Accaparement des plages: Pomponette, la cible

  • Vu les risques de noyade, le leader du MMM est pour l’institution d’un Select Committee
  • Site visit mystère du ministère des Terres et du Logement
  • AKNL : « L’aspect sécuritaire évoqué par le leader du MMM n’est pas l’enjeu fondamental. Bizin aret kokin nou laplaz! »

Depuis que les pique-niqueurs aux côtés du collectif Aret Kokin Nou Laplaz (AKNL), la General Workers Federation et l’ONG Cares ont fait tomber les barrages le 1er Mai, les visites se succèdent sur la plage de Pomponette, devenue une cible. Après le MMM mercredi, jeudi le ministre des Terres et du logement s’est rendu sur le site pour un constat de visu. Toutefois, Mahen Jhugroo ne souhaite faire aucun commentaire sur ce dossier. Il préfère se cacher derrière l’action logée devant la cour par AKNL, qui a réclamé une Judicial Review. Entre-temps, Paul Bérenger souhaite la mise sur pied d’un Select Committee présidé par le ministre du Logement et des Terres pour se pencher sur ce cas, qu’il estime inquiétant.

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Paul Bérenger, leader du MMM, évoque les risques évidents de noyade dans la région de Pomponette, où les promoteurs sud-africains de Clear Ocean Resort projettent l’aménagement d’un établissement 5-étoiles devant opérer sous l’enseigne Sheraton. Le leader du MMM explique qu’il est inévitable qu’avec le développement continu du parc hôtelier, le pays atteindra « un seuil de saturation » à un moment ou à un autre. Aussi, pour lui, si ce n’est pas déjà le cas, cela ne devrait pas tarder. Compte tenu de l’importance économique du secteur touristique, il demande aux autorités gouvernementales d’être sur leurs gardes.

Paul Bérenger et les membres du MMM à Pomponette

Sur la base du constat de visu que ses collègues de parti et lui ont fait au courant de la semaine, le leader du MMM note que la parcelle de terre de l’État – initialement allouée par le précédent gouvernement Ramgoolam en 2006 aux promoteurs d’alors, Midas Acropolis – s’étend sur une vaste superficie, de la région de Pointe-aux-Roches au lieu dit Pointe Riambel.

Pointe Riambel qui, dit-il, fait face à un plan d’eau où la baignade se révèle dangereuse et où, se rappelle Paul Bérenger, sept étudiantes du Queen Elizabeth College (QEC) et leur maître-nageur, Serge Alfred, moururent noyés il y a une cinquantaine d’années. Le leader du MMM indique que même Gibbs (Mtius) qui a, à l’origine, élaboré l’EIA Report des promoteurs initiaux avait, dans son rapport en date de janvier 2007, identifié les risques évidents de noyade et recommandé deux zones précises de baignade. De même qu’un système permanent de veille (Bay Watch System) comprenant des canots de sauvetage.

Compte tenu de ces risques, Paul Bérenger dit ne pas comprendre comment un tel lieu a pu être choisi pour accueillir un établissement 5-étoiles. Mais il concède que, désormais, ce projet d’hôtel à Pomponette a atteint un stade avancé. D’où sa suggestion pour qu’un Select Committee de l’Assemblée nationale soit institué sous la présidence du ministre du Logement et des Terres, Mahen Jhugroo. L’objectif: revoir tout l’aspect de sécurité associé au projet. Il indique qu’un tel comité d’élite de la Chambre se chargerait d’écouter toutes les parties concernées, dont les promoteurs, les consultants de Gibbs (Mtus) ainsi que les animateurs d’ANKL.

Le leader du MMM, Paul Bérenger, revenant sur le cas de Pomponette, samedi en conférence de presse

Paul Bérenger dit espérer que le gouvernement prenne la pleine mesure des risques de noyade qu’implique ce projet en un lieu où, dit-il, les bains de mer sont réputés dangereux, comme l’attestent les nombreuses noyades enregistrées. Le leader du MMM ne manque pas, à cet égard, de s’inquiéter de la sécurité particulière des touristes qui, éventuellement, viendraient résider dans l’hôtel 5-étoiles en projet d’aménagement à Pomponette et des répercussions de tout éventuel drame en mer sur la réputation de la destination touristique mauricienne.

Au niveau du ministère des Terres et du Logement, cette affaire est traitée dans le plus grand secret. Mahen Jhugroo a effectué une visite du site, jeudi, en compagnie des conseillers de la région ainsi que des officiers de son ministère, sans que la presse n’en soit tenue au courant. C’était une sortie « programmée depuis longtemps », laisse entendre son entourage, qui indique que Mahen Jhugroo n’a pas souhaité médiatiser sa visite du fait qu’il y a une affaire en cour. Le ministre, nous dit-on, voulait simplement « voir » Pomponette. Ce, après le déplacement de Paul Bérenger et d’autres dirigeants du MMM sur le site. D’autres membres du gouvernement se seraient également rendus sur place, justement « pour voir ». À se demander ce qui se trame…

Les barrages à terre après avoir été enlevés le 1er mai

D’autant que sur le site, les barrages sont toujours à terre et que, jusqu’ici, les travaux n’ont pas été entrepris. Pour le collectif AKNL, la prise de position des membres de l’opposition sur ce projet est « discutable ». Selon AKNL, « l’aspect sécuritaire évoqué par le leader du MMM n’est pas l’enjeu fondamental ». Et de poursuivre :« Les Mauriciens veulent que le gouvernement leur retourne la plage publique de Pomponette et arrête de donner les plages aux projets d’hôtels et de Smart City. Voilà l’attente des Mauriciens à laquelle les politiciens doivent venir répondre! »

Certes, les risques de noyade existent, concède AKNL. Cependant, ces risques existent sur toutes les plages. Pour les contrer, « il suffit de mettre des Life Savers sur les plages car sur toutes les plages publiques, les gens malheureusement se noient ». Ainsi, pour AKNL, cet argument est important, « mais c’est un autre débat », argue le collectif. « Bizin aret kokin nou laplaz, sa ki nou pe koze. » Dans la foulée, le collectif se demande à quoi bon la mise sur pied d’un Select Committee concernant ce projet hôtelier.

« Le ministre Jhugroo ne peut continuer à “buy time” »

Commentant le projet lui-même, les membres d’AKNL font ressortir que le “lease agreement” a expiré depuis le 7 novembre du fait que les conditions n’ont pas été honorées par les promoteurs. Qui plus est, à ce jour, les promoteurs n’ont toujours pas trouvé les fonds nécessaires pour entreprendre les travaux. « Alors, comment se fait-il que le gouvernement reste les bras croisés », demandent-ils, faisant ressortir qu’en outre l’EIA Licence de Clear Ocean Resort ne peut être valable du fait que la compagnie a récupéré celle de Midas Acropolis, dont le nombre de chambres et la disposition des bâtiments sur le site sont totalement différents. Pour AKNL, « le ministre Jhugroo ne peut continuer à “buy time” », ajoutant qu’« il doit retourner la plage de Pomponette aux Mauriciens ». Ainsi, selon le collectif, « s’il faut un Select Committee, c’est plutôt pour statuer sur pourquoi Jhugroo tarde tant à annuler le bail des promoteurs? »

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