UN ABANDON DES IDÉAUX ?: Le retour aux valeurs fondamentales du militantisme

Dès sa création en 1969, le Mouvement militant mauricien (MMM) s’est distingué sur la scène politique en mettant en exergue un véritable pacte entre le parti et les citoyens. Le Mouvement a été fondé sur des valeurs et non sur la base d’une rencontre de circonstances entre des hommes et des femmes.
Le Mouvement avait comme thème majeur le remplacement de la lutte des races par la lutte des classes. En effet, le pays a été secoué par des violences interethniques lors de son accession à l’Indépendance. L’effacement du critère ethnique en vue de la construction d’une véritable Nation ou la croyance qu’on est « un seul peuple et une seule nation » comme il est affirmé dans notre hymne national était un espoir riche en significations traduit dans les actes lors de l’élection partielle de 1970. Le peuple a très vite plébiscité le Mouvement.
C’est grâce au Mouvement que le terme « militant » fait son entrée dans le vocabulaire mauricien. Sa force était issue de ses valeurs fondamentales basées sur l’intégrité, le patriotisme, la sincérité, l’éthique et surtout la force de ses convictions. Les mots n’étaient pas des formulations creuses mais étaient accompagnés d’actions qui ont permis un début de changement de la société. La République a pris forme.
Serions-nous en 2011 à un tournant où le militantisme a perdu ses valeurs ? Le Mouvement se réclamait du socialisme et de la modernité. Qu’en est-il aujourd’hui ? Qu’est-il advenu des idéaux de justice, d’égalité et de liberté ? Qu’est-il devenu de ces jeunes qui avaient su mobiliser leur énergie en vue de changer la société ? Où sont passés ceux qui luttaient pour construire une société sans discrimination raciale, religieuse et communautaire, où chacun serait bénéficiaire ? Que sont devenus ces idéalistes plein de fougue qui ont déclenché une véritable révolution à Maurice dans les années 70-80 ?
Tout semble indiquer que le Mouvement évolue vers un abandon de ses idéaux. Les volte-face du Mouvement notamment par rapport au jeu d’alliances lui ont fait perdre significativement en crédibilité. Les jeunes ne peuvent s’identifier à tous les discours ambigus et contradictoires. Les plus âgés ne s’y retrouvent pas non plus. À quoi se ramène alors la lutte militante en 2011 ?
N’est-il pas temps de revenir aux conceptions de l’instance fondatrice du Mouvement ? Le militantisme implique une lutte, un combat pour une cause juste, un combat où le peuple se retrouve. Or, comment gagner la cause des militants et des jeunes si le Mouvement s’éloigne de ses principes constituants et ne les renouvelle pas ?
Revenons aux sources, aux valeurs fondamentales du militantisme. Ce sont après tout des valeurs universelles, intemporelles. Au XXIe siècle, la lutte des classes est toujours une cause noble. Les rumeurs qui circulent dans les différents couloirs indiquent que la lutte des races n’est pas non plus un sujet obsolète.
A ces valeurs de base du militantisme, ajoutons aujourd’hui la crédibilité politique, une ligne de conduite, le développement, la marche vers la modernité et l’exigence d’une République infaillible. Parce qu’en fin de compte pourquoi et pour quoi militons-nous aujourd’hui ? Le peuple se sent impuissant. Il règne une atmosphère malsaine que ce soit sur la scène politique ou dans la vie de tous les jours. Délits économiques, crimes horribles de toute nature, communalisme, jeux de pouvoir sont notre lot quotidien. L’État est infesté. Les valeurs du militantisme sont plus que jamais nécessaires pour lutter ensemble contre les fléaux de notre société, pour pouvoir revendiquer une République où chacun vit en harmonie et où chacun a des chances égales. Militons pour un pays comme ces jeunes des années 70-80 qui avaient « le courage de faire de leur idéal un acte de foi » et rappelons-nous ces mots : « le travail, l’intelligence de l’esprit et du coeur, la persévérance, le sens de la justice, le courage ». (Histoire d’un combat, Mouvement militant mauricien).
Les jeunes ont besoin de croire en leur futur et ont tant besoin d’une véritable alternative à cette société mauricienne méconnaissant les valeurs essentielles : la méritocratie, la démocratie, la liberté d’expression, une gestion saine des deniers publics, la lutte contre la fracture sociale etc.
Face à un régime à la dérive, il faut un militantisme authentique et fort ! Que le mouvement incarne ce militantisme fort !

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