Admissions en Grade 7 : Le secondaire d’État fait le plein, les collèges privés se vident

  •  B. Taleb (Fédération des managers) : « C’est la déprime dans le secteur… la mise à mort de nos collèges est enclenchée »
  • Dr M. Madally (Association des recteurs des collèges d’État) : « Nos établissements ont fait le plein, 90% des parents se sont présentés pour l’enregistrement »

C’est le désarroi total au sein du secondaire privé subventionné suite à l’exercice d’admission en Grade 7 l’an prochain. Si des managers de collège appréhendaient une baisse du nombre d’admis, en revanche ils ne s’attendaient pas à faire face « à une réduction aussi drastique ». Un établissement du Sud qui avait une soixantaine d’élèves en Grade 7 se retrouvera l’an prochain avec moins de 30 élèves. Dans plusieurs régions rurales et urbaines, une douzaine de parents seulement se sont présentés jusqu’ici aux collèges attribués à leurs enfants. Tandis que le secondaire d’État « a fait le plein ». Le ministère a prévu une centaine d’admis par collège d’État.

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Depuis 2018, l’admission en Grade 7 (Form I) concerne une cinquantaine de collèges régionaux d’État et 87 établissements privés subventionnés. Toutefois, la population estudiantine du privé est en régression constante avec de l’ouverture d’une quarantaine de collèges d’État et en raison aussi d’une baisse constante de la démographie.

Cette année, 10 504 écoliers de Maurice ont réussi aux examens du Primary School Achievement Certificate et selon le Mauritius Examinations Syndicate, ils ont tous obtenu de places en Grade 7. Les parents de ces enfants devaient obligatoirement se présenter jeudi dernier aux collèges indiqués en vue de l’enregistrement pour l’admission.

Mais cet exercice a eu un goût amer pour de nombreux responsables de collège privé, particulièrement du côté des établissements non-catholiques. Des directeurs de collège confient au Mauricien qu’ils « sont complètement abattus » par le « nombre dérisoire » de parents qui se sont présentés pour les formalités administratives. « Toutes les craintes dont nous évoquions depuis quatre ans se confirment malheureusement. À part les collèges catholiques et une poignée de grands établissements, les autres collèges ont eu très peu d’élèves. On se dirige inéluctablement vers la mise à mort de nos collèges. C’est la déprime totale dans notre secteur », dit au Mauricien Bashir Taleb, président de la Fédération des managers des collèges privés. « La réalité nous tue… On ne peut plus aujourd’hui parler de survie mais de la mort de nos collèges programmée par d’autres. Avec une vingtaine d’élèves en Form I, on n’est pas loin de la fermeture dans quatre ans », renchérit un directeur d’un collège situé dans le Sud et qui faisait partie des « grands collèges privés » du pays il y a quelques années.

Les établissements catholiques situés dans les villes de même que quelques « grands collèges privés » à l’instar de Hindu Girls, St-Andrews School, New Eton College et Imperial, n’auront pas de difficulté à remplir trois ou quatre classes d’élèves de Grade 7 l’an prochain. Mais selon certains managers, une soixantaine d’établissements privés se trouveraient « en situation très précaire » car le nombre de parents qui ont confirmé leur acceptation pour la place attribuée par le MES serait « nettement inférieur » au nombre d’élèves figurant sur la liste envoyée par le ministère. « Il y a des élèves qui ont obtenu seulement une dizaine d’élèves. On craint fort qu’après l’appel lancé par le ministère pour des demandes de transfert vers ces collèges, les classes du secondaire privé se videront davantage », appréhende Bashir Taleb.

Les opérateurs du secondaire privé reconnaissent « qu’il y a une baisse démographique ». Toutefois, ils sont remontés contre le ministère, qui n’a jamais pris en considération leurs demandes pour « des concertations en vue de trouver des solutions concrètes » concernant les conséquences sur la population estudiantine. « Pour qu’on ait une communauté scolaire, un établissement doit fonctionner avec un nombre raisonnable d’élèves. Or de nos jours, la majorité d’élèves entrant en Form I sont absorbés par le secondaire d’État et avec le critère de cinq “credits” en Lower VI cette année, c’est la mise à mort définitive de plusieurs de nos collèges. Que la ministre nous dise une fois pour toutes la vérité sur ses intentions concernant le secondaire privé et chacun prendra ensuite sa décision ! », dit le président de la Fédération des managers.

La colère est tout aussi aiguë du côté de la Managers of Private Secondary Schools Teachers Union. « À ce jour, l’avenir est sombre et nous sommes déconcertés par une telle situation. Si la ministre considérait vraiment tous les stakeholders du privé indistinctement comme des partenaires égaux dans l’éducation secondaire, on ne serait pas arrivés à une telle situation », a souligné un des dirigeants. Les deux associations des managers envisagent une rencontre en commun avant la fin de cette année pour discuter de l’avenir de ce secteur. « Le ministère est à la fois un régulateur, un fournisseur d’élèves et un concurrent dans le secondaire. Il est aussi le “paying agent” du fonctionnement des collèges privés. Devant ces nombreuses casquettes que porte le ministère, nous sommes impuissants car nous nous heurtons à un mur par rapport à nos demandes », constate Clément Wong, un des dirigeants de la Managers of Private Secondary Schools Teachers Union et manager de Keats College.

La Private Secondary Education Authority (PSEA) est au courant des difficultés auxquelles font face des établissements. « Admision bien mins dan bokou kolez prive », confiaient au lendemain des inscriptions des responsables de cet organisme.

Mais du côté du secondaire d’État, les chefs d’établissements affichent une grande satisfaction à la suite de l’inscription de jeudi dernier. « Dans l’ensemble des établissements, l’enregistrement des élèves s’est bien déroulé et nous avons eu la collaboration du personnel enseignant et non-enseignant. 90% des parents se sont présentés dans nos établissements pour confirmer leur acceptation du collège et le recteur a envoyé le même jour un rapport au ministère. La majorité des collèges ont fait le plein », déclare le Dr Mehdi Madally, recteur du SSS La Gaulette et assistant secrétaire de l’Association des recteurs/assistants recteurs des collèges d’État. « Nos classes sont remplies », dit un enseignant du SSS B. Ramlallah, situé à Mapou. Des enseignants travaillant au SSS Adolphe de Plevitz (pour garçons)  à Grand-Baie, et d’autres en poste au SSS Jugdambi (pour filles), à Goodlands, et au SSS Rengadanen Seeneevassen, à Port-Louis, abondent dans le même sens. Il est à souligner que, chaque année, il y a entre 100 et 120 élèves en Grade 7 par collège d’État, soit trois classes de 40 élèves pour le “mainstream” et une classe de 20 élèves pour l’“extended stream”.

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