Agriculture : Le FAREI face aux défis du changement climatique

  • Abandon des champs de canne : une opportunité pour la culture de fruits et de noix
  • « La culture de fruits contribue à la séquestration du carbone dans le sol et réduit l’érosion », explique le Dr Ganeshan Seelavarn
  • Le changement climatique rend les cultures plus sensibles aux insectes et aux maladies
  • Face au changement climatique, le Food & Agricultural Research Institute (FAREI) n’a d’autre choix que de faire face à ce défi immense pour l’agriculture et, par ricochet, l’avenir du pays, car notre sécurité alimentaire en dépend.

« L’agriculture fait face à de nombreux défis, dont les effets du climat, le manque de terres, le manque de main-d’œuvre et les menaces de biosécurité », résume d’emblée le Dr Ganeshan Seelavarn, CEO du FAREI. L’institut, qui a fait du changement climatique sa priorité, concentre ses recherches dans le développement de nouvelles variétés de cultures qui seront adaptées aux températures plus élevées, et ce à travers des “breeding programmes” et l’introduction et l’évaluation de nouveaux germoplasmes (ressources génétiques vivantes utilisées notamment pour la recherche). L’organisme effectue aussi des recherches sur l’amélioration de la productivité des cultures et l’amélioration de la qualité, la lutte antiparasitaire et le développement d’emballages écologiques pour les végétaux.

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Outre le besoin de développer des cultures adaptées aux températures, qui vont continuer à augmenter dans les années à venir, le FAREI développe parallèlement des produits destinés à la santé des Mauriciens. Le Dr Seelavarn souligne que l’année dernière, l’organisme a développé une variété de haricots biofortifiés, enrichie en fer et en zinc. Par ailleurs, l’institut compte venir de l’avant dans les prochains mois avec de nouvelles variétés de pommes de terre, haricot, oignons, choux, tomates, carottes et petits pois. Plus de 200 variétés ont été introduites et testées ces dernières années et plus de 40 ont été recommandées aux planteurs, tandis que « d’autres variétés plus prometteuses sont en phase finale de sélection », poursuit le Dr Seelavarn. Parmi elles, trois nouvelles variétés d’“arouille violet”, en provenance des Fidji. Au niveau des fruits, deux nouvelles variétés de bananes plus tolérantes au “freckle disease” ont été introduites l’année dernière.

Par ailleurs, la baisse du prix du sucre, couplée à la hausse des coûts de production de cette denrée et l’abandon des champs, représente une opportunité unique pour le développement de la culture de fruits et de noix, et ce d’autant que « la demande de fruits est en hausse, avec le nombre croissant de touristes et l’évolution des habitudes des Mauriciens, qui veulent manger plus sainement », affirme le CEO de l’institut.

Insistant sur la nécessité de planter davantage d’arbres fruitiers, notre interlocuteur met l’accent sur la production de fruits, qui peut également contribuer à mitiger les problèmes environnementaux, car « elle contribue à la séquestration du carbone dans le sol et à la réduction de l’érosion du sol ». Elle peut être entreprise « sur des terres marginales, dans le cadre de pratiques organiques et dans un système agroforestier ». Et cette production « ciblera le marché du frais et de l’exportation ainsi que l’industrie agroalimentaire ».

Dans cette optique le FAREI encourage la production d’avocat, de coco, de pitaya, de fruit de la passion, de goyave, de papaye, de letchi, de longane, de mangue, de jacques et de fruit à pain, sans oublier « des espèces de fruits sous-utilisées telles que la carambole, le jambos, la figue et le corossol ». Toujours comme alternative au sucre, le FAREI étudie les perspectives et le potentiel du macadamia, du café et du cacao. L’institut a introduit le Quinoa l’année dernière, mais sa culture dans les conditions agro-climatiques locales est encore à l’étude.

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La culture hydroponique gagne du terrain

400 exploitants répertoriés

La culture hydroponique (et sous serre en général) prend de l’ampleur dans le pays. L’intérêt pour la production hydroponique et sous serre prend de l’ampleur avec une augmentation considérable du nombre de promoteurs. De six exploitants et 25 unités hydroponiques en 1999, la culture hydroponique concerne aujourd’hui plus de 400 exploitants opérant dans environ 1 000 serres, et ce sur une superficie de 30 hectares. Les principales cultures concernées par ces méthodes de production sont la tomate, le poivron, le concombre vert, la laitue, le melon et l’aubergine. La culture hydroponique permet une production de qualité. Il est estimé qu’environ 12 000 tonnes de légumes sont produites via l’hydroponie et la culture sous serre chaque année.

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Agroforesterie, drones et « vertical farming » à l’agenda

Le FAREI a du pain sur la planche pour lutter contre le changement climatique. La hausse de température impose davantage de recherches pour produire des variétés de plantes plus adaptées. Le Dr Ganeshan Seelavarn explique : « 2019 a été la deuxième année la plus chaude depuis les années 60’. Nous devons impérativement développer de nouvelles variétés de plantes qui s’adapteront à ce climat plus chaud. Nous y travaillons déjà depuis un certain temps et certains seront “released” très bientôt. » Il ajoute que la montée de 1 ou 2°C – voire plus – rendent les cultures « plus sensibles aux insectes et aux maladies, d’autant qu’avec la chaleur certains insectes se développent beaucoup plus vite ». Par ailleurs, la hausse de température a un autre effet plus pernicieux sur les plantes : « Leur cycle change », dit le Dr Seelavarn.

Pour tenter de contrecarrer ces effets, le FAREI va augmenter ses capacités sur le plan de la recherche moléculaire. Il mettra sur pied un laboratoire pour les recherches pour la culture en sol et dans l’eau, et consolidera également son laboratoire pour la recherche sur l’élevage. Le FAREI développera la “smart agriculture” et mettra sur pied un modèle d’Agroforesterie à Britannia. L’agroforesterie est un mode d’exploitation des terres agricoles associant des arbres et des cultures. Selon les spécialistes, l’association d’arbres et d’agriculture présente des avantages considérables notamment dans le domaine de la protection des sols. Par ailleurs, de nouvelles technologies seront introduites, dont le “vertical farming”. Le FAREI travaillera aussi à la culture in vitro de l’ail. Enfin, il devrait aussi avoir recours aux drones pour la recherche et l’assistance aux petits planteurs.

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