AFFAIRE MICHAELA HARTE: Moneea de glace face aux accusations de Me Manrakhan

Poursuivis pour l’assassinat de l’Irlandaise Michaela Harte, Avinash Treebhoowoon (accusé N°1) et Sandip Moneea (accusé N°2) ont comparu une nouvelle fois devant les Assises hier. L’accusé N°2 a subi le contre-interrogatoire de Me Mehdi Manrakhan et sa soeur a également été appelée à la barre. Elle a raconté la conversation qu’elle aurait eue avec son frère au moment du crime.
Appelé à la barre des témoins pour être contre-interrogé par Me Mehdi Manrakhan, hier après-midi, l’ancien superviseur au Legends a confirmé qu’il se trouvait durant cinq ans en situation irrégulière en Angleterre parce qu’il y est allé avec un visa de touriste. Il a travaillé dans un hôtel alors qu’il ne détenait pas un permis. Le Principal State Counsel lui a demandé comment il a fait pour avoir du travail sans être régularisé et Moneea a répondu qu’il est passé par une agence et qu’il a eu du travail après une entrevue. Une réponse qui n’a pas convaincu le Leading Counsel de la poursuite.
Me Manrakhan : Vous avez utilisé une fausse carte d’identité française pour avoir du travail en Angleterre.
Sandip Moneea : Non c’est faux. Je me suis servi de mon passeport seulement.
Me Manrakhan : Vous nous prenez pour des imbéciles ?
Sandip Moneea : Avec tout le respect que je dois à la Cour, non !
L’avocat du parquet lui a également posé des questions sur le tag Do Not Disturb (DND) qui se trouvait sur la porte de la chambre 1025. Sandip Moneea a déclaré que les enquêteurs ne lui ont pas posé de questions sur le tag. Il a soutenu que l’interrogatoire était sous forme de questions et il a fait ce qu’on lui a demandé de faire et a répondu aux questions.
Sandip Moneea a expliqué que la 1009 était une chambre exposée pour les visiteurs et les tour-opérateurs. Il a déclaré que cette chambre devait être impeccable et que c’est Govinden Saminaden qui devait la nettoyer. Répondant aux questions de l’avocat, Moneea a soutenu qu’il avait ouvert la chambre 1009 après être sorti de la chambre 1020 où il aurait mis une serviette de plage.
Me Manrakhan : Le door reading montre que vous n’avez pas ouvert la porte de la 1009 vers 14 h 30 comme vous le dites…
Sandip Moneea : La porte était déjà ouverte… Je ne l’avais pas verrouillée parce que c’était une chambre vacante et je savais que je devais y retourner.
L’accusé N°2 poursuit en disant qu’il avait déjà commencé à préparer la chambre pour le nettoyage en attendant Govinden Saminaden qui devait aller nettoyer la chambre 1008 de nouveau sous ses instructions. Ils auraient ensuite nettoyé la chambre 1009 « avek gro dilo » vers les 14 h 30. L’ancien superviseur a ajouté que le valet de chambre avait terminé le travail assez vite et qu’il a aussi « mis la main à la pâte » pour nettoyer la 1009.
L’assistant Commissaire de Police (ACP) Soopun a précédemment déclaré qu’il avait vu Sandip Moneea le 11 janvier remplir une fiche vierge en essayant d’enlever la responsabilité de la chambre 1025 à Avinash Treebhoowoon (accusé N°1). Confronté à la version du chef de la Major Crimes Investigation Team, Moneea a démenti les dires du haut gradé.
Sandip Moneea : C’est totalement faux ! Je n’ai pas vu l’ACP Soopun à l’hôtel. C’est l’officier Manoovalloo qui est venu me voir et je remplissais ce que je n’avais pas eu le temps de faire en sa présence.
Me Manrakhan a aussi dit à Sandip Moneea qu’il ne faisait pas bien son travail parce qu’il avait vérifié quatre chambres sur les 48 du bloc Delux mais l’accusé N°1 lui a dit qu’il ne les vérifiait pas toutes. L’avocat du parquet devait répéter ses accusations plusieurs fois. D’un ton calme, Moneea a répondu : « Je respecte votre opinion. »
Quand Me Manrakhan lui a exposé la version de Raj Theekoy, Sandip Moneea a répondu qu’il ne savait pas pourquoi le valet de chambre qui travaillait sous ses ordres avait menti. L’accusé N°1 a gardé son calme face aux accusations lancées par la poursuite, répondant qu’il n’a rien fait de mal. Le Principal State Counsel a posé des questions sur l’appel téléphonique qu’il a fait à sa soeur Mala Gujadhur.
Me Manrakhan : Vous avez fait l’appel après avoir tué Michaela Harte et vous étiez toujours dans la chambre 1025.
Sandip Moneea : Non.
Me Manrakhan : Vous avez demandé conseil à votre soeur…
Cette question devait provoquer des rires dans la salle d’audience. Un sourire se dessinait sur le visage de Sandip Moneea quand il a répondu « non ».
Me Rama Valayden a autorisé Me Dick Ng Sui Wa, watching brief de la famille de la victime, à poser des questions et Me Manrakhan n’y a pas objecté.
Me Ng Sui Wa : Vous avez dit que vous ne saviez pas pourquoi Avinash Treebhoowoon et Raj Theekoy avaient menti…
Sandip Moneea : Theekoy oui… Mais ce n’est pas la version d’Avinash.
Me Ng Sui Wa : Vous êtes l’exemple parfait qui montre que la police fait bien son travail et qu’il n’y a pas de brutalité policière…
Sandip Moneea : Ce n’est pas parce que je n’ai pas été frappé qu’Avinash ne l’a pas été !
À ce moment, Me Mehdi Manrakhan s’est levé en demandant à son confrère d’arrêter de poser des questions à Sandip Moneea. « My friend is cross-examining the witness… », a souligné l’avocat du parquet.
Lors du bref réexamen, Me Rama Valayden a produit sept lettres de recommandations pour affirmer que son client faisait bien son travail. Il a ensuite appelé la grande soeur de son client Mala Gujadhur à la barre. Celle-ci a raconté sa conversation avec son frère dans l’après-midi du 10 janvier à l’heure du crime. « C’est le dernier jour où j’ai parlé à mon frère… Il me demandait si j’avais déjà bu mon thé et si les enfants étaient rentrés de l’école et ce que j’allais faire pour le dîner. Je lui ai dit que j’allais préparer des rotis mais il m’a dit de le faire le lendemain parce qu’il ne pourrait venir manger… » a soutenu la quinquagénaire.
Me Valayden : Vous êtes sous serment… Vous êtes sûre que vous ne dites pas cela pour sauver votre frère ?
Mala Gujadhur : Non je vous dis ce qui s’est passé.
Lors du cross-examination de la poursuite, Me Manrakhan a déclaré que c’est la première fois qu’elle raconte cette version devant une cour de justice.
Me Manrakhan : Je vous dis, moi, que vous essayez de sauver votre frère !
Mala Gujadhur : J’ai fait serment de dire la vérité et c’est ce que je fais !
Me Manrakhan : Vous ne le dites même pas à la police ?
Mala Gujadhur : Je n’ai à aucun moment parlé à la police.
Me Valayden a lors du réexamen demandé à son témoin si la police est déjà venue lui poser des questions. Celle-ci devait répondre par la négative.
L’Irlandaise Michaela Harte a été assassinée le 10 janvier 2011 à l’hôtel Legends à Grand Gaube. Avinash Treebhoowoon est défendu par Me Sanjeev Teeluckdharry. Sandip Moneea est représenté devant les assises par Me Rama Valayden, assisté de Mes Rouben Mooroongapillay, Siven Tirvassen, Neelkanth Dulloo et Arassen Kallee. Le ministère public est représenté par Mes Mehdi Manrakhan, Nataraj Muneesamy et Chitra Servansing-Bhuruth.

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