AFFAIRE RS 700 M : Après Me Zakir Mohamed, l’avoué Rajendra Appajala

Après l’inculpation provisoire de Me Zakir Mohamed pour Conspiracy dans la série d’enquêtes sur des arnaques financières et sa remise en liberté avec une caution de Rs 50 000, tard mercredi après-midi, le Central CID est depuis ce matin sur la piste d’un autre membre du barreau. Me Rajendra Appajala, avoué, un maillon important dans le Sunkai System de Bimla Ramloll, alias Mme Kaba, qui a retenu les services de Me Yousuf Mohamed, Senior Counsel, s’est présenté au QG du Central CID en cours de matinée pour son interrogatoire Under Warning et probablement son inculpation provisoire.
Entre-temps, les limiers de la police ont repris ce matin l’interrogatoire de Me Zakir Mohamed, assisté de Me Gavin Glover, sur ses connexions avec la compagnie Je T’Aime Marketing Co Ltd de Marjorie Bazerque. Un autre pion majeur opérant au sein de la Sunkai Co Ltd, l’inspecteur Bhujun, un des main canvassers de Mme Kaba au sein de la force policière, est interrogé formellement en présence de son homme de loi, Me Samad Goolamaully, depuis ce matin, au sujet de ses responsabilités dans la collecte de fonds pour des placements éventuels.
Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien auprès des sources concordantes aux Casernes centrales ce matin indiquent que l’avoué Appajala, dont le nom et la signature figurent sur des contrats formels aussi bien que des blank investment forms pour un minimum de Rs 25 000 par client au sein de Sunkai Co Ltd, a été convoqué formellement par les enquêteurs. Une escouade du Central CID a effectué ce matin une descente au quatrième étage de Sterling House à Port-Louis en vue de procéder à son arrestation.
Mais l’avoué ne s’y trouvait pas. À la mi-journée, des sources policières affirmaient aux journalistes suivant cette enquête et se trouvant dans l’enceinte des Casernes centrales que Me Rajendra Appajala était déjà sous le contrôle de la police au QG du Central CID pour les besoins de cette enquête.
Toutefois, des responsables de cette enquête, qui court sur sa quatrième semaine et compte 15 suspects, et dont la dernière inculpation provisoire n’est autre que celle de Zakir Mohamed, présenté sur TF1 comme un des ténors du barreau mauricien, ont refusé de commenter les charges provisoires qui pourraient être retenues contre Me Rajendra Appajala ou encore si celui-ci pourra retrouver la liberté provisoire en fin de journée. Il devaiy comparaître en Cour de Port-Louis en début d’après-midi.
“Master canvasser”
L’interrogatoire de l’avoué de Sunkai Co Ltd devra être déterminant à ce stade de l’enquête car Bimla Ramloll, ancienne conseillère de la majorité rouge-bleu à la municipalité de Quatre-Bornes, a pris la décision d’assurer son entière collaboration aux hommes des ACP Pregassen Vuddamalay et Heman Jangi. Des sources autorisées confirment que Mme Kaba aurait déjà versé dans le dossier à charge des éléments sur le mécanisme mis en place pour attirer un maximum de clients avec des placements d’un minimum de Rs 25 000 et également sur le rôle et les responsabilités de ses principaux lieutenants, dont l’avoué en question.
Outre Me Rajendra Appajala, la police a procédé à l’arrestation de l’inspecteur Bhujun, présenté comme un master canvasser pour le compte de Sunkai Co Ltd en particulier au sein de la force policière. Il a retenu les services de Me Goolamaully et est entendu Under Warning depuis la mi-matinée. Pour mieux situer la responsabilité de cet officier de police, il faut savoir que l’enquête du Central CID a conclu qu’il gérait un portefeuille de l’ordre de Rs 90 millions, représentant les placements des clients de Sunkai Co Ltd.
L’inspecteur Bhujun aurait fait l’objet d’une entrée en guise de precautionary measure par un de ses collègues policiers étant tombé dans le piège du placement chez Sunkai. À l’éclatement du scandale des arnaques financières avec le trou de Rs 700 millions de White Dot International Consultancy Co Ltd et l’arrestation de Bimla Ramloll, la victime aurait approché l’inspecteur Bhujun pour des réclamations. Celui-ci lui aurait demandé de la patience pour les remboursements dans la conjoncture.
Une autre séance d’interrogatoire de premier plan se déroule au Central CID depuis ce matin. Me Zakir Mohamed, qui est sous le coup d’une inculpation provisoire de Conspiracy et en liberté provisoire depuis mercredi après-midi, est appelé à donner sa version des faits dans l’affaire des Rs 1 million placées au sein de Je T’Aime Marketing Company Limited.
Cette séance d’audition Under Warning et en présence de l’avocat du suspect, Me Gavin Glover, est axée sur deux volets majeurs, sa connexion avec le complice et prévenu Akbar Batchooa, habitant de Mahébourg et les instructions alléguées pour le transfert d’une partie des fonds à Londres et au Ghana, entre autres. Me Zakir Mohamed rejette catégoriquement les accusations portées contre lui par la police.
«?Zafer-la genuine?»
Dans sa déposition à la police, Vishal Nallaya, la victime, qui avait placé Rs 1 million en 2007, avait soutenu initialement que c’est sous l’influence de Me Zakir Mohamed qu’il avait pris cette décision. D’ailleurs, le contrat de Rs 1 million avec la garantie de doubler la somme en 90 jours porte également la signature de l’homme de loi.
La victime affirme avoir été approchée par Akbar Batchooa au nom de Me Zakir Mohamed. Il a ajouté qu’au début, il avait exprimé des doutes sur l’authenticité de la proposition. À ce moment serait intervenu l’homme de loi en soulignant que «?sa zafer-là li genuine. Pena pou kas latet. Ou na pas trouve qui mo inn temoigne?».
Akbar Batchooa et Marjorie Bazerque, directrice de Je T’Aime Marketing Co Ltd, ont aussi fourni à la police des indications au sujet des directives pour le transfert d’une partie des fonds à Londres puis au Ghana/Nigeria. Me Zakir Mohamed devait également être interrogé au sujet de toute éventuelle démarche auprès de la Financial Services Commission pour des permis d’opération tombant sous la responsabilité de cet organisme.
Alors que depuis 2007, Vishal Vellaya avait investi Rs 1 million pour doubler la somme en 90 jours, ce n’est que mercredi dernier, soit peu avant l’arrivée de Me Zakir Mohamed au Central CID et que Me Colunday, l’avocat de la victime, a débarqué aux Casernes centrales que Vishal Vellaya s’est vu rembourser la somme de Rs 1,4 million par Me Mohamed.
L’enquête dans ce scandale financier, qui prend des proportions de plus en plus importantes, se poursuit. Outre la remise en liberté sous caution de Me Zakir Mohamed, le jour même de son arrestation, Marjorie Bazerque a été remise en liberté provisoire dans la journée d’hier après sa décharge de l’hôpital.
Neeta Devi Bissessur, en détention policière depuis vendredi dernier, a été remise en liberté provisoire à la mi-journée. Elle a eu à fournir une caution de Rs 250 000 et une reconniassance de dettes de Rs 1 milion suite à sa comparution en Cour de Port-Louis
Deux autres prévenues, des agents de White Dot International Consultancy Co Ltd, soit Sheila Bhagoban et Priya Soty, pourraient retrouver la liberté provisoire alors que l’ex-policier Rambharuth a pu rentrer chez lui, mercredi, après avoir répondu aux questions des enquêteurs du Central CID. Mais il pourra être inquiété de nouveau avec les développements concernant les agents recruteurs au sein de la force policière.

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