Abolition de l’esclavage : vibrant plaidoyer de l’Eglise pour le Musée de l’Esclavage

  • «Les 50 ans de l’Indépendance sont l’occasion en or pour faire aboutir  ce projet», estime le Père Labour
  • Le PM de la Jamaïque invité du Comité diocésain 1er février pour sa traditionnelle messe, jeudi

En marge de la commémoration, jeudi prochain, du 183e anniversaire de l’abolition de l’esclavage à Maurice, l’Eglise catholique par l’intermédiaire du Comité diocésain 1er Février fait un vibrant plaidoyer pour qu’aboutisse le vieux projet de mise sur pied d’un Musée de l’esclavage.

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Pour le vicaire général, la père Jean-Maurice Labour, cette année 2018, qui célèbre le cinquantenaire de l’accession du pays à l’Indépendance est une « occasion en or » pour les autorités de traduire dans les faits cette recommandation de la Commission Justice et Vérité.

L’aumônier du Comité diocésain 1er février rappelle, en effet, que l’idée d’un Musée de l’esclavage est une des recommandations majeures de la commission Justice et Vérité dont le rapport a été rendu public aussi loin qu’en 2011.
Le père Labour souligne qu’en sa réunion du 7 avril 2016, le Conseil des ministres a confirmé l’intention du gouvernement d’aller de l’avant avec ce projet. Il se réjouit que le Senior Advisor au Prime Minister’s Office (PMO), Jean-François Chaumière, qui vient d’être nommé président du Centre Nelson Mandela pour la culture africaine a indiqué, dans des déclarations de presse, que la création de ce Musée de l’Esclavage sera une de ses priorités.

Le Dr Jimmy Harmon, membre du Comité diocésain 1er Février précise, pour sa part, que la recommandation de la Commission justice et vérité porte sur la création d’un Intercontinental Slavery Museum, dont la particularité sera de mettre l’accent sur ce qu’aura été la traite négrière dans la région.

Pour la Comité diocésain 1er Février, il coule de source que ce Musée de l’Escalvage devra s’abriter entre les murs de l’ancien hôpital militaire. Cette construction est identifiée comme le plus vieil édifice encore existant de toutes les Mascareignes.
Achevé en 1740 sous l’administration du gouverneur français, Mahé de Labourdonnais, l’hôpital militaire (en contraste avec l’hôpital civil) se situe dans la région portuaire dans le voisinage immédiat du bâtiment de la Poste centrale et de l’Apravasi Ghats.
C’est en ce lieu qu’étaient, entre autres, soignés les esclaves malades à leur débarquement des négriers. Le père Alain Romaine, autre membre du Comité diocésain 1er février explique qu’il n’y avait rien de compassionnel dans ces soins prodigués aux esclaves malades.

L’idée derrière, rappelle Jimmy Harmon, était d’obtenir le meilleur prix en vendant des hommes et des femmes esclaves en parfaite santé. D’où, explique-t-il, le symbolisme de cet hôpital militaire pour abriter ce Musée de l’Esclavage. A ceux et celles qui s’interrogent sur l’utilité d’un tel Musée de l’Esclavage, le père Romaine insiste sur la vocation commémorative de ce « lieu de mémoire ». « Tout comme pour l’Holocauste des juifs par les nazis durant la 11e Guerre Mondiale, il convient de faire mémoire du crime qu’aura été la traite négrière pour se dire plus jamais ça », estime le prêtre.

Alain Romaine conçoit ce Musée de l’Esclavage comme un lieu de recueillement non seulement pour les descendants d’esclaves, mais pour les Mauriciens, en général. « Ce mémorial se doit d’être conçu comme un parcours multisensoriel », trouve-t-il.
Le père Labour considère, de son côté, que ce Musée de l’Esclavage aura au moins le mérite de suppléer à l’absence de références concrètes aux faits marquants de l’esclavage dans les manuels scolaires.

Le ton étant donné, ce vibrant plaidoyer de l’Eglise catholique pour l’aboutissement concret du projet d’un Musée de l’Esclavage ,sera sans doute accentué, jeudi, lors de la traditionnelle messe qu’organise, chaque année, le Comité diocésain 1er Février pour commémorer l’abolition de l’esclavage.

Devant être présidée par l’évêque de Port-Louis, le cardinal Maurice Piat, cette célébration aura lieu cette année en l’église du Saint-Sacrement, surnommée « la cathédrale des Pauvres » à Cassis à partir de 8h00 le matin.

Outre les autorités de l’Etat, le Premier ministre de la Jamaïque, Andrew Michael Holness, invité d’honneur du gouvernement à la commémoration du 183e anniversaire de l’abolition de l’esclavage à Maurice a aussi été invité à assister à cette messe.

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