ACP – UE – Échanges avec la société civile : Assurer une exploitation durable à l’économie bleue

Vincent Degert de l’UE: «L’océan Indien et les océans en général sont des soutiens essentiels pour les échanges économiques »

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Le Comité économique et social européen (CESE), qui a organisé le 17e séminaire régional des milieux économiques et sociaux ACP-UE, a permis d’aborder plusieurs thèmes, dont les infrastructures comme facteur de progrès, l’économie bleue et le changement climatique. Ce séminaire a vu la participation de représentants d’institutions de l’Union Européenne et des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ( ACP), d’organisations socioprofessionnelles internationales et régionales, et de représentants d’acteurs non-étatiques des pays ACP, venant d’une dizaine de pays d’Afrique de l’Est et du Sud, dont les Comores, Madagascar, Maurice, les Seychelles, Djibouti, l’Éthiopie, l’Érythrée, le Soudan, le Malawi, la Zambie et le Zimbabwe.

Vincent Degert, chef de délégation de l’Union européenne à Maurice, a expliqué aux participants que les organisations régionales et organisations de la société civile des pays ACP sont des partenaires importants, notamment lorsqu’il s’agit de discuter des objectifs de développement durable et du changement climatique. « Vous êtes des partenaires essentiels, et ce alors qu’on cherche un développement durable dans un monde qui change tellement vite. Il faut une action collective car aucun des engagements ne peut être réalisé si on n’est pas ensemble. Tout le monde doit être impliqué et doit participer. Autrement ça ne marchera pas, car la tâche est bien trop grande pour les gouvernements seuls. »
Vincent Degert a évoqué les défis qui guettent les pays de la région. « Il faut reconnaître que l’océan Indien et les océans en général sont des soutiens essentiels pour les échanges économiques. 80% du trafic maritime pétrolier traverse ici et cette zone régionale est critique pour le développement du monde, la sécurité économique et la paix. Les océans sont donc critiques pour le bien-être de millions de personnes, mais parallèlement, il y a de multiples défis à relever, à commencer par la sécurité maritime, la pêche illégale, la pollution et la perte de la biodiversité. »

Le chef de délégation de l’Union européenne à Maurice s’est appesanti sur la vulnérabilité des îles de la région face au changement climatique, surtout avec la hausse du niveau de la mer, le blanchiment des coraux et les événements météorologiques. Par ailleurs, il a expliqué que dans un tel contexte, le défi est d’autant plus grand que la croissance économique mondiale demeure faible et qu’il s’agit de renforcer le commerce et les investissements de manière durable. « Je suis content que l’UE puisse aider la région océan Indien et l’Afrique australe notamment. L’économie bleue peut donner des bénéfices économiques, mais l’économie bleue ne doit être exploitée que de manière durable », a-t-il insisté.
Il a réitéré l’engagement de l’UE à aider les pays de la région, y compris les partenaires non-étatiques. « Nous aidons beaucoup d’acteurs non-étatiques dans la région. Par exemple, à Maurice depuis 2006, nous avons financé plus de 500 projets de la société civile, des projets visant à améliorer les conditions de vie des citoyens. » Vincent Degert a mis l’accent sur la sécurité maritime, un volet important et stratégique pour la région et pour le monde entier : « La sécurité maritime est une priorité stratégique, nous dépendons des océans pour le transport des marchandises. Malgré une grande baisse enregistrée dans le domaine de piraterie sur les côtes somaliennes, les risques existent toujours. Mais la piraterie n’est pas seule menace pour les pays de l’océan Indien. Il y a aussi la pêche illégale. Depuis 2008, nous sommes actifs dans la région. Les forces navales ont obtenu des résultats positifs et nous continuons à travailler avec les agences maritimes et les forces côtières. » Le chef de la délégation de l’UE a ajouté que ces « résultats exceptionnels » sur la côte somalienne « n’auraient pas été possibles sans la collaboration d’organisations non-étatiques », ajoutant qu’il faut « traiter la piraterie si nous voulons d’un développement durable ».

Abordant plus précisément le changement climatique, il a évoqué l’aide de l’UE dans le cadre du renforcement des capacités des gouvernements vis-à-vis de ce phénomène. Vincent Degert a également plaidé pour que les différents gouvernements prennent des mesures « pour une utilisation plus judicieuse des ressources naturelles ».
Il a souligné les efforts du secteur privé dans la transition vers une économie bas carbone. Il a aussi réitéré l’importance de stimuler la croissance économique, car elle « peut sortir les gens de la pauvreté ». Le chef de délégation de l’UE a conclu en disant que l’UE demeurera un partenaire solide de Maurice et que l’accord sera approfondi, tenant compte de deux aspects importants : le développement durable et les droits du travail.


Fiona Gandiwa Magaya :
« La pauvreté à le visage d’une femme »
Fiona Gandiwa Magaya, Head of Education, Women & Gender department de la Zimbabwe Congress of Trade Unions (ZCTU), qui intervenait lors du séminaire régional ACP-UE, a lancé un véritable cri du cœur sur la condition féminine dans son pays et en Afrique en général. « Nous sommes là aujourd’hui pour parler de développement des infrastructures, mais les femmes ont été marginalisées pendant longtemps alors qu’en fait, ce sont elles les agents du changement. Les femmes sont exclues des structures politiques. Combien de femmes sont présidentes d’un pays ? Et même au niveau des parlementaires, dans mon pays, la Constitution donne un quota aux femmes au Parlement, mais au Parlement, c’est un scénario différent. Il y a moins de cinq femmes ministres. Il faut qu’il y ait une autonomisation des femmes pour qu’elles puissent exécuter différents projets miniers, agricoles ou infrastructurels. La pauvreté à la face d’une femme ! Les femmes sont limitées à l’économie informelle ou alors elles ont des emplois précaires, alors que ce sont elles qui veillent à ce que leurs familles soient nourries. Je le répète, la pauvreté a le visage d’une femme. Puis il y a discrimination dans l’emploi. Résultat, la féminisation de la faim et de la pauvreté a limité le rôle des femmes. Il y a aussi la séropositivité et les femmes en souffrent. Selon l’OMS, les femmes entre 18 et 24 ans souffrent de violences sexuelles et de HIV dans la plupart pays en développement et sous-développés. Elles sont marginalisées, surtout en Afrique, où l’on donne priorité à l’enfant mâle. Les filles sont données en mariage tôt. Ou parfois lorsqu’elles tombent enceintes, on s’en débarrasse… Il faut renforcer les opportunités d’emploi pour les femmes, investir dans l’éducation des femmes et des filles, et leur donner toutes les compétences dont elles ont besoin. Il faut aussi renforcer la présence des femmes dans les structures de décisions. Sensibilisons nos communautés et nos écoles. Nous devons adopter une approche holistique pour mettre fin à toutes les violences envers les femmes. Nous devons aussi lutter contre la discrimination sexuelle et améliorer l’accès aux services financiers pour les femmes. Il faut promouvoir leur développement professionnel, car c’est l’égalité des genres la clé du développement. »

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