et anéanti leurs capacités d’action et leur image.
 Que reste-il véritablement aujourd’hui de ce que furent nos mairies d’antan ? Demandez au simple citoyen lambda ce qu’il pense de nos municipalités. Il vous dira comment la panoplie de services municipaux a été réduite à sa plus élémentaire expression et vous décrira cette léthargie pathologique qui ronge l’appareil municipal. L’incompétence des uns et l’affairisme aigu des autres ont ainsi ouvert la voie à toutes sortes d’abus, de fraudes et de pratiques de plus en plus détestables. Sur le plan opérationnel, nos municipalités ont ainsi presque été vidées de leur raison d’être et ont sombré dans une décadence et une médiocrité sans précédent.
Jamais nos municipalités n’ont été autant mal administrées et n’ont connu une telle souillure au grand désespoir des citadins de nos cinq villes.
Que n’a-t-on pas vu au cours de ces dernières sept années dans nos municipalités ?
 Certains conseillers qui vendent des étals du marché aux plus offrants, d’autres qui en viennent aux mains pour des sombres affaires d’allocation de contrats nécessitant même l’intervention de la Police pour calmer les esprits surchauffés…
 D’éternelles histoires de billets d’avion, de voyages et de coûteuses opérations de faire semblant alors que les mairies souffrent d’un sous-investissement chronique au niveau de presque tous les services essentiels et que c’est le grand désert sur les plans culturel, sportif et social… Des poubelles à Rs 9000 l’unité devant un Plaza fermé pour cause de rénovation mais en vérité un espace culturel confisqué depuis des lustres alors même que le service de la santé publique connaît de graves dysfonctionnements provoquant par conséquent une dangereuse prolifération de rats et corbeaux entre autres nuisances pour la santé des Mauriciens. Si nos municipalités sont incapables d’assurer la salubrité publique… que peut-on vraiment s’attendre d’elles ? Des activités en tout genre qui se terminent par la disparition pure et simple des disques durs informatiques à Curepipe… Des infrastructures sportives et de loisirs dépourvues d’entretien, et ne parlons pas des lieux publiques et des marchés…
Toute la machinerie municipale est aujourd’hui encrassée, rouillée et souffre des ratées répétitives… Les citadins sont ainsi privés non seulement de certains services essentiels pour leur assurer un cadre et une qualité de vie mais aussi de toute une palette d’activités sportives et culturelles qui contribuent à l’épanouissement collectif des citadins.
Nos villes ont perdu leur âme d’antan et ne sont plus ces centres de bouillonnement d’idées et de culture qu’on a jadis connus. Il n’y a pratiquement plus de normes urbaines et les rares projets de développement se font au petit bonheur, enlaidissant davantage nos villes.
Cette dégradation et cette perte d’estime des administrations urbaines ne sont cependant que la partie émergée de l’iceberg ; ce n’est pas le résultat d’un simple hasard… Une radiographie révèle que ces graves fractures ont été infligées avec l’intention d’atrophier durablement les muscles des administrations urbaines afin de limiter leurs capacités et leurs rayons d’action à l’avenir en vue de les marginaliser et les rendre inefficaces quant au développement de nos villes.
Sachant que ce sont des circonstances exceptionnelles qui leur ont permis d’infiltrer les municipalités en 2005, l’alliance rouge / bleue a pratiqué une politique de terre brûlée dans les cinq municipalités durant sept ans. Cela évidemment, par pure méchanceté politique de la part du gouvernement central qui sait pertinemment bien que l’électorat urbain ne leur sera jamais acquis d’avance.
Quels sont les maux qui rongent nos administrations urbaines actuellement ?
Une démocratie régionale décapitée : l’assujettissement des pouvoirs locaux par le gouvernement central a été rendu possible grâce à l’abdication totale et sans conditions des Conseils municipaux, composés d’élus sans expérience et surtout prêts à exécuter sans broncher les consignes politiques de leurs dirigeants mal inspirés. Cette centralisation s’est accentuée avec la nouvelle loi régissant les collectivités locales.
Une totale absence de vision : ce n’est même pas une navigation à vue, ce sont simplement des Conseils qui réagissent au gré des événements et des requêtes politicardes sans aucune notion de gestion urbaine durable.
Aucune cohésion au niveau des équipes : l’absence d’une vision, d’un programme et des objectifs stratégiques entraîne inévitablement des indécisions chroniques, des conflits larvés et ouverts minant ainsi toute l’action municipale.
Aucun engagement des élus : l’inexpérience, l’absence d’objectifs stratégiques communs et le climat délétère permanent ne créent pas les conditions propices au sens d’engagement chez les élus municipaux.
Gestion catastrophique : en l’absence d’une opposition chien de garde, soutenue par un pouvoir central déjà empêtré dans de nombreux scandales, des Conseils municipaux se sont crus presque tout permis. Un pillage et un gaspillage des ressources municipales ont été orchestrés par les élus locaux, en s’inspirant, bien entendu, d’exemples venant d’en haut.
Affairisme débridé : mauvaise gestion certes mais surtout certains élus municipaux courtiers, apporteurs d’affaires, roder boute tentant de trouver leur compte presque dans toutes les transactions. Et quand le « deal » n’est pas équitable, ils n’hésitent pas à en venir aux mains en pleine séance du Conseil, nécessitant parfois l’intervention des forces de l’ordre.
Un personnel démotivé : le manque de transparence au niveau des recrutements et des exercices de promotion, l’ingérence systématique des élus dans l’administration municipale et le climat délétère ont provoqué une démotivation totale des cadres et employés municipaux ; et le moral des troupes est aujourd’hui au plus bas. Et, par conséquent, la productivité municipale a atteint son niveau le plus bas.
Absence totale d’innovation : pour qu’une ville se développe, le Conseil municipal doit constamment faire preuve d’imagination et d’innovation et être en mesure de répondre aux nouveaux défis de la gestion urbaine. Au cours des sept dernières années, les Conseils ont été simplement incapables de nous proposer de nouvelles idées et projets et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il y a un sentiment général que nos villes ont fait, au cours de ces sept ans, un formidable bond… en arrière.

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