50 ANS DE SCULPTURE : Dhyaneswar Dausoa, philosophie et art

Depuis 50 ans (1975 : Responsable de l’Atelier de Sculpture du Centre Culturel de Roches-Brunes (actuellement Institut français de Maurice), 1976-1984: Professeur d’Art de 1’Ecole des Beaux-Arts, MGI, Maurice), Dhyaneswar Dausoa, né à Dagotière, Ile Maurice, interroge l’homme, le temps, l’infini, le devenir. Le bois, la résine végétale, la pierre, le ciment, le métal sont les principaux matériaux qui viennent façonner son oeuvre. Sculpteur vivant exerçant à présent comme artiste indépendant, Dausoa est une figure charismatique, un maître de la scène artistique locale par ses prises de position en matière d’écologie, sa redéfinition de l’acte créateur. Ce qui a contribué de son vivant à la fabrication d’un mythe. Nombre d’artistes mauriciens sont passés par son atelier de sculpture. Dhyaneswar Dausoa a commencé comme autodidacte. Il a ensuite poursuivi des études supérieures en Inde et en France. Ses premières sculptures (première exposition de sculpture en bois en 1969 à la Galerie Max Boullé, Maurice et, depuis, 32 expositions à Maurice aussi bien qu’à l’étranger) témoignent de la volonté d’approcher l’essence formelle du totémisme. Il conçoit ensuite des formes traitées de manière frontale (préférant l’aléa et le mouvement), habitées de sa mémoire et des lieux de son enfance. Il signe une oeuvre libre par le volume et la sensualité, une oeuvre protéiforme qui reste encore à décoder et à étudier dans son fond. Les sculptures de Dausoa mélangent érotisme, équilibre, mouvement et forme, à la fois amples et filiformes. La femme est souvent l’élément phare de son oeuvre. Voilà un sculpteur qui sait sculpter, mêlant le plus souvent un message d’espoir et de sagesse qu’il teinte d’un érotisme léger et subtil. Ses sculptures verticales s’inscrivent avant tout dans un courant d’art conceptuel et minimal. Des influences aussi diverses que la spiritualité indienne et la musique. Une oeuvre qui questionne aussi les événements historiques, les enjeux liés à l’environnement. Les proportions, la stylisation supposent que sa sculpture reflète le besoin de trouver un répertoire de formes, une résonance spirituelle (se référer à la grande exposition de figures charnelles qui trônent dans son atelier). Dausoa aime respecter les courbes et les nervures du bois, les irrégularités du camphrier, du cyprès, de l’acajou. Il en épouse la fibre pour donner de l’énergie à ses sujets. Ses figures organiques sont ancrées dans la terre d’origine. Chez lui, à Dagotière, on peut voir des oeuvres propres à investir le milieu rural (l’équilibrage des pierres théâtralisant l’espace et la lumière). Son oeuvre a subi beaucoup de transformations au gré des ateliers, des expositions internationales, des rencontres. Il a su capter les énergies dans les lieux où il a voyagé et créé des oeuvres. Au Festival des Arts Plastiques de Maharès en 2014, il a retenu l’attention du public par un assemblage original et équilibré de pierres taillées, de diverses formes, fixées et reliées sans support. Dans le droit fil des bâtisseurs de pierres, Dausoa a su mettre le public en résonance avec son habitat naturel. Aujourd’hui, éloigné des institutions qui n’ont pas toujours reconnu son travail, Dhyaneswar Dausoa est actuellement dans un rapport au faire, seul dans son atelier là où l’on peut librement mettre de la continuité en soi et dans les choses.

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