AGALEGA: Des salaires en moins au centre d’une polémique

Des ouvriers sous contrat en poste à Agalega s’élèvent contre des salaires inférieurs à ceux prévus dans leur contrat de travail. Ils ont arrêté temporairement de travailler aussi longtemps qu’ils n’obtiennent pas leurs salaires de février et les arrérages dûs. Le directeur de l’entreprise concernée reconnaît la réduction des salaires et l’attribue à un « rythme de travail très lent ». L’Outer Islands Development Corporation, le gestionnaire de l’archipel, qui a été informé du problème, ne peut intervenir car il s’agit d’une entreprise privée. Toutefois l’OIDC a conseillé au contracteur de faire les paiements nécessaires.
« Dapre nou kontra travay nou ti bizin gagn Rs 25 000 par moi me nou pa finn gagn lamoitie e lor la nou pa ankor gagn nou lapey fevrie », s’est plaint ce matin au Mauricien Berty Sababady, une des neuf personnes employées par cette compagnie de construction. Il confirme que ses amis et lui ont mis un arrêt temporaire au travail jusqu’à ce que leur employeur leur rembourse totalement tout ce qu’il leur doit. « Nou bann famiy dan Moris pe atann sa kas-la e zot krwoir ki nou pe diverti avek sa larzan-la. Nou dir misie-la pey nou nou saler fevrie ek tou bann arieraz. Apre nou pou rekomans travay », dit Berty Sababady, le porte-parole de ce groupe de travailleurs. Celui-ci affirme qu’ils ont reçu la somme de Rs 25 000 pour le mois de janvier seulement et que leurs salaires pour les mois précédents ont varié de Rs 8 000 à Rs 13 000. « Nou kas verse direkteman labank, kapav verifie », précise Berty Sababady.
Ces travailleurs mécontents ont informé le ministre du Travail Shakeel Mohamed et le député mauve Adil Ameer Meea de ce problème de salaires réduits lors de leur visite dans l’île mercredi dernier. « Minis Mohamed inn promet nou pou get problem kouma li rant dan Moris me nou pa finn gagn okenn repons ziska ler », dit M. Sababady. Il ajoute qu’ils sont en train de frapper à toutes les portes et que c’est ainsi qu’ils ont adressé une correspondance à l’OIDC et ont contacté au téléphone lundi matin le ministère du Travail. « Enn ofisie minister travay inn dir nou ki zot pe okip nou dosier ».
Interrogé hier par Le Mauricien, le directeur de cette entreprise de construction a reconnu n’avoir pas rémunéré ces travailleurs selon la somme indiquée dans leur contrat, exception faite pour le mois de janvier où ils ont obtenu Rs 25 000. « Zot pa pe travay kouma bizin travay. Travay la pa pe avanse ditou, zot pe travay pou Rs 10 000 selman ek mo pa kapav donn zot plis », explique-t-il. Et de soutenir : « Par kont zot finn byin travay pou zanvie ek mo finn pey zot Rs 25 000. »
Le contracteur affirme que l’OIDC ne lui verse l’argent qu’au fur et à mesure du déroulement des travaux. « Si par ekzanp zot finn fer zis 10 % travay dan enn moi, kot mo pou gagn kas pou pey zot Rs 25 000 ? » poursuit le directeur de l’entreprise. Il affirme qu’à ce jour ces travailleurs auraient à peine terminé la construction d’une nouvelle maisonnette et n’auraient pas encore complété des réparations à une autre. « Dapre kontra OIDC ena trwa lakaz bizin konstwrir ek sink lakaz pou repare », indique le responsable de cette entreprise.
Mais ces travailleurs contestent le jugement de ce contracteur s’agissant de leur « lenteur au travail ». Ils rétorquent qu’ils « ont fait jusqu’ici le maximum » et que les membres de l’administration de l’OIDC sur l’île peuvent en témoigner. « Bann ofisie OIDC kapav temwanie kouma nou finn travay ziska tar sa bann dernie moi-la. Kontraker-la nepli dan zil depi debi mwa oktob… Li pa trouve ki pe pase ek difikilte ki nou finn gagne », réagit Berty Sababady. Ce dernier affirme que les travailleurs auraient téléphoné à plusieurs reprises au contracteur ces derniers mois pour qu’il vienne faire un constat du travail accompli et de ce qui reste à faire mais que celui-ci aurait évoqué des problèmes de santé pour expliquer son impossibilité de faire le déplacement.
Le contrat pour l’exécution de ces travaux dans l’île a été octroyé par l’OIDC et c’est pour cette raison que ces travailleurs qui s’estiment « lésés » se sont tournés vers cette autorité. L’OIDC dit qu’elle n’est pas indifférente à ce conflit entre cette compagnie privée et ses travailleurs mais souligne qu’elle ne peut s’ingérer dans les affaires d’une entreprise privée. « Nous pouvons tout simplement apporter quelques conseils en tant que gestionnaires de l’île pour que la situation ne se détériore pas et ne crée pas des tensions inutiles dans l’île », explique au Mauricien un des responsables de l’organisme.
Dans un souci de transparence, l’OIDC révèle avoir octroyé à cette entreprise trois contrats bien distincts depuis 2011 : 1) la construction de trois nouvelles maisons, 2) des travaux de réparations à cinq maisons et 3) la construction d’un refugee centre à l’île du sud. Le montant total de ces trois contrats s’élève à pas moins de Rs 7 millions.
Selon nos informations, l’entreprise concernée songerait à sous-traiter les travaux à une autre personne. Une situation qui risque de provoquer une situation tendue.

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