AFFAIRE CARLTON: Dominique Strauss-Kahn en garde à vue dans une affaire de proxénétisme

L’ancien directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a été placé en garde à vue mardi à Lille (nord de la France) pour y être entendu par les enquêteurs sur son rôle dans l’affaire de proxénétisme dite du Carlton et passait la nuit à la gendarmerie.
DSK s’est vu signifier mardi matin son placement en garde à vue pour 24 heures pour « complicité de proxénétisme aggravé en bande organisée » et « recel d’abus de biens sociaux » à son arrivée à la caserne de gendarmerie où il avait été convoqué.
Après avoir été entendu toute la journée, il s’est vu notifier dans la soirée par les trois juges d’instruction la prolongation de 24 heures de sa garde à vue.
Il est habituel que les magistrats notifient la prolongation d’une garde à vue avant la fin des 24 premières heures, mais cette période supplémentaire de garde à vue ne commence qu’à partir du moment où les premières 24 heures sont écoulées, en l’occurrence à partir de mercredi matin.
Dans ce genre d’affaires, la garde à vue peut théoriquement durer jusqu’à 96 heures.
M. Strauss-Kahn, 62 ans, doit être interrogé au sujet de soirées libertines auxquelles il aurait pris part, notamment à Paris et Washington, afin de déterminer s’il savait que les femmes qui y participaient étaient des prostituées.
Plusieurs déplacements de celles-ci ont été organisés et financés par deux entrepreneurs de la région lilloise, Fabrice Paszkowski, responsable d’une société de matériel médical, et David Roquet, ancien directeur d’une filiale du groupe de BTP Eiffage.
Le dernier de ces voyages a eu lieu du 11 au 13 mai dans la capitale américaine, à la veille de l’arrestation de DSK dans l’affaire du Sofitel de New York. Dans cette affaire où la femme de chambre Nafissatou Diallo accuse DSK d’agression sexuelle, les poursuites pénales ont été abandonnées par la justice américaine.
Mais les contrecoups de cette affaire puis de celle du Carlton ont sonné le glas des ambitions présidentielles en France de l’ancien ministre socialiste des Finances (1997-99), favori des sondages jusqu’à l’éclatement de l’affaire, après lui avoir coûté son poste au FMI.
A l’issue de celle-ci, DSK peut être libéré sans poursuites, ou être déféré dans la foulée devant les juges, qui peuvent également le convoquer ultérieurement.
Si les juges d’instruction devaient estimer les charges suffisantes, DSK pourrait être poursuivi pour « complicité de proxénétisme aggravé en bande organisée », une peine passible de 20 ans de prison, et « recel d’abus de biens sociaux », pour lequel la peine maximale est de cinq ans de prison.
Ce dernier chef impliquerait que DSK ait eu connaissance de l’éventuelle origine frauduleuse des dépenses dont il aurait bénéficié.
La question d’éventuelles contreparties à ces soirées devrait également lui être posée. Selon les avocats de MM. Paszkowski et Roquet, leurs clients ont répondu par la négative à cette question.
L’ex-patron du FMI avait demandé à deux reprises à s’expliquer dans cette affaire. Dès l’apparition de son nom dans la presse à la mi-octobre, il avait demandé à être entendu « le plus rapidement possible » pour mettre fin à ce que ses avocats qualifiaient d' »insinuations malveillantes ».
Me Henri Leclerc, l’un des avocats de DSK, avait déclaré en décembre que son client « pouvait parfaitement ignorer » que les femmes rencontrées lors de soirées libertines étaient des prostituées.
Dans le livre « Affaires DSK, une contre-enquête » du journaliste Michel Taubmann, l’ancien patron du FMI jugeait « insupportable » que son nom soit associé à la prostitution dans la presse, reconnaissant avoir « participé à des soirées libertines », ajoutant: « Mais d’habitude, les participantes à ces soirées ne sont pas des prostituées ».
Certaines de ces prostituées « indépendantes » travaillaient chez Dominique Alderweireld, alias « Dodo la saumure », un tenancier français de salons de massage en Belgique.
Au total, huit personnes ont été mises en examen (inculpées) dans ce dossier, parmi lesquelles trois responsables de l’hôtel Carlton de Lille, un avocat et un haut gradé de la police locale, le commissaire Jean-Christophe Lagarde.

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