Accident mortel en 2016 – PPS Thierry Henry : « Monn less mwa anporte par levennman »

  • Le SP Gungah refuse de dévoiler à la cour l’identité de celui ayant informé que Thierry Henry se trouvait au volant de sa voiture
  • L’avocat de la défense, Me Hervé Duval Jr, confronte les enquêteurs au fait qu’il n’y a eu aucune entrée dans les livres de la police à l’effet que son client sentait l’alcool

Le procès intenté à l’ex-PPS et député du PMSD Thierry Henry, impliqué dans un accident mortel en 2016 à Bois-Marchand, s’est poursuivi hier devant le magistrat Sachin Boodhoo. Thierry Henry fait face à cinq accusations mais a plaidé non coupable. Plusieurs témoins ont été entendus, notamment l’enquêteur principal ainsi que le Supervising Officer. À la police, le PPS avait déclaré qu’il se trouvait « dans un état de choc » après l’accident. « Mo ti kouma enn otomat. Monn less mwa anporte par le evenman. A oken moman mo pann dir mo madam dir sa. Linn fer sa par amour », avait affirmé Thierry Henry. Par ailleurs, lors du contre-interrogatoire, le SP Gungah, Supervising Officer, a concédé qu’il avait reçu des informations à l’effet que c’était Thierry Henry qui était au volant de sa voiture au moment de l’accident, et non sa femme. Le policier devait toutefois refuser de dévoiler l’identité de sa source, malgré l’insistance de la défense. Ce refus a fait l’objet d’une motion de la défense, qui sera débattue le 7 septembre.

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Le 5 avril 2016, l’inspecteur Mootia, main enquiring officer dans cette affaire, avait enregistré la déposition de l’accusé. Le PPS raconte qu’il était au volant de sa voiture en compagnie de son épouse et d’autres proches et qu’il se rendait à l’Aventure du Sucre. Il roulait à environ 90 km/h lorsque, arrivé près de la passerelle de Bois-Marchand, il a aperçu un homme en train de traverser. Il affirme avoir ralenti et tenté de l’éviter, mais en vain. « J’ai garé la voiture quelques mètres plus loin et je suis venu voir ce qui s’était passé. J’ai vu un homme allongé sur le dos portant une blessure à la tête. Monn gayn sok, zame monn fer enn aksidan osi grav. Ti ena enn atroupman, lapolis inn konsey nou ale statyon. Mo madam ine roul loto ziska statyon. Mo ti kouma dir enn abriti ek enn otomat. Monn less mwa anporte par le evenman », devait-il raconter à la police. Et d’ajouter : « Mo pa rapel ti dir mwa fer alcootest. Mo pa rapel si ti dir mwa donn lanket. » Le PPS devait affirmer n’avoir jamais demandé à son épouse de dire que c’était elle qui conduisait la voiture. Aussi, le lendemain, après avoir rendu visite à cette dernière à la clinique, où elle avait été admise, il avait décidé de dire « toute la vérité ».

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Lors de son contre-interrogatoire, l’inspecteur Mootia a affirmé que le SP Gungah était son supérieur et que c’est lui qui avait demandé que Thierry Henry effectue un alcootest car ayant obtenu des informations à l’effet que c’était lui qui conduisait le véhicule. L’enquêteur principal devait aussi concéder qu’il n’y avait aucun témoin indépendant dans cette affaire. Me Duval a confronté le témoin au fait qu’il n’y avait aucune entrée dans les livres de la police à l’effet que son client sentait l’alcool. « There must have been an omission », a soutenu l’inspecteur Mootia.

Auparavant, le constable Nauthoo, de l’ERS, qui était chargé d’effectuer l’alcootest, avait déclaré à la cour que Thierry Henry avait refusé de se soumettre au test et avait refusé de donner un échantillon d’urine et de sang pour le test d’alcoolémie. « Mo pa pou fer oken test », lui aurait fait comprendre le PPS. C’est là que le policier l’a informé de la charge qui sera retenue contre lui pour refus de se soumettre à un alcootest. Me Hervé Duval a, à maintes reprises, confronté le témoin au fait qu’il n’y avait aucune entrée signalant que son client sentait l’alcool et que son client n’avait pas été détenu ce jour-là. « I put it to you that you had no conversation with Mr Henry. It was Mr Gungah who spoke to him », a lancé Me Duval. Et le temoin de répondre : « I spoke to him. Mr Gungah told me that he had refused and asked me to perform the test. »

Appelé à la barre des témoins, le SP Gungah a concédé qu’il avait obtenu des informations d’une source à l’effet que Thierry Henry se trouvait au volant de sa voiture au moment de l’accident, et non son épouse. C’est à partir de là qu’il aurait demandé qu’un alcootest soit effectué. Interrogé par l’avocat de la défense sur sa source, le témoin a refusé de révéler son identité. La défense a néanmoins insisté pour que cette information soit communiquée à la cour. Les débats auront lieu le 7 septembre. L’ex-PPS et député du PMSD répond de cinq accusations en Cour intermédiaire, soit d’homicide involontaire par imprudence, de refus de se soumettre à un alcootest, de refus de soumettre un échantillon de sang pour analyses, de conduite en état d’ivresse et d’entrave à l’enquête policière.

Le 3 avril 2016, la BMW de Thierry Henry avait mortellement percuté Stéphane André, qui traversait l’autoroute de Bois-Marchand, à Terre-Rouge, pour se rendre à une fête. Dans un premier temps, l’épouse du député du PMSD, Vicky Henry, qui se trouvait dans la voiture, avait été appelée à prendre la charge de cet accident. L’ex-PPS Thierry Henry, qui avait été placé en détention au poste de Pointe-aux-Canonniers, s’était par la suite présenté au poste de police de Terre-Rouge en compagnie de son homme de loi, Me Hervé Duval Jr, pour rectifier la version initiale des faits. Il a affirmé qu’il se trouvait bien au volant de la voiture du gouvernement mise à sa disposition dans l’exercice de ses fonctions de PPS lorsque l’accident s’est produit, à 00h15 dans la nuit du 2 au 3 avril. Thierry Henry, ainsi que d’autres personnes qui se trouvaient dans le véhicule, se rendaient à l’Aventure du Sucre ce soir-là.

Les enquêteurs de la police soupçonnaient que les agissements de Thierry Henry, qui avait tergiversé avant d’avouer être au volant de la voiture, avaient pour but d’échapper à un test d’alcoolémie après l’accident. Son épouse avait été admise en clinique après ces événements.

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