COMPENSATION SALARIALE— Rs 400 payable à partir du 1 er janvier

Coût global pour l’économie: Rs 2,4 milliards, dont Rs  1,8 milliard por le privé

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Le corps syndical souhaite la poursuite des tripartites sur des sujets importants

La Negative Income Tax étendue à décembre 2019

Après plus de quatre heures de négociations, le gouvernement a tranché pour une compensation salariale de Rs 400 à partir de janvier. Le corps syndical avait réclamé entre Rs 500 et Rs 1 000, avant de faire un consensus sur Rs 536. Le patronat avait, lui, suggéré Rs 268 pour les salariés touchant jusqu’à Rs 13 000, et rien pour les autres. Le coût total de la compensation salariale est estimé à Rs 2,4 milliards, soit Rs 1,8 milliard pour le secteur privé et Rsquelque Rs 600 millions pour le gouvernement. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a fait ressortir que le gouvernement a maintenu la compensation salariale, même si le taux d’inflation est à 3,3%, soit moins de 5. Cette compensation nécessitera une enveloppe de Rs 2,385 Mds. Elle s’applique aussi aux bénéficiaires des pensions de l’État. Le syndicat attend maintenant les réajustements sur les distorsions causées par le salaire minimum.

D’emblée, Pravind Jugnauth a remercié la classe syndicale et le patronat d’avoir apporté leur collaboration à cet exercice. Il n’a pas manqué non plus de souligner que le gouvernement a maintenu la tradition de la compensation salariale, même si le taux d’inflation est inférieur à 5%. «Nous avons décidé d’accorder une compensation de Rs 400 “across the board”. Il y a eu un consensus sur ce chiffre après avoir écouté les deux parties. De même, la Negative Income Tax, qui arrive à terme en décembre, sera étendue à décembre 2019. Il y aura par la suite une “review” par rapport au salaire minimum. »

Cet exercice, a précisé Pravind Jugnauth, a contribué à la paix et la justice sociale dans le pays jusqu’ici. D’où l’effort du gouvernement pour le maintenir, en dépit du contexte économique mondial difficile et les risques liés au Brexit et au prix du pétrole. « Il est important de permettre au pays d’avancer, tout en maintenant la viabilité de nos entreprises. » La compensation salariale nécessitera une enveloppe de Rs 540 M du gouvernement et Rs 1,084 Md du secteur privé. Soit un total de Rs 2,385 Mds. Ce réajustement salarial concerne 463 000 employés, soit 104 000 dans le secteur public et 359 000 dans le privé.

De même, a ajouté Pravind Jugnauth, le gouvernement a renforcé la protection sociale, qui est passée de Rs 22 Mds en 2014 à Rs 35,2 Mds en 2018. Avec la compensation salariale, la pension aux retraités, veuves, orphelins et handicapés, passe de Rs 5 810 à Rs 6 210. La Negative Income Taxe compte à ce jour 70 000 bénéficiaires.

Au niveau du syndicat, on reconnaît qu’il y a eu un dialogue social enclenché avec ces tripartites, même si l’objectif d’une compensation entre Rs 500 et Rs 1 000 n’a pas été atteint. « Le patronat avait proposé Rs 268 et le gouvernement Rs 330. Nous avons fait une contre-proposition à Rs 536, soit le double de ce qu’a proposé le patronat. Le gouvernement a tranché pour Rs 400. Nous dirons que les travailleurs sont toujours sous-compensés, mais nous reconnaissons qu’il y a eu un bon échange », dit Ashok Subron. Le syndicat avait également réclamé que le salaire minimum soit rehaussé à Rs 10 000, mais la demande n’a pas été retenue. De même, le mouvement souhaite que les négociations tripartites se poursuivent sur les sujets importants, et ne se limitent pas à une fois l’an sur la compensation salariale.

RÉACTIONS

Radakrishna Sadien (GSEA) :

« Le gouvernement a fait un effort »

« Je rappelle que la compensation salariale est un réajustement par rapport à l’érosion du pouvoir d’achat. Il y a un effort qui a été fait, même si nous ne sommes pas totalement satisfaits. Nous nous attendons maintenant que le gouvernement travaille également sur les réajustements pour tous les secteurs, suivant l’application du salaire minimum. Le Premier ministre a dit prendre note de cela, nous nous attendons à des développements à ce sujet. Je lance également un appel pour qu’il y ait plus de contrôles sur les prix car il y a des commerçants qui profitent de la compensation pour augmenter les prix. »

Rashid Imrith (FSSP) :

« Le suivi des autres revendications »

« La FSSP avait fait d’autres propositions à part la compensation salariale, dont trois “increments” à tous les fonctionnaires à partir de janvier 2019 pour corriger les distorsions causées par le salaire minimum, la publication du rapport du PRB en 2019 au lieu de 2020 et la révision à la hausse de l’allocation de Rs 500 sur le salaire minimum. Les deux points positifs, c’est que, d’une part, il y a eu la compensation à Rs 400 “across the board”, y compris aux bénéficiaires de la pension, et le Premier ministre a promis de faire le suivi de nos autres revendications. »

Lall Deonath (AGWU) :

« La classe moyenne piétine »

« L’augmentation de Rs 400 représente une hausse de 4% pour ceux touchant Rs 10 000 tandis que ceux touchant de Rs 15 000 à Rs 20 000, cela ne représente que 2%. La classe moyenne piétine et continue d’être sous-compensée. Le gouvernement doit y travailler. Nous espérons qu’à la prochaine négociation, on pourra rétablir l’équilibre. Il faudra également voir les distorsions causées par le salaire minimum. »

Deepak Benydin (FPBOU) :

« Pas satisfait à 100% »

« La compensation a été calculée par rapport au taux d’inflation de l’année dernière. Ce qui veut dire que les travailleurs ont déjà perdu et ils vont maintenant être compensés pour cela. Or, ils ont déjà perdu 12 mois. C’est pour cela que nous pensons que la proposition de Rs 500 à Rs 1 000 était justifiée. Nous ne sommes pas satisfaits à 100%. »

Kevin Ramkaloan (CEO de Business Mauritius) :

« Nous aurons besoin de mesures d’accompagnement »

« Nous respectons la décision du gouvernement d’accorder une compensation salariale de Rs 400. Business Mauritius ainsi que ses membres, soit la communauté des affaires, nous avions, nous, proposé une compensation de Rs 268. Finalement, ce que nous constatons, c’est 50% de plus de notre proposition initiale. Pour nous, le “burden cost” est estimé à Rs 1,8 milliard de coûts directs, mais nous avons aussi un coût indirect à considérer sur les pensions, les “levy”, les “overtime costs”, que nous estimons à Rs 2,4 milliards. C’est une somme considérable. Et peut-être que des entreprises dans certains secteurs – comme l’agriculture, le textile, le manufacturier local, les “cleaners”, les “security companies” et la distribution auront des difficultés à payer. Néanmoins, nous allons essayer de travailler avec eux pour que l’on puisse amener une augmentation salariale partout, dans tous les secteurs. Nous aurons probablement besoin, pour cela, de mesures d’accompagnement. »

Pradeep Dursun (COO de Business Mauritius) :

« Encourager certains secteurs à payer une somme plus élevée »

« Lors des négociations du jour, nous avons attiré l’attention des autorités sur le fait que même s’il y a certains secteurs qui ne pourront pas payer, il en existe aussi d’autres qui en ont la pleine capacité, compte tenu de leur politique salariale. Et ces derniers paieront certainement plus que ce qui a été recommandé. Donc, à Business Mauritius, nous allons travailler avec nos membres, surtout ceux qui auront les moyens, pour les encourager à payer une somme un peu plus élevée. »

Vidia Mooneegan (vice-président de Business Mauritius) :

« Faire de Maurice un pays prospère pour tout le monde » 

« Pour tous les membres du conseil de Business Mauritius et l’ensemble de la communauté des affaires, je dirai que Maurice se modernise. Nous ne pouvons pas utiliser les mêmes approches, les mêmes méthodologies utilisées qu’il y a 50 ans, alors que nous sommes au 21e siècle. Je pense donc que nous devons avoir une certaine ouverture d’esprit, soit un esprit qui puisse faire de Maurice un pays plus juste et beaucoup plus prospère pour tout le monde. »

Atma Shanto (syndicaliste) :

« Je ne suis pas satisfait »

« Cet exercice était aussi un exercice pour rétablir l’érosion du pouvoir d’achat des travailleurs, mais aussi des pensionnés. La semaine dernière, nous avons pris connaissance du taux d’inflation de 3,3%, publié par le bureau des statistiques de Maurice. Un taux qui, selon nous, ne reflète pas la réalité, mais que nous ne pouvons contester pour plusieurs raisons. Aujourd’hui, encore une fois, le mouvement des employeurs a insulté la classe des travailleurs avec leur proposition initiale de Rs 268. Car pour nous, c’est bien une insulte. Aussi, nous pensons que le comité tripartite doit perdurer car nous avons très bien que c’est un comité qui a toujours su faire ses preuves et zot finn amenn lazistis sosyal. Je ne suis pas satisfait de la compensation salariale du gouvernement car les travailleurs et pensionnés dépensent plus que ces Rs 400. Or, sous réserve, nous acceptons cette somme du gouvernement et on espère que dans les jours à venir, le comité tripartite se réunira plus souvent pour discuter de problèmes qui existent dans le pays. J’ai par ailleurs profité de cette occasion pour discuter du problème concernant les employés de la Central Water Authority (CWA), dont une partie a été recrutée par Landscope Mauritius, l’autre par la CWA elle-même et une troisième faisant partie du “early retirement scheme”. Sauf que ceux-là n’ont pas encore eu leur salaire à ce jour. Le Premier ministre en a pris bonne note. »

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