ACCIDENT DE TRAVAIL — Ebène: 19 blessés, dont trois graves, dans l’écroulement d’un échafaudage

Un grave accident est intervenu avec l’écroulement d’un échaffaudage d’un immeuble en construction à Ebène, en fin de matinée,et a fait plusieurs blessés, dont au moins 19 ouvriers, selon un premier décompte préliminaire sur le coup de midi. Ils ont été transportés d’urgence à la clinique Apollo Bramwell de Réduit, où l’état d’au moins trois des blessés est jugé grave. L’échafaudage qui s’est écroulé est d’une largeur d’une centaine de mètres sur une hauteur de 11 étages du complexe en construction. À la mi-journée, d’importants effectifs spécialisés de la Special Mobile Force, des sapeurs-pompiers et des éléments du SAMU, encadrés de chiens renifleurs, et aidés de moyens techniques, dont des excavateurs, étaient déployés sur le chantier en vue de poursuivre les recherches et retrouver d’autres ouvriers susceptibles d’être coincés sous les décombres.
Presque deux heures après ce grave accident de travail, survenu vers les 11 h 15 ce matin, selon des témoins oculaires, très peu d’informations étaient disponibles officiellement vu que ce chantier emploie pas moins de deux cents personnes, selon des recoupements effectués par Le Mauricien de sources officieuses.
Les seules premières confirmations avaient été communiquées par le ministre Abu Kasenally, qui assure la suppléance au ministère de la Santé, après avoir visité les lieux de l’accident peu après midi. Il avait alors avancé que 17 ou 18 ouvriers ont été admis à la clinique Apollo Bramwell pour des soins. Aucun détail n’était disponible sur l’état des blessures des ouvriers admis à la clinique en début d’après-midi.
Interrogé par Le Mauricien peu après 13 h, alors qu’il venait de faire une tournée des blessés à la clinique Apollo Bramwell, le Dr Abu Kasenally a confirmé que trois des blessés sont dans un état grave. « Ces trois blessés ont été pris en charge de manière professionnelle par l’équipe de médecins spécialistes de la clinique privée. Leur état a été stabilisé en attendant que d’autres soins plus poussés ne leur soient prodigués » a soutenu le ministre, qui se dit impressionné par le niveau de mobilisation des urgences d’Apollo Bramwell.
Trois des blessés, ayant notamment des fractures sans autres conséquences, ont été dirigés sur l’hôpital Jeetoo, qui avait été placé en stand-by, de même que le Casualty Department de l’hôpital Victoria avait été mobilisé pour accueillir d’autres blessés si le besoin se faisait sentir. Mais tel n’a pas été le cas car le head count du chantier d’Ireko à Ebène, effectué sur le coup de 12 h 55, confirmait le chiffre de 19 blessés lors de l’écroulement de cet échafaudage.
Le ministre Kasenally, qui a été un des premiers à se rendre sur les lieux de l’accident, devait être rejoint par son collègue du ministère du Travail et des Relations industrielles Shakeel Mohamed. Sous les dispositions de la loi du Travail, l’inspectorat de ce ministère est tenu à initier une enquête dans tout accident de travail, surtout s’il y a des blessés.
Dans un premier temps, tout le périmètre du chantier de construction de ce batiment sous la responsabilité de la firme de construction Ireko avait été ceinturé, le temps que les débris constitués de pylônes en fer de cet imposant échafaudage soient dégagés des lieux. En parallèle, des manoeuvres avaient été initiées avec le déploiement de membres du génie civil de la SMF et des sapeurs-pompiers pour fouiller de fond en comble les décombres.
Craintes dissipées
La décision d’avoir recours à ces moyens pour déblayer les décombres a été prise car après les premières opérations d’évacuation des blessés par les sapeurs-pompiers de Quatre-Bornes, le Site Manager n’était pas en mesure de confirmer s’il y avait ou non d’autres ouvriers qui auraient pu se retrouver prisonniers de l’échafaudage écroulé.
Mais très vite, ces craintes ont été dissipées avec la confirmation du décompte des blessés à 19. À part les trois ouvriers grièvement blessés, la nature des blessures des autres sont des « crushed injuries » à la poitrine, à l’abdomen et à la tête. Mais d’autres ouvriers travaillant sur ce chantier sont encore sous l’effet du choc de cet accident de travail, qui aurait pu avoir des conséquences très graves.
En effet, certains des ouvriers, qui se trouvaient sur l’échafaudage à hauteur du 11e étage de l’immeuble incriminé ont eu leur vie sauve en trouvant refuge dans les cages d’escalier d’à côté alors que d’autres étaient suspendus littéralement à l’échafaudage.
D’ailleurs, de très loin dans la région d’Ebène, des témoins ont assisté impuissants à la scène de l’écroulement de cet échafaudage. Tel Ramesh, ce marchand de rotis, qui servait des clients à l’heure du déjeuner sur le rond-point. « Ene klian kryé ek dir mwa guette laho. Mo ti kwar ène aksidan. Letan mo lev latet mo trouv ène esafodaz pe dégringolé. Mo trouv ène paké zouvrye pe tombé ek lezot pe enpandan avek esafodaz. Pa kapav fer nanyen. Nek guetté samem », fait-il comprendre alors qu’il revit encore cette scène, donnant l’impression de durer une éternité.
Un ouvrier qui se trouvait sur le chantier témoigne de cette expérience traumatisante. « Mo nek ine tende ène mari tapaz. Kan mo ine sorti kot mo ti été, mo trouv esafodaz ine gréné. Mo trouv mo bann kamarad ine blessé. Mo ine donne koudemin pou tir trois dépi ferraille krazé. Zotte ceinture sékirité ine reste krosé lor esafodaz », raconte cet ouvrier, qui se rend compte des risques à la sécurité sur les chantiers.
Les premiers éléments de l’enquête de l’inspectorat du ministère du Travail et des Relations industrielles tendent à mettre en cause la responsabilité directe du contracteur principal du chantier à Ebène. Ce constat a été dressé par le ministre Mohamed, qui a effectué une tournée des lieux en compagnie des ingénieurs et techniciens de son ministère.
« Clairement, nous nous retrouvons en présence d’un cas d’accident de travail qui aurait dû être évité. C’est clair que l’échafaudage n’avait pas suffisamment d’ancrage pour tenir. Nous sommes sur le site pour effectuer des relevés physiques, pour dresser des constats. Mes techniciens comptent me soumettre un rapport dès cet après-midi pour décider de la marche à suivre. Les employeurs doivent comprendre qu’au-delà des profits, il faut tenir en ligne de compte la question de sécurité des employés. Nous allons agir en conséquence », a déclaré le ministre Mohamed alors qu’il effectuait la tournée du chantier de construction. Il a également fait état d’un cas d’un homme d’affaires qui servira bientôt d’exemple aux employeurs qui font fi des normes de sécurité sur les lieux de travail.

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