3 JOURS APRÈS LES PLUIES TORRENTIELLES : Fond-du-Sac traumatisé et en colère

Fond-du-Sac, très affecté par les pluies torrentielles de mercredi dernier, aura droit à une attention particulière des autorités. C’est l’assurance donnée aux habitants par leurs députés, hier après-midi. Le nettoyage des drains va démarrer et Rs 60 millions seront décaissées pour la construction, au plus vite, d’un cut off drain à Butte-aux-Papayes. Et si besoin est, le gouvernement fera l’acquisition des terres occupées par des planteurs pour ce projet. Mais malgré la nouvelle qui leur a transmise par le ministre Ashit Gungah, hier, des villageois victimes des inondations ont élevé la voix… Ils en ont assez des promesses !
Le soleil était présent à Fond-du-Sac, hier. L’heure était propice au grand ménage. Dans les maisons qui ont connu la furie de l’eau mercredi dernier, les traces et dégâts laissés par son passage sont encore visibles. Les occupants, encore bouleversés, tentaient tant bien que mal de se débarrasser de la boue encore présente dans certaines pièces, sur les vaisselles, les appareils, pour redonner vie à leurs habitats. Mais la tâche s’avère ardue et longue… Pour certaines familles, elle paraît interminable. Là où l’eau a envahi les maisons, elle a abîmé les meubles, les appareils électroménagers, les matelas, les ustensiles de cuisine et autres. Interrompant leurs occupations, des familles victimes des intempéries de mercredi dernier ont ouvert leurs portes au ministre de l’Industrie, du Commerce et de la Protection des Consommateurs, Ashit Gungah. Ce dernier, également député de la région, n’était pas seul. Il était accompagné d’une délégation, composée de ses collègues députés, Sungeet Fowdar et Sudesh Rughoobur, des représentants des pompiers, du président du conseil de district, des conseillers du village, du PPS Sharvanand Ramkaun, entre autres… Du coup, dans les maisons prises d’assaut par tout un beau monde, les occupants, encore sous le choc, laissaient parler leurs émotions. Certains ont attendu le départ du ministre et des autres visiteurs pour dire ce qu’ils ressentaient… D’ailleurs, plus tôt, au village hall où le ministre Gungah et la délégation s’étaient réunis avant de rendre visite aux familles les plus touchées de la région, le ton est monté de plusieurs crans. Des habitants, présents et en colère, n’ont pas hésité à dire le fond de leurs pensées et réclamer plus d’actions concrètes de la part du gouvernement pour une meilleure gestion des inondations à Fond-du-Sac.
« J’aurais pu perdre la vie… »
« Si quelqu’un ne m’avait pas tiré par les bras pour me faire sortir de mon magasin et si on ne m’avait pas aidé à monter rapidement dans un autobus, je pense que j’aurais pu perdre la vie ce jour-là », nous raconte une commerçante de Fond-du-Sac dans le brouhaha soulevé par la mécontentement des villageois. Ces derniers, qui attendaient l’arrivée d’Ashit Gungah, se sont frayé une place dans le village hall. Visiblement ils ne voulaient pas laisser passer l’occasion d’exprimer leurs inquiétudes et surtout leurs attentes à un membre du gouvernement et à leurs députés. Dans un premier temps, ils ont écouté Ashit Gungah. Il a compati : « Nou inn vinn dan enn landrwa an dey. Tout comme vous, j’ai mal au coeur. » Il a fait établi un constat : « Nous avons vécu la même situation il y a trois ans. Ce sont les mêmes maisons qui ont été inondées. Nous avons identifié les causes. L’eau provient de Butte-aux-Papayes, Mapou et Bois-d’Oiseaux. Mais l’origine du problème reste Butte-aux-Papayes. » Puis il a annoncé la solution aux problèmes identifiés : « Nous allons construire un cut off drain! A l’époque, nous avions fait face à la résistance des planteurs. Mais s’il le faut, nous aurons recours au compulsory acquisition of land! » Et il a rassuré : « Je comprends votre colère. Vous avez subi deux inondations en trois ans ! L’allocation de la Securité sociale n’est pas suffisante. Le Prime Minister’s Fund est là, mais uniquement pour les genuine cases. Il faut appliquer une solution dans l’immédiat. Jeudi dernier, le président du Disaster Committee a dit que Fond-du-Sac sera notre priorité. Un budget sera décaissé pour investir dans les drains ici. » 
« Quand Roche-Bois, Canal-Dayot… sont frappés par des inondations, ils reçoivent toutes les attentions ! »
Mais même si le ministre Gungah se voulait être le porteur d’une bonne nouvelle, les sinistrés, eux, étaient dans l’attente d’une « garanti ki sa pa pou arive ankor. » Les cicatrices de mercredi dernier sont encore trop lancinantes pour qu’ils s’en remettent aux promesses. Des voix se sont vite élevées : « Si cette catastrophe s’était produite durant la nuit, il y aurait eu des morts! ». — « Pourquoi voulez-vous que je me taise ? On se bat depuis 2013 pour avoir des infrastructures efficaces ». — « Depuis mercredi, nous comptons sur la générosité des voisins pour manger et dormir chez eux! ». — « Où étaient les députés le jour des inondations? » Le sentiment d’abandon, c’est aussi ce que ressentent des familles dont les appareils électroménagers et mobiliers ont été abîmés ou qui ont tout perdu en quelques secondes. « Quand Roche-Bois, Terre-Rouge, Canal-Dayot… sont frappés par des inondations, ces régions reçoivent toutes les attentions ! Nous, personne n’est venu nous soutenir mercredi dernier! » disent certains. Si le Prime Minister’s Fund a été évoqué, aucune famille sinistrée ne sait encore quelle sera la procédure pour une aide financière. Anil Naiko, maçon, qui avec son épouse a échappé aux eaux en fuyant par une des fenêtres de leur maison, ne peut plus vivre dans sa maison. L’eau a tout abîmé sur son passage.  « Mes parents, raconte leur fille Preettee, n’ont même plus de vêtements. Depuis, ils dorment chez des voisins. » Anil Naiko, dont la maison est actuellement inhabitable, souhaiterait être indemnisé autrement : « Je voudrais que le gouvernement me donne une maison ailleurs! »
La tournée des députés à Fond-du-Sac a aussi réveillé des différends qui opposent certains habitants qui n’ont pas hésité à s’insulter devant des commerces. Une fois, parti, le ministre Gungah a laissé de nombreux habitants peu rassurés. A Camp-Carol, à Grand-Baie, où il s’est aussi rendu hier, Ashit Gungah a déclaré que le nettoyage des drains allait débuter avant la construction du cut-off drain au coût de Rs 60 millions. Il a aussi lancé un appel au conseil de district du Nord pour que celui-ci applique les critères en vigueur pour l’octroi des permis de construction au détriment des drains.

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